ArcelorMittal gagne 1,75% à 28,185 euros dans le sillage de l'acier. Le prix de la tonne d’acier plat laminé à chaud coté aux Etats-Unis affichait hier au soir un bond hebdomadaire de 12% à 920 dollars la tonne. Depuis le début de l’année, cet indicateur de référence du secteur a flambé de près de 40%. Le cours de l’acier a vivement réagi à la confirmation par la Maison Blanche de la mise en place d’une taxe de 25% sur les importations d’acier. Cette mesure protectionniste risque en effet de réduire l’offre au Etats-Unis, premier importateur net mondial d’acier.

ArcelorMittal, pourtant européen, apparaît comme l'un des principaux bénéficiaires de la décision de Donald Trump. En effet, le premier sidérurgiste mondial est très bien implanté aux Etats-Unis. Sa production locale n'est donc pas concernée par les taxe. Mieux, la hausse des cours de l'acier liée au ralentissement des importations, va lui permettre de vendre plus cher son acier aux entreprises américaines.

Dans une étude publiée début mars à l'annonce de la mesure, les analystes de Morningstar désignait ArcelorMittal parmi les principaux bénéficiaires de la poussée protectionniste du président américain, mais seulement à court terme.
Le groupe pourrait en effet rapidement déchanter. Marcel Genet, consultant spécialisé et fondateur de Laplace Conseil, expliquait en mars aux Echos que deux types de producteurs cohabitaient aux Etats-Unis : d'un côté une quarantaine d'entreprises innovantes et productives, bien gérées, qui produisent ensemble les deux tiers de l'acier américain.

Et de l'autre, trois grands groupes, ArcelorMittal, US Steel et AK Steel, qui produisent le tiers restant et dont la moitié des usines intégrées sont obsolètes selon les standards internationaux.

Selon l'expert, les leaders, par ailleurs mieux gérés, n'auront guère intérêt à relever leurs prix, même si les droits de douanes le leur permettent. Ils pourraient dès lors en profiter pour gagner des parts de marché sur le territoire américain, au détriment d'ArcelorMittal, US Steel et AK Steel.

En voulant privilégier l'économie américaine contre le reste du monde, Donald Trump a donc sans doute déstabilisé également son marché domestique. La Rust Belt n'a peut être pas fini de se serrer la ceinture.