Boursica.com : Pouvez-vous nous rappeler la genèse d'Artprice ?
Thierry Ehrmann :
C'est tout d'abord un immense travail collectif
d'historiens d'art incroyable. Nous avons racheté
en 14 ans presque l'intégralité des fonds éditoriaux en
Europe et aux USA puis désormais en Asie, cela couvre aussi
bien des sociétés d'éditions, des fonds éditoriaux
d'art dans le monde entier que des éléments
d'actifs pour plus de 30 millions d'euros.
Il faut savoir qu'à travers Groupe Serveur dont je suis le Fondateur, (maison mère d'Artprice, qui est le spécialiste des banques de données juridiques, judiciaires et scientifiques), nous sommes sur Internet depuis 1985 et nous avons donc pu préparer et identifier nos cibles clés lors de notre arrivée dans les années 90 sur le marché de l'art.
Boursica.com : Quelles étaient ces cibles ?
Thierry Ehrmann :
Ces cibles étaient des sociétés mythiques comme par exemple
le Guide Enrique Mayer (1962/1987), le célèbre Dictionnaire
des ventes d'art 1700-1900 du Docteur H. Mireur, le
leader américain Sound View Press avec près de 50 bases de
données sur les USA (1991), les Editions Franck Van Wilder
(1970) la Sté Suisse Xylogic (spécialiste mondial des
indices du marché de l'Art) (1985), la banque de
données Bayer sur le marché de l'art anglo-saxon de
1700 de 1913, Monogrammes et Signatures de Caplan (USA),
ouvrage de référence mondial (1976), L'Argus du Livre
de Collection et des manuscrits (France), l'ouvrage de
référence mondiale (1982) ; et la liste est encore très
longue...
Il y a aussi une politique d'achat systématique depuis 14 ans, des manuscrits et catalogues principalement de 1700 à 1970 en provenance du monde entier. On ne pouvait pas faire autrement que d'acheter ce savoir historique, sinon, on ne pouvait pas normaliser le marché de l'art avec certitude ni connaître la parfaite traçabilité des œuvres et de leur bonne attribution à la biographie de l'artiste.
On a largement passé le cap du million d'heures de travail d'historiens, de chercheurs et de journalistes en marché de l'art qui ont documenté et écrit sur toutes les œuvres issues de ces manuscrits et catalogues, notamment du 17e siècle à nos jours. C'est pour cela que nous avons la plus grande banque de données d'informations sur le marché au monde qui permet de tracer les œuvres d'art au fil des siècles avec 108 millions d'images ou gravures d'œuvres d'Art de 1700 à nos jours commentées par nos historiens d'art.
Ce n'est pas pour rien que Artprice enrichit en temps réel ses banques de données en provenance de près de 4500 Maisons de ventes et publie en continu les tendances du Marché de l'Art pour les principales agences et 6300 titres de presse dans le monde. On est chaque jour présent, sans payer un centime dans toute la presse mondiale avec notre copyright et notre adresse Internet. Que demander de plus en matière de notoriété et de communication ?
Boursica.com : Pouvez vous finir la genèse d'Artprice?
Thierry Ehrmann :
Pour revenir à la genèse, on est remonté aux prémisses du
marché de l'art qui est né pratiquement vers 1700, ce
n'est qu'à partir de cette période, que
l'artiste s'affranchit réellement des commandes des
Princes de l'Eglise puis des Princes de Sang, pour
enfin produire face à la demande. C'est à ce moment là
que nous pouvons considérer la naissance du marché de
l'art au sens économique du terme.
Depuis 14 ans, on a des experts et marchands qui travaillent pour nous dans le monde entier et dès qu'ils ont des manuscrits, ils nous préviennent et on achète les manuscrits et catalogues. On en a tellement racheté qu'on a peu à peu instauré un assèchement, au début nous les achetions très cher puis progressivement la technique du ciseau a fonctionné et les derniers sont achetés chaque année à des prix très raisonnables... Ce fonds est unique au monde et nous l'ouvrons avec autorisation préalable de notre part à des chercheurs du monde entier.
