WASHINGTON (awp/afp) - Le milliardaire américain Warren Buffett s'est gardé samedi de nommer son successeur à la tête de Berkshire Hattaway mais a assuré que la holding était "préparée à 100%" à son départ et celui de son acolyte de toujours, Charlie Munger.

"Les actionnaires de Berkshire n'ont pas à s'inquiéter: votre entreprise est préparée à 100% à notre départ", a voulu rassurer le célèbre investisseur dans sa très attendue lettre annuelle aux actionnaires, publiée samedi.

La holding détient notamment des parts dans Apple ou Coca-Cola. La succession de Warren Buffet, 89 ans, et de son partenaire d'affaires, Charlie Munger, 96 ans, suscitent beaucoup d'interrogations.

En mai, lors de l'assemblée générale des actionnaires, il avait glissé que Gregory Abel et Ajit Jain, tous deux promus en janvier 2018 membres du conseil d'administration, allaient, sans doute, dans un avenir proche les rejoindre sur scène pour faire face aux questions des actionnaires. Mais depuis, plus rien.

"Charlie et moi avons des raisons très pragmatiques de nous assurer de la prospérité de Berkshire Hathaway dans les années suivant notre départ", a souligné dans sa lettre la troisième fortune mondiale.

En effet, a-t-il précisé, "les avoirs des Mungers dans Berkshire éclipsent tous les autres investissements de la famille, et j'ai 99% de ma fortune dans les actions de Berkshire".

"Je n'ai jamais vendu d'actions et ne prévois pas de la faire", a-t-il encore écrit, affirmant que son testament demande "de ne vendre aucune action Berkshire" et de, "chaque année, convertir une part de (ses) actions A en actions B et distribuer des (actions) B à différentes associations".

Le milliardaire est connu pour ses dons généreux à des organisations caritatives. Il avait lancé en 2010, avec le cofondateur de Microsoft Bill Gates, l'initiative du "Giving Pledge", ou "Promesse de donation", qui encourage les fortunés de ce monde à donner plus de la moitié de leur richesse à des organisations caritatives.

"J'estime qu'il faudra 12 à 15 ans pour que la totalité des actions Berkshire que je détiendrai au moment de mon décès" soit distribuée, a-t-il évalué.

Lubrizol

Côté financier, Warren Buffet a annoncé que le bénéfice net de Berkshire Hathaway a bondi de 1.935% en 2019, à la faveur d'une règle comptable de 2018, qui impose d'intégrer les plus-values ou moins-values non réalisées dans le calcul du résultat net.

"Comme nous l'avions indiqué dans notre lettre (aux actionnaires) l'année dernière, ni Charlie (...) ni moi ne sommes d'accord avec cette règle", a commenté celui que les marchés financiers surnomment "l'Oracle d'Omaha".

Berskshire Hathaway a ainsi vu son bénéfice net passer de 4 milliards de dollars en 2018 à 81,4 milliards en 2019. Le bénéfice d'exploitation s'élève, lui, à 24 milliards de dollars, en léger recul par rapport à l'exercice précédent (24,8 milliards).

Leur holding contrôle entre autres 18,7% d'American Express, 5,7% d'Apple, 13,1% de Moody's ou encore 9,3% de Coca-Cola.

Warren Buffet, dont la holding possède également le groupe chimique Lubrizol, est par ailleurs revenu sur le spectaculaire incendie survenu en septembre dans une de ses usines en France, à Rouen.

"Nous avons eu d'importants dommages sur le site et une rupture majeure dans l'activité de Lubrizol", a souligné Warren Buffet, précisant que ces conséquences "seront atténuées par des remboursements conséquents que les assurances verseront à Lubrizol".

Il a néanmoins ajouté que "l'un des plus importants assureurs de Lubrizol était une entreprise contrôlée par ... oh, Berkshire".

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