Paris (awp/afp) - Des juges d'instruction parisiens ont notifié de nouvelles mises en examen pour d'anciens dirigeants d'Areva (devenu Orano), dont l'ex-patronne Anne Lauvergeon, dans le volet comptable de l'affaire du rachat controversé de la société minière canadienne Uramin, a appris jeudi l'AFP de sources concordantes.

La société Uramin avait été acquise par Areva pour 1,8 milliard d'euros en 2007 mais l'exploitation plus difficile que prévu de ses mines a fait tourner l'opération au fiasco et contraint le groupe nucléaire français à passer de lourdes provisions en 2011, après le départ de Mme Lauvergeon.

Ce rachat controversé est au coeur de deux enquêtes: l'une porte sur des soupçons d'escroquerie et de corruption lors de l'acquisition de la compagnie minière; l'autre sur les provisions inscrites par Areva, les magistrats soupçonnant des responsables du groupe d'avoir présenté des comptes inexacts pour masquer l'effondrement de la valeur d'Uramin.

Dans ce second volet, les juges avaient déjà mis en examen Mme Lauvergeon en 2016 pour "présentation et publication de comptes inexacts" et "diffusion d'informations trompeuses".

Un an plus tard, les magistrats bouclaient leurs investigations, mais un conflit subsistait entre eux et le parquet national financier (PNF), qui réclamait d'autres mises en examen. Face au refus des juges, le parquet avait saisi la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris.

En octobre dernier, celle-ci a finalement suivi le PNF en donnant "injonction" aux juges d'instruction de reconvoquer les protagonistes, selon des sources proches du dossier. Les magistrats ont donc commencé depuis avril à réentendre les acteurs du dossier, notamment Anne Lauvergeon qui a vu en juin sa mise en examen aggravée pour "entrave" aux missions de commissaires aux comptes. Le parquet estimait que d'anciens responsables avaient caché des informations à ces experts chargés de certifier les comptes du groupe, ce que l'ex-PDG conteste.

Sébastien de Montessus, l'ancien patron de la division "mines" du groupe, qui bénéficiait jusqu'alors du statut de témoin assisté, a été mis en examen pour "entrave", "complicité de présentation de comptes inexacts et de diffusion d'informations trompeuses", tout comme Nicolas Nouveau, ex-directeur financier de cette filiale.

L'ancien n°2 du groupe, Gérard Arbola, et Thierry Noircler, l'ancien responsable de l'audit du fleuron nucléaire, ont également été mis en examen pour "entrave".

M. Arbola était déjà mis en examen dans ce volet pour "présentation et publication de comptes inexacts" et Alain-Pierre Raynaud, l'ex-directeur financier d'Areva pour "complicité". Ce dernier doit convoqué prochainement en vue d'une mise en examen pour "entrave".

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