Boursica.com : Quel est donc votre valeur ajoutée sur ces fonds documentaire ?
Thierry Ehrmann :
Notre travail dans les banques de données d'Artprice
est avant tout un travail de mineur de fond, il faut chaque
jour descendre à la mine, et ce depuis 15 ans, on est monté
dans les années 2000 à plus d'une centaine de salariés
alors que nous sommes désormais 45 car tout le travail est
désormais en banques de données. Le nombre de salariées a
été divisé par trois et le nombre de serveurs a été
multiplié par près de 30 au cours de cette dernière
décennie. Pour normaliser le marché de l'art, il a
fallu passer par l'inventaire absolu des œuvres
d'art et la biographie de centaines de milliers
d'artistes du IV siècle avant J.C. à nos jours, avec
parfois des centaines d'homonymes auxquels il faut
attribuer à chacun ses bonnes œuvres.
Boursica.com : Comment produisez vous vos indices de référence sachant qu'un tableau est par nature unique ?
Thierry Ehrmann :
Par exemple une œuvre qui est repérée en 1850, on la voit
passer de maison de ventes en maison de ventes aux travers
des décennies, et on est donc bien certain qu'il
s'agit de la même œuvre. On en connaît donc la cote et
le rendement année par année et c'est pour cela
qu'on est la seule société au monde à pouvoir avoir une
méthode économétrique irréprochable sur l'ensemble des
œuvres, En économétrie on appelle cela : la méthode des
"ventes répétées". Car nous travaillons sur un
marché homogène. Les autres font des moyennes
arithmétiques, usent de la méthode des comparables, mais
cela induit des erreurs car leurs études porte sur un
marché de type hétérogène.
Boursica.com : Comment avez vous pu contourner ce problème en si peu de temps ?
Thierry Ehrmann :
C'est pour cela que nous avons racheté une petite
fortune en 2000 la célèbre société Suisse Xylogic, faite de
scientifiques qui avaient élaboré tous les algorithmes et
indices du marché de l'art depuis 1985. On est les
seuls à avoir 10 ans après ces bases de données
gigantesques (plus de 700 téraoctet) dans nos propres
salles informatiques avec près de 900 serveurs en opérant
sur nos propres fibres optiques dont nous sommes
propriétaires. Nous ne dépendons d'aucune SSII, ce qui
explique l'extrême rapidité de nos développements,
notre R et D et la faiblesse de nos charges informatiques.
Ce qui est très important pour Artprice c'est que nous nous avons réussi à constituer la plus grande collection de manuscrits et catalogues anciens annotés au monde. Ce fonds documentaire colossal est d'ailleurs passé en compte de charges dans le cadre du principe de précaution, ce qui est une très bonne nouvelle pour nos actionnaires qui ont un bilan qui ne révèle pas ces actifs qui sont bien évidemment très importants.
Tous les jours on enrichit nos banques de données avec de nouvelles données qui viennent du monde entier. On a acheté des bases de données anglo-saxonnes, chinoises, hollandaises sans lesquelles on ne pourrait pas travailler, même si on mettait les meilleurs historiens d'art sur le développement, ils ne pourraient pas obtenir le même résultat. Par exemple, pour un peintre hollandais qui s'appelle Dick Van, un patronyme très répandu en Hollande, il est impossible sans nos bases de données d'être certain qu'on parle du même peintre et de ses oeuvres.
Boursica.com : Les gens disent: Pourquoi tout le monde va sur Artprice que répondez-vous ?
Thierry Ehrmann :
Tout simplement parce que nous n'avons pas de
concurrent réel, car nous sommes les seuls à gérer plus
d'un million de biographies avec aussi des artistes qui
ne sont pas encore cotés et 108 millions d'images ou
gravures d'œuvres d'Art. Même la personne qui
n'a pas d'atomes crochus avec Artprice est obligée
de passer par nous pour un artiste qui n'est pas encore
très connu, voir totalement inconnu. Il en est de même pour
une œuvre rare à authentifier.
