Paris (awp/afp) - La baisse des prix de l'acier, dans un contexte économique moins porteur, a pesé sur la rentabilité du géant sidérurgique et minier ArcelorMittal au premier trimestre, mais le groupe a légèrement relevé jeudi ses prévisions de demande mondiale en 2019.

Le bénéfice net du premier trimestre a été divisé par presque trois sur un an, à 414 millions de dollars, pour un chiffre d'affaires stable sur un an à 19,2 milliards de dollars.

Ce dernier a été soutenu par la hausse des livraisons d'acier, notamment grâce à la contribution d'ArcelorMittal Italia (ex-Ilva), acquis l'an dernier et consolidé depuis début novembre.

Globalement, la hausse des expéditions d'acier a compensé le recul des prix de vente de l'acier lié au contexte économique plus difficile, sur fond de surcapacité mondiale toujours présente.

Les prix de vente moyens de l'acier ont baissé de 3,1% entre le dernier trimestre 2018 et le premier trimestre 2019, avec un recul accentué en Europe (-5,4%).

"Nos résultats du premier trimestre reflètent la conjoncture difficile à laquelle l'industrie a été confrontée ces derniers mois", a commenté le PDG d'ArcelorMittal, Lakshmi Mittal, cité dans le communiqué. "La rentabilité a été [affectée] par la baisse des prix de vente de l'acier à la suite d'une activité économique ralentie".

Le ralentissement de la demande a particulièrement concerné l'Europe, touchée par la faiblesse du marché automobile, alors que les coûts des matières premières augmentaient, provoquant un effet de ciseaux sur les prix de vente.

La baisse de la demande a été aggravée par la hausse des importations.

"Les chiffres sont frappants. Si vous regardez les produits laminés à chaud, les importations sont en hausse sur un rythme annuel de 1,5 million de tonnes, soit environ 16% de plus", a souligné le directeur des relations investisseurs Daniel Fairclough, répondant aux analystes.

"La principale source des importations supplémentaires (de cette catégorie de produits) est clairement la Turquie", a-t-il indiqué.

Le bénéfice d'exploitation du groupe a été divisé par deux sur un an, à 769 millions de dollars, et l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) a baissé de 34% à 1,65 milliard de dollars.

conditions équitables

Le chiffre d'affaires et le bénéfice d'exploitation sont supérieurs au consensus établi par Bloomberg, mais l'Ebitda est inférieur.

La publication a déçu à la Bourse: l'action ArcelorMittal a abandonné 6,09% en clôture à 16,688 euros, dans un marché en recul de 1,93%.

Dans ses perspectives pour l'année, le groupe a cependant relevé ses prévisions de croissance du marché mondial de l'acier, tablant sur une consommation apparente en hausse de 1% à 1,5% (contre +0,5% à +1% auparavant).

Cette croissance est liée à la Chine, désormais attendue en hausse.

ArcelorMittal a maintenu ses perspectives pour l'Amérique du Nord (demande en hausse de 0,5% à 1,5%), mais il les a revues à la baisse pour l'Europe avec un recul attendu de 1% (contre une progression de 1%).

Le PDG Lakshmi Mittal a attiré l'attention sur les "niveaux élevés d'importation", particulièrement en Europe "où les mesures de sauvegarde introduites par la Commission européenne n'ont pas encore été complètement effectives".

M. Mittal s'est dit "encouragé" par le raffermissement des prix en Chine, mais il a observé que "ceci ne s'était pas reflété en Europe" où le groupe a annoncé cette semaine une baisse temporaire de production dans ses activités d'aciers plats pour s'adapter à la demande.

"Il est primordial de restaurer des conditions équitables pour remédier à la concurrence déloyale", a affirmé M. Mittal.

Le groupe réclame un renforcement des mesures de sauvegarde européennes sur l'acier. Le patron d'ArcelorMittal demande "que les importations en Europe soient soumises au même coût des taxes carbone que supportent les producteurs européens".

Dans ce contexte, ArcelorMittal va se concentrer sur son plan Action 2020, un programme d'amélioration de sa performance. Le groupe va continuer à mettre l'accent sur la génération de liquidités pour améliorer son bilan financier et réduire son endettement.

Il veut revenir à une dette de 7 milliards de dollars contre 11,2 milliards à la fin mars.

afp/rp