"La cherté des actions américaines ne vous parait pas à ce jour excessive. Pourquoi ?
La valorisation ne nous parait pas excessive comparativement au PE moyen historique. Actuellement le PE est de 13 fois les résultats attendus sur les 12 prochains mois. Il se situe traditionnellement aux environ de 14.
A cela il faut ajouter que nous continuons à avoir un environnement porteur pour les actions américaines. Il y a une volonté de la part des investisseurs de reprendre un peu plus de risques. La dynamique de l’économie américaine est meilleure. Il n’y a pas dans l’immédiat de menace d’inflation majeure.

Il n’y a pas donc de sens à parler de bulle sur ce marché des actions ?
Absolument pas. Certes les performances enregistrées en 2012 sont bonnes. Retraités des dividendes le SP 500 a gagné 13,41%, le Nasdaq 100 16,82% et le Dow Jones 7,26%.
Cependant les actions avaient beaucoup corrigé auparavant. La performance est donc relative.

Cette analyse vaut pour l’ensemble des compartiments de la cote ?
Ces compartiments ont évolué de manière très similaire. Les différences sont de quelques points de pourcentage, 2à 3% entre le S&P et le Nasdaq ce qui s’explique aisément par le fait que le Nasdaq se compose davantage de valeurs de croissance.

Ces valorisations vous semblent donc tenables ?
Tout à fait. Nous ne nous attendons pas nécessairement à une année mirobolante mais à une année positive.
Les anticipations de hausse de bénéfices se situent entre 8% et 10%. Si le PE reste stable, la performance enregistrée pourrait être du même ordre de grandeur pourvu qu’il n’y ait pas de déception qui entraine des révisions à la baisse des résultats.
Nous sommes relativement confiants sur la capacité de la majeure partie des entreprises américaines à atteindre voir à dépasser les estimations actuelles de résultats pour 2013. Il y a aux Etats-Unis généralement de bonnes surprises sur ce plan car les entreprises américaines sont très douées pour gérer les attentes.
Elles guident les analystes de manière très efficace, ce qui permet des évolutions en douceur quand il n’y a pas de grand retournement de l’économie ou de chocs exogènes. Elles veulent éviter qu’un enthousiasme exubérant ne se développe chez les investisseurs à la suite de recommandations à la hausse exagérées de la part des analystes.
Cela a récemment été le cas avec Apple qui s’est montrée très prudente sur ses chiffres pour 2013.

A quelle évaluation pourrait aboutir la révision à la hausse des bénéfices ?
Nous ne pensons pas que cela irait très au dessus de 10%, peut être jusqu’à 15%. Un certain nombre d’éléments inconnus doivent être pris en compte dans cette appréciation : la stabilisation continue de l’Europe, le redémarrage de la Chine, les négociations budgétaires entre républicains et démocrates concernant les coupes des dépenses publiques et le relèvement du plafond de la dette.
Ce sont autant de facteurs qui, s'ils ne sont pas au rendez-vous comme attendu, peuvent avoir des conséquences négatives sur le niveau de consommation et des investissements.
La visibilité augmentera dans les mois qui viennent.

Quelle a été le niveau de croissance des bénéfices à fin 2012 ?
Nous n’avons pas encore eu la publication de tous les résultats. A l’heure actuelle, la croissance médiane sur 2012 aura été de 7,9%. On avait commencé l’année avec une estimation de 10,9%.

Quelles sont vos thématiques d’investissement ?

Nous mettons l’accent sur les entreprises en mesure de se développer en s’appuyant sur de la croissance organique ou de la croissance externe.
Nous aimons particulièrement les sociétés exposées à la réaccélération des investissements dans les pays émergents, comme certainesvaleurs technologiques (systèmes de communication, des systèmes informatiques) certaines valeurs industrielles (equipements de transport ou d'exploitation minière.
Les valeurs liées à la consommation des pays émergents peuvent également être jouées de manière sélective.

Les valeurs exposées à la consommation des ménages américains sont également attrayantes. Nous considérons que dans le cas où les discussions autour du fiscal cliff viendraient à se dénouer positivement, la consommation pourrait repartir. Nous sommes toutefois principalement sur des sociétés pas trop sensibles à l'économie, ou fortement spécialisées (produits pour les animaux par exemple) présentant un fort potentiel de croissance suffisamment régulière pour résister en cas de déception économique.
Les sociétés qui évoluent sur des thèmes porteurs (passage au paiement sans contact, paiement par téléphonie mobile) gestion de données pour du marketing dirigé) constituent un autre thème phare dans nos investissements.

Quel est votre scénario central au sujet de la résolution de la problématique du fiscal cliff ?

Aucun des deux partis ne peut s’accrocher violemment à sa position extrême sans risquer d’aboutir à une situation de blocage qui lui serait reprochée dans le cas où elle aurait une incidence néfaste sur l’économie. Nous pensons que chacun mettra de l’eau de son vin et acceptera de faire la moitié du chemin. Des dépenses seront donc réduites, des avantages fiscaux seront maintenus.

Si nous ne sommes pas inquiets sur le sujet nous appréhendons cependant de voir la résolution définitive sans cesse reportée à plus tard ce qui pousserait les investisseurs, les consommateurs et les entreprises à freiner leurs dépenses. Nous avons pu le constater à la fin de l’année dernière. Plusieurs grandes entreprises américaines avaient mentionné le sentiment que les ventes de détail ou les ventes d’équipements industriels souffraient du manque de visibilité sur le fiscal cliff.

Le règlement du dossier pourrait conduire à une baisse de la prime de risque et à une multiplication des opérations capitalistiques. Cela pourrait-il libérer un potentiel de rebond des actions américaines encore plus important ?
Cela pourrait être le cas si la solution apportée est véritablement crédible sur le long terme (alliant de manière équilibrée soutien à l’économie et correction des déséquilibres structurels).
A présent, l’évolution des actions américaines ne dépendra pas uniquement du sentiment sur la configuration interne des Etats-Unis mais aussi de ce qui se passera au-delà des frontières américaines.

Les investisseurs doivent veiller à ne pas rater le coche...

Souvent les investisseurs tendent à revenir massivement sur le marché actions lorsque la hausse a déjà eu lieu. C’est donc souvent trop tard.

Que pensez-vous de la préférence donnée par de nombreux experts aux actions européennes comparativement aux actions américaines ?
Cela ne me parait pas injustifié. Ceci étant tout dépend de ce à quoi on attache de l’importance. Les actions américaines bénéficient d'une économie plus porteuse, mais les actions européennes sont moins chères sont davantage dans une situation de reprise alors que les entreprises américaines sont dans une phase de croissance plus stabilisée.
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