Les gens ne voient que le haut d'Artprice, mais Artprice c'est avant toute chose un énorme travail en amont, je me demande même comment on a eu cette force ! La passion je pense est la seule explication rationnelle après toutes ces décennies...
Boursica.com : L'argent levé en bourse ainsi que les fonds du groupe Serveur et du groupe Bernard Arnault sont à l'origine de la réussite des acquisitions d'Artprice ?
Thierry Ehrmann :
Oui, mais qu'en partie car il faut savoir que le carnet
de chèques ne suffisait pas pour acquérir tous ces fonds,
ce sont des Historiens ou Auteurs célèbres avec un
caractère terrible qui avaient reçu parfois des offres
mirobolantes mais l'aspect financier était très
secondaire pour ces personnalités. Il a fallu les
convaincre avec notre projet, comme par exemple Frank Van
Wilder ou Peter Hastings Falk.
Ces bases de données sont la richesse d'Artprice et par principe de précaution, nos bilans là aussi ne reflètent pas la valeur réelle de nos actifs qui sont très importants. C'est aussi la richesse pour nos actionnaires pour les années à venir. Les normes IRFRS ne permettent pas de donner la vraie valeur de notre société d'où la cotation en bourse qui comme par hasard est beaucoup plus proche de la vérité, le Marché se trompe très rarement sur plus de 10 ans de cotation en continue comme sur Artprice.
Boursica.com : Comment faites-vous avec le droit de reproduction des œuvres en ligne ?
Thierry Ehrmann :
Le droit de reproduction des œuvres est assuré par notre
contrat spécifique conclu avec l'ADAGP, société la plus
représentative au monde, qui perçoit et répartit les droits
d'auteurs dans plus de 43 pays. Cet accord très
précurseur (2007) dans l'économie numérique est
régulièrement pris en exemple par les différents Ministères
de la Culture en Europe et notamment en France. Là aussi
Artprice a pris une très nette avance sur d'éventuels
outsiders.
Boursica.com : Est-il possible de faire un autre "Artprice" ?
Thierry Ehrmann :
Non, absolument pas. Tout est protégé au titre de la
propriété intellectuelle. J'ai en autres une formation
de juriste en propriété littéraire et artistique, et dans
les années 1990 j'ai d'ailleurs été à l'origine
d'un lobby pour la protection des banques de données en
Europe qui est ensuite devenu le droit "Sui
Generis". Ce droit en Europe est l'équivalent de
ce qu'on appelle aux USA les brevets logiciels.
Pour être simple, toute personne même doté de fonds de plusieurs centaines de millions d'euros se verrait interdire de construire des banques de données ou la Place de Marché Normalisée d'Artprice, avec à la clé une condamnation pour contrefaçon avec une amende proportionnelle aux investissements, avec de surcroît l'interdiction d'exploiter ses banques de données.
Il faudrait donc un éventuel concurrent qui soit, non seulement muni de fonds très importants mais qui puisse aussi réinventer une ergonomie et une arborescence totalement différente de celles d'Artprice. Par analogie et en simplifiant à l'extrême l'exemple, on pourrait dire qu'on a protégé le fait qu'une voiture ait des roues rondes, il faudrait alors que l'adversaire puisse imaginer que le véhicule soit sur des rails ou avec une crémaillère, ce qui représente donc une barrière d'entrée extrêmement dure à franchir.
Boursica.com : Comment êtes-vous certain d'avoir les enchères ?
