Paris (awp/afp) - Même si la priorité est de "gérer la crise" causée par le coronavirus, le groupe de chimie français Arkema regarde déjà l'horizon 2024, où il entend être "un pur acteur des matériaux de spécialités", avec 10-11 milliards d'euros de ventes et une rentabilité opérationnelle renforcée.

"La priorité aujourd'hui est de gérer la crise" liée à l'épidémie de Covid-19, a souligné jeudi le PDG d'Arkema, Thierry Le Hénaff, en présentant la stratégie du groupe à cinq ans.

Pour l'heure, Arkema prévoit un impact négatif de 40 à 50 millions d'euros sur son excédent brut d'exploitation (Ebitda) au premier trimestre.

L'impact sera également là au deuxième trimestre, lié à l'automobile et à la construction, a ajouté le PDG, lors d'une conférence téléphonique avec la presse, sans avancer de prévisions pour l'ensemble de l'année 2020.

Le groupe, qui va "réduire activement ses investissements et ses coûts fixes" pour préserver sa trésorerie, s'est dit "confiant pour traverser cette période difficile pour l'économie mondiale".

Les unités tournent globalement à près de 70% en France, a notamment précisé le PDG.

La stratégie à moyen terme, d'ici 2024, est fondée sur le renforcement du portefeuille de matériaux de spécialité, qui représentait en 2019 près de 80% du chiffre d'affaires. Objectif: atteindre les 100%.

Une ambition affichée dès la création d'Arkema en 2006, a rappelé le PDG. Quinze ans plus tard, "nous considérons que nous avons atteint le niveau de maturité pour engager cette nouvelle étape".

Enjeu de la transformation prévue d'Arkema, les activités de matériaux de spécialités sont divisées en trois segments: les adhésifs, les "matériaux avancés" et les produits de revêtements ("coating solutions").

Ces trois plates-formes doivent contribuer à la croissance attendue du chiffre d'affaires du groupe (de 8,7 milliards d'euros en 2019 à 10-11 milliards en 2024) pour moitié par croissance organique et le reste par acquisitions.

Cessions envisagées

La croissance, portée par des innovations, sera notamment liée à des tendances de fond comme la mobilité électrique, l'allègement des matériaux, l'urbanisation ou les nouvelles technologies comme l'impression 3D.

Le groupe va poursuivre le renforcement de ses capacités de production, avec notamment une nouvelle usine de polyamide biosourcé PA11 en construction à Singapour, qui devrait ouvrir début 2022.

La rentabilité de ces produits devrait ainsi progresser, estime Arkema, avec une marge d'Ebitda qui en 2024 atteindrait 16% pour les adhésifs et les produits de revêtement, et 22% pour les matériaux avancés.

Au final, en 2024, Arkema espère une marge d'Ebitda de 17%, contre 15,8% en 2019 pour ces matériaux de spécialités.

Parallèlement, Arkema va faire le ménage dans ses activités de chimie "intermédiaire" - son quatrième segment d'activité aujourd'hui.

Les résines MMA/PMMA (le "verre acrylique") vont faire l'objet d'une revue d'options, incluant une cession, a annoncé le groupe. Ces résines, très rentables, n'entrent plus dans la stratégie du groupe, a souligné M. Le Hénaff.

Autre secteur sous revue: certains gaz fluorés employés dans la réfrigération ou le conditionnement d'air, qui ne correspondent pas aux objectifs environnementaux d'Arkema. Des partenaires vont notamment être recherchés.

En pleine épidémie de Covid-19, les cessions ou acquisitions ne sont pas d'actualité. Mais "quand cette crise sera derrière nous (...) on va reprendre les sujets de cessions", a dit M. Le Hénaff, en précisant que la France serait "très peu touchée".

Le groupe compte un site de fabrication de PMMA à Saint-Avold (Moselle).

"Les objectifs 2024 exposés (...) constituent notre meilleure estimation à ce stade. Leur réalisation dépendra de la durée et des impacts économiques de long terme de la crise du Covid-19", a prévenu Arkema.

afp/rp