L'indice Dow Jones a perdu 17,16 points, soit 0,07%, à 26.089,61 et le S&P-500 , plus large, a cédé 4,66 points, soit 0,16%, à 2.886,98.

Le Nasdaq Composite a reculé de 40,47 points, soit 0,52%, à 7.796,66.

L'annonce en début de journée d'un net ralentissement de la croissance de la production industrielle chinoise en mai, à +5% sur un an après +5,4% en avril, a ravivé les craintes d'un impact marqué des tensions commerciales avec les Etats-Unis sur la deuxième économie mondiale.

Une perspective d'autant plus préoccupante qu'aucun nouvel élément ne laisse espérer des progrès marquants vers un compromis lors du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du G20 à la fin du mois au Japon.

L'avertissement lancé jeudi soir par Broadcom, qui a abaissé sa prévision de chiffre d'affaires annuel, a lui aussi alimenté les craintes sur la Chine, marché clé pour la plupart des fabricants de puces.

A ces préoccupations s'ajoute la peur d'une escalade militaire dans la région stratégique du détroit d'Ormuz après que les Etats-Unis ont accusé l'Iran d'être responsable d'attaques supposées contre des pétroliers en mer d'Oman, ce que réfute Téhéran.

La semaine à venir sera sans doute dominée, sur les marchés par la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale, qui pourrait débattre de sa première baisse de taux depuis 2008.

"On va être nerveux jusqu'à ce que la Fed nous donne des indications", dit Brian Battler, de Performance Trust Capital Partners. "Tout le monde parie que la Fed va baisser les taux, probablement pas en juin mais bientôt."

Mais certains investisseurs attendent surtout des signes d'avancées dans le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine.

"La clé, ce sera les progrès sur la Chine (...) Il y a peut-être d'autres gros titres mais au final, c'est ce qui fera vraiment bouger le marché. Sinon, on hésitera et on finira par reculer", estime Alan Lancz, président d'Alan B. Lancz & Associates.

Sur la semaine, le Dow a gagné 0,41%, S&P-500 0,48% et le Nasdaq 0,71%. Le S&P affiche ainsi une progression de 4,9% depuis le début du mois.

Les volumes traités sur les différentes places américaines ont représenté 5,85 milliards d'actions, contre 6,83 milliards en moyenne sur les 20 dernières séances.

VALEURS

L'avertissement de Broadcom a pesé sur l'ensemble du secteur des semi-conducteurs, dont l'indice de référence a cédé 2,61%, sa plus mauvaise performance sur une séance depuis le 20 mai.

"Nous pensons que la direction anticipe un ralentissement de la demande de smartphones (...) et une dégradation de la demande dans le stockage et le haut débit", expliquent les analystes de JPMorgan dans une note sur Broadcom.

Le S&P des hautes technologies a abandonné 0,83%.

L'action Broadcom a chuté de 5,57%, Advanced Micro Devices (AMD) a perdu 3,28%, Texas Instruments 3,48% et Intel 1,09%.

Apple, dont Broadcom est un important fournisseur, a reculé de 0,73%.

A la hausse, pour sa première séance boursière, le site de distribution de produits pour animaux Chewy a bondi de 59,05% par rapport à son prix d'introduction, sa valorisation dépassant 14 milliards de dollars au plus haut du jour.

LES INDICATEURS DU JOUR

Aux Etats-Unis, la production manufacturière a enregistré en avril sa première hausse de l'année, une augmentation de 0,4%, le double de celle anticipée par le consensus Reuters.

Les ventes au détail ont augmenté de 0,5% le mois dernier et celles d'avril ont été révisées en hausse à +0,3% contre -0,2% annoncé initialement.

Après ces chiffres, les antennes régionales de la Réserve fédérale à New York et Atlanta ont relevé leurs prévisions de croissance pour le deuxième trimestre, respectivement à 1,36% et 2,1% en rythme annualisé.

L'indice de confiance du Michigan est par ailleurs ressorti en baisse à 97,9 en première estimation contre 100,0 en mai et 98,0 attendu.

LA SÉANCE EN EUROPE

Comme Wall Street, les Bourses européennes ont été pénalisées par les craintes concernant l'impact des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine sur l'économie réelle.

À Paris, le CAC 40 a cédé 0,15% à 5.367,62 points. Le Footsie britannique a abandonné 0,31% et le Dax allemand 0,6%. L'indice EuroStoxx 50 a perdu 0,33%, le FTSEurofirst 300 0,35% et le Stoxx 600 0,4%.

Le Stoxx des hautes technologies a perdu 1,78% après l'avertissement de Broadcom.

Sur la semaine, l'indice CAC 40 a grappillé 0,07% et le Stoxx 600 a gagné 0,35%.

TAUX

En éloignant au moins provisoirement les craintes d'un ralentissement marqué de la croissance économique, les indicateurs américains du jour ont eu pour effet une remontée des rendements obligataires à court terme, et donc un aplatissement de la courbe des rendements.

"Les indicateurs renforcent le sentiment que la consommation aux Etats-Unis reste assez solide. Cela a aidé le marché à pousser un soupir de soulagement", explique Gennadiy Goldberg, stratège taux de TD Securities.

Les mouvements sont toutefois restés limités à l'approche de la réunion de la Fed, mardi et mercredi. Selon le baromètre FedWatch de CME Group, la probabilité estimée d'une baisse de taux la semaine prochaine est revenue autour de 25% contre un peu plus de 28% jeudi. Celle d'une baisse en juillet dépasse toujours 60%.

Au moment de la clôture de Wall Street, le rendement des bons du Trésor à deux ans prenait un peu plus d'un point de base à 1,8405% alors que le dix ans reculait d'un peu moins d'un point à 2,082%.

CHANGES

Les chiffres meilleurs qu'attendu des ventes au détail et de la production manufacturière ont profité au dollar, qui affichait en fin de séance une hausse de 0,58% par rapport à un panier de devises de référence.

L'euro est ainsi revenu tout près du seuil de 1,12 dollar, au plus bas depuis le 3 juin.

Sur la semaine, l'"indice dollar" gagne 1,06%, sa meilleure performance hebdomadaire depuis début février.

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont terminé en hausse au lendemain des attaques contre deux "tankers" en mer d'Oman, qui font craindre des perturbations dans l'approvisionnement mondial en brut.

Le contrat juillet sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a gagné 23 cents, soit 0,44%, à 52,51 dollars le baril.

L'échéance août sur le Brent a fini de son côté sur une hausse de 70 cents (+1,14%) à 62,01 dollars.

Sur l'ensemble de la semaine, le WTI a toutefois cédé 2,7% et le Brent 2,1%, signe que les craintes de dégradation de la demande liées aux tensions commerciales restent le facteur dominant sur le marché pétrolier.

(Avec Caroline Valetkevitch à New York et Shreyashi Sanyal à Bangalore)

par Marc Angrand