Thierry Ehrmann :
Plus de 80 % des Maisons de Ventes dans le monde font leurs
catalogues à partir de nos données, en temps réel ils ont
la bio de l'artiste la traçabilité de l'œuvre et
les cotes et indices de l'artiste pour estimer la mise
à prix. Entre 2001 et 2003 on a passé 2 ans à téléphoner et
visiter les 3600 Maisons de Ventes et les 7400 experts,
cette étude de marketing et d'ingénierie nous a coûté
très cher en déplacement dans le monde et en charges
salariales. L'univers des Maisons de Ventes étaient
orphelins des banques de données, les Commissaires Priseurs
avaient au mieux des fichiers word ou excel. Parmi les plus
grandes Maisons de Ventes, encore actuellement, certaines
n'ont toujours pas de fichiers informatisés sous banque
de données.
Boursica.com : Comment est ce possible d'avoir un tel retard en informatique et sur Internet en 2011 ?
Thierry Ehrmann :
C'est tout simplement dément, ceci dit, une vielle
règle informatique nous dit que plus une profession ou
corps social est doté d'un pouvoir et d'un savoir
élevé, plus elle méprise ou ignore l'informatique
jusqu'au jour où elle est obligée de se plier aux
exigences de ses clients, et là Artprice arrive au bon
moment. D'où nos clients professionnels qui sont très
captifs et récurrents au cours des années. Là aussi
c'est un gage de sérieux donné à nos actionnaires.
D'où notre intranet par lequel la maison de vente peut produire très vite son catalogue papier et sur Internet, et en même temps diffuser sur la place de marché normalisée d'Artprice ses ventes futures en un simple clic et pousser par exemple, une vente contemporaine incluant 63 artistes en sélectionnant en mode électronique parmi nos 1,3 millions clients uniquement ceux qui suivent et recherchent ces 63 artistes (voir même certaine période propre à l'artiste). C'est la « killer application » dont rêvaient toutes les Maisons de Ventes petites ou grandes qui dépensent des fortunes en publicité et en marketing. Pour une vente dite "de prestige" le poste de publicité et marketing peut peser chez la maison de Ventes à hauteur de 70% à 80% alors que ce poste avec Artprice ne leur coûte que 4,5%.
Boursica.com : Pourquoi avoir choisi la Demeure du Chaos comme siège sociale d'Artprice, provocation ou stratégie ?
Thierry Ehrmann :
Ni l'un ni l'autre, l'univers de La Demeure du
Chaos est indissociable de histoire d'Artprice et du
Groupe Serveur, pionnier historique d'Internet depuis
1987 dont les sièges sociaux sont au cœur de la Demeure du
Chaos. La Demeure du Chaos / Abode of Chaos dixit le
"New York Times," est née en 1999 de mon acte
conceptuel, qui se nourrit du Chaos alchimique de notre 21e
siècle, tragique et somptueux, dont les braises naissent le
11 Septembre 2001. Elle a presque le même âge
qu'Artprice à 3 ans près.
Elle est devenue aujourd'hui, avec plus de 1890 reportages de presse écrite et audiovisuelle de 72 pays, en 12 ans, une "Factory" et un Musée incontournable et unique dans le monde, selon la presse artistique internationale. C'est un musée à ciel ouvert et gratuit, présentant plus de 3627 œuvres, où convergent chaque année désormais 120 000 visiteurs. Chaque fois que la presse artistique mondiale parle de la Demeure du Chaos, Artprice est naturellement citée.
Comment peut-on bâtir ex-nihilo Artprice, société quasi-mythique qui source 90% de la presse mondiale sur l'information du marché de l'art, sans être soi-même, dans sa chair et son âme, un plasticien passionné d'histoire de l'art, vous n'imaginez pas le nombre de visiteurs de mon Musée désormais numéro deux à Lyon en nombre d'entrées, qui sont aussi clients ou actionnaires d'Artprice. Chaque année nous faisons notre assemblée générale à la Demeure du Chaos et nous avons que des encouragements depuis 10 ans.
Côté client et notamment avec les galeries d'art dans le monde, ils sont très sensibles de travailler avec Artprice dont le fondateur est inscrit depuis plus de 25 ans dans les société de droit d'auteur en tant que sculpteur plasticien, regardez ma bio sur le Who's Who et vous comprendrez, il y a une grande partie de mes expositions dans le monde. Il faut savoir que le milieu de l'art est très épidermique et que Artprice, pour certains puristes, était dans les années 90, un groupe qui n'avait pas la sensibilité de leur monde de par nos indices, cotes et statistiques avec en plus, le fait d'être en Bourse. Avec la Demeure du Chaos ces puristes sont devenus nos plus fidèles clients. Voilà la vraie réponse à votre question !
Boursica.com : Combien peut-on valoriser Artprice ?
Thierry Ehrmann :
Depuis près de 120 ans selon la méthode des comparables, la
valeur d'une Maison de Ventes dans le monde c'est
80 % le fichier client, entre 800 et 4000 dollars par
client et 20 % pour la marque de la Maison de Ventes si
cette dernière est notoirement connue. Pour bien comprendre
la différence entre un poste client estimé à 800 dollars et
l'autre à 4000 dollars, c'est à partir des strates
d'informations détenues sur le client final que
l'on calcule le prix.
Boursica.com : Pouvez vous être plus clair avec un exemple précis ?
Thierry Ehrmann :
Prenons par exemple une vente du sculpteur Arman
(1928/2005). On pourrait définir un degré un (800 dollars)
avec la Maison de Ventes qui vous dit : j'ai 4500
clients qui achètent les nouveaux réalistes comme Yves
Klein, César, Arman ou Nikki de Saint-Phalle etc.... Le
degré 2 serait que la Maison de Ventes vous précise
qu'elle a aussi les clients qui n'achètent que les
sculptures d'Arman sachant qu'il est aussi peintre
et photographe. Mais le nec plus ultra que seul Artprice
peut proposer à ce jour, c'est le degré 3 où l'on
peut proposer les 4500 clients dans le monde qui
recherchent les sculptures d'Arman sur le thème très
précis des « poubelles organiques". Dans ce cadre-là,
détenir cette information finale constitue pour les Maisons
de Ventes ou les marchands le Saint Graal absolu. Car ils
seront certains que les enchères atteindront des maximums.
On peut donc construire le raisonnement que le degré 3 est
la valorisation en fourchette haute à environ 4000 dollars
le client.
C'est la plus vieille méthode pour valoriser une Maison de Ventes. La grande valeur d'Artprice c'est de pouvoir trouver pour une vente les collectionneurs dans le monde qui par leur présence vont permettre de doubler ou tripler le prix de vente de l'œuvre. Dans une vente cataloguée sur un artiste connu, des nouveaux collectionneurs de l'autre bout de la planète peuvent faire doubler la vente et sur ce sujet-là, Artprice est le seul à détenir ces fameux collectionneurs sur 210 pays.
Nous pouvons affirmer sans difficulté qu'on a actuellement sur Artprice 100 % des acteurs qui comptent dans le marché de l'art, les grands marchands, les grands collectionneurs, l'intégralité des Maisons de Ventes et les Experts, le noyau dur, celui qui fait et défait les prix qu'on nomme les market-makers. Ils sont systématiquement clients d'Artprice.
Boursica.com : Même vos détracteurs sont sur Artprice ?
Thierry Ehrmann :
Même nos pires détracteurs se servent de nos données. On a
1 300 000 clients, on peut considérer que la valorisation
se fait en fonction des niveaux de recherche des clients.
Plus on a des clients qui recherchent quelque chose de très
précis, plus la valorisation est importante pour ces
clients. Nous sommes certains de proposer les recherches
les plus fines. Plus la recherche est fine et plus le
client est à même de faire monter les prix aux enchères et
donc ce client est d'autant plus intéressant pour une
Maison de Ventes.
Nous avons un fichier client extrêmement complet avec plus de 18 milliards de logs, en respect avec la CNIL, les autorités européennes et américaines, ce qui nous permet de savoir exactement ce que recherche ou possède nos clients. Je pense avec le recul, que c'est à ce jour avec sagesse, la meilleure méthode pour valoriser une Maison de Ventes parce qu'elle date de 120 ans et qu'elle est toujours d'actualité et éprouvée des milliers de fois de par le monde.
Boursica.com : Quelles commissions aurez-vous sur les transactions ?
Thierry Ehrmann :
Nous sommes très compétitifs car l'intermédiation se
situe à 37.5 % selon le Conseil des ventes volontaires qui
est l'AMF du marché de l'art alors que nous serons
entre 4,5 % et 7 %. On sera meilleur qu'une banque pour
une galerie ! Nous proposerons 4,5% pour la transaction
avec en plus entre 3% et 4,5 % sur la location du fichier
clients dont on vient de parler, ce qui permettra aux
Maisons de Ventes de mieux cibler les acheteurs potentiels,
car nous mettrons en relation avec la Maison de Ventes les
personnes qui recherchent Arman mais mieux encore leur
proposer la période "poubelles organiques
d'Arman" par exemple. De même les commissions
seront de 4,5 % sur les ventes de gré à gré.
Boursica.com : Est-ce qu'Artprice est opéable ?
Thierry Ehrmann :
Une OPA sauvage est impossible du fait de l'auto
contrôle de Groupe Serveur sur le capital d'Artprice,
par contre une OPA amicale pourquoi pas si elle a une
logique industrielle, notamment avec une maison de ventes
cotée en Bourse, on peut réfléchir.
Pour mieux comprendre Artprice il faut consulter son document de référence ou rapport annuel, ce sont des vraies mines d'or en terme d'informations sensibles et très pointues.
Boursica.com : Artprice a-t-elle une concurrence ?
Thierry Ehrmann :
Non, c'est clairement dit dans le rapport, car tout est
protégé au titre de la propriété intellectuelle. On a
simplement dans un périmètre différent que la société
Artnet qui fait en volumes en un an de Bourse ce que nous
faisons en une semaine. Artnet ne fait pas le même métier
que nous, n'est coté que sur un marché non réglementé
et ses comptes ne sont pas audités. Il est pour nous un
hébergeur de luxe qui ne possède pas son outil de
production. De plus il n'a pas toujours respecté le
droit de reproduction dans un certain nombre de pays. De
surcroît il s'est fait prendre sa marque Artnet par
manque de vigilance par plus de 18 déposants de 21 pays et
non des moindres... Enfin ses tarifs sont exorbitants avec
des requêtes limités par mois ce qui était le propre de
l'économie de l'Internet du début des années 90.
Nous considérons que pour être leader mondial il faut
pratiquer une politique tarifaire extrêmement agressive
comme Dell qui est pour moi un modèle et qui a laminé
l'univers du PC et du Serveur.
Boursica.com : Artprice est-elle en abus de position dominante ?
Thierry Ehrmann :
Non ! Votre question porte elle même la réponse, ce qui est
puni par les autorités de la concurrence c'est
l'abus et non la position dominante, nous n'avons
fait aucun refus de vente, nos prix reflètent la réalité de
nos coûts et investissements et nous avons aucune politique
de vente sélective mais surtout nous sommes les auteurs
originaux de l'ensemble des produits et services
d'Artprice, donc une démarche novatrice et innovante.
Certains on tenté cette approche avec nous et ils ont été
systématiquement débouté.
Pour prendre le marché loyalement mais avec férocité il faut des prix tellement bas qu'une hypothétique concurrence se mettrait tout de suite en perte faute d'avoir comme nous déjà payé tous les investissement sur 14 ans.
J'en veux pour preuve qu'au cours de la période 2000/2010 aucun concurrent n'est apparu, par contre on ne compte plus le nombre de faillites de sites sur l'art qui ferment faute de fréquentation et donc de chiffre d'affaires. Chaque semaine on a environ une dizaine de demandes de rachats de marques, de sites ou de DNS mais cela représente aucun intérêt pour nous, à l'exception de micro base de donnée très pointue sur des pays émergents.
Boursica.com : Vous avez été tenté d'acheter Artnet ?
Thierry Ehrmann :
Nous avons été sollicités à trois reprises pour racheter
Artnet, mais nous ne trouvons aucun intérêt, au risque de
se prendre une multitude de procédures. Quant à la marque,
vu qu'elle n'est pas déposée de manière mondiale on
serait immédiatement pris dans des conflits de propriété
intellectuelle avec les autres propriétaires d'Artnet
qui sont dans leurs droits.
Boursica.com : Il semble que d'autres DNS accèdent aux banques de données d'Artprice...
Thierry Ehrmann :
Oui, bien entendu, comme par exemple Artmarket.com. Nous
avons 1800 DNS qui sont des génériques autour du marché de
l'Art en 9 langues. Si vous tapez Artmarket sur Google,
vous avez Artprice numéro 1 en ranking grâce au DNS
Artmarket.com. Nous avons déposé toute la sémantique dans
le début des années 90 qui permet d'aborder le marché
de l'art.
Certains aujourd'hui valent de l'or car ce sont des génériques à l'état pur comme Artmarket, mais nous refusons de les vendre.
Boursica.com : Avez-vous de nouveaux clients ?
Thierry Ehrmann :
Oui, tous les jours et nous nous rendons compte que
l'âge moyen de notre clientèle augmente car nous avons
des personnes qui découvrent l'Internet à tel point que
nous devons les aider dans leur navigation sur le site, et
sur Internet en général. Nous avons une politique
d'aller chercher de nouveaux clients, où que ce soit,
et les accompagner sur Artprice. Cette clientèle
s'appelle en autres les « silver surfers » définis par
les géants du marketing comme les surfeurs aux tempes
d'argent autrement dit les Seniors (plus de 55 ans). De
même on voit de plus en plus de jeunes collectionneurs avec
une moyenne d'age de 30/35 ans d'où le succès
phénoménal de l'abonnement Artprice Smartphone. Le
Marché de l'Art est effectivement passé dans le monde
de 500 000 collectionneurs de l'après-guerre à
désormais près de 300 millions d'amateurs,
collectionneurs et professionnels dont le terrain de chasse
de prédilection est désormais l'Internet avec la
dématérialisation, notamment par la Place de Marché
Normalisée. Il est certain que le continent asiatique a
fait exploser le Marché de l'Art en nombre
d'acteurs.
Boursica.com : Quelle est la santé financière d'Artprice ?
Thierry Ehrmann :
Contrairement à une grande majorité de sociétés cotées,
nous n'avons pas un centime de dette. Pas de découvert
bancaire, pas d'emprunts court, moyen et long terme, ni
d'instruments financiers à rembourser comme les BSA et
autres produits dérivés... Ce qui étonne bien souvent
l'AMF !! Avec de plus, une bonne trésorerie et un BFR
négatif.
Il faut préciser que je suis viscéralement hostile aux augmentations de capital qui non seulement dilue l'actionnaire mais surtout, et on l'oublie souvent, interdit à la société cotée de voir son cours monter très rapidement. J'en veux pour preuve qu'Artprice a environ 4 millions de titres en circulation. Si nous étions comme la plupart des sociétés de l'Eurolist réglementée nous serions plutôt entre 20 et 40 millions de titres en circulation et nous aurions pris que 2 ou 3 euros en 2 mois alors que nous avons pris 22 euros pour un volume traité en 45 séances de bourse d'environ 250 millions d'euros.
Boursica.com : Avec les volumes constatés, pourquoi n'y a-t-il pas eu de franchissement de seuil déclaré ?
Thierry Ehrmann :
D'après notre dernière enquête TPI et des estimations
nous sommes passés de 18 000 actionnaires à une estimation
possible de 27 000 actionnaires environ. En 2010 nous
avions 81 % de nos clients actionnaires d'Artprice.
C'est le gage de la sécurité car ils connaissent
presque tout d'Artprice, parfois ce sont eux qui nous
identifient des cibles à acheter ou nous donnent des idées
d'amélioration de nos banques de données.
Boursica.com : Qu'en est-il des fonds chinois ?
Thierry Ehrmann :
La notion de franchissement de seuil chez eux n'est pas
une notion qu'ils comprennent et rentrent par de
multiples comptes, ce qui leur permet de rester en dessous.
On a donné des call conférence aux gérants de fonds dont
les 2/3 sont de Hong Kong. Je n'avais jamais vu cela
avant et il est certain qu'ils n'achètent pas pour
des clients français.
Boursica.com : Dans combien de temps pensez-vous que le parcours législatif sera terminé pour la Loi de libération des ventes aux enchères ?
Thierry Ehrmann :
C'est une question de semaines tout au plus. Il faut
préciser que la France en moins de 45 ans est passée du 1er
rang au 4 rang mondial avec la Chine sur le haut du podium
en n° 1 puis les USA en n° 2 et la Grande Bretagne en n°3.
De plus, le scandale Drouot pèse énormément, chaque semaine on a les suites de l'affaire, les mises en examen ne font que commencer. Je vous invite à lire l'ouvrage "Adjugé Volé" de Michel Deléan à ce sujet. Il y a déjà 39 mises en examen. Le gouvernement semble décidé à aller jusqu'au bout, sachant que Drouot c'est 45 % du marché de l'art français. On a exaspéré les européens sur l'adaptation de cette directive en droit interne et les pressions sont énormes sur la France. C'est une affaire d'état, avec un risque d'amendes colossales par la CEJ, la Cour Européenne de Justice. D'ailleurs l'Autorité française du marché de l'art le CVV ONT estimé qu'il serait suicidaire pour la France une réforme a minima et qu'après les injonctions de Bruxelles, la saisine de la CEJ est très proche.
On a été les premiers à rédiger le code de loi, le Code des Ventes Volontaires et Judiciaires en 2000 qui est devenu la référence chez les Commissaires Priseurs français. C'est le seul ouvrage (1800 pages) qui indique la première réforme de 2000 et son inapplication. Cette réforme de 2000 a été une gigantesque mise en scène car les Commissaires Priseurs sont restés avec leur monopole de 1535 avec l'obligation entre autres de demander une autorisation pour chaque vente.
Où celle-ci était donnée quelques jours voire quelques heures avant la vente. C'était donc un véritable obstacle à la libre circulation des produits et services en Europe notamment pour les enchères d'œuvres d'art sur Internet.
On a tous les facteurs de réussite. Le processus est avalisé définitivement. Le train de l'Histoire est en route et nous sommes dans ce train que rien ne peut arrêter désormais. Il fallait être simplement très patient et féroce contre ce monopole de près de 500 ans en suivant un chemin de croix législatif de 10 ans.
Boursica.com : Pourquoi n'avez-vous pas déménagé ?
Thierry Ehrmann :
Parce que le coût de sortie aurait été supérieur, sans
parler des incidences comme la communication ensuite en
langue étrangère, un nouveau marché de cotations, le
déménagement physique tout le système et du personnel, etc.
...
Boursica.com : Que dire à propos de l'ISF ?
Thierry Ehrmann :
C'est un sujet très sérieux. C'est le bloc
parlementaire UMP qui a fait cette proposition. Leur
analyse est de faire un ISF qui ne vise que les plus-values
latentes incontestables. Je n'applaudis pas forcément,
je ne pense pas que ce soit la bonne solution mais les
parlementaires ont bien compris qu'Artprice leur permet
de dire aux collectionneurs qu'il y a un rendement
exact pour les œuvres qu'ils possèdent. Par contre il
est évident que ça va favoriser la place de marché Artprice
car les gens bénéficient d'un anonymat, Artprice
protégeant l'identité de l'acheteur et du vendeur.
Ce qui n'est pas possible pour les salles de ventes
physiques. On s'est aperçu que le nombre de créations
de portefeuilles virtuels par nos clients a explosé le jour
de l'annonce, et dans les heures qui ont suivi pour
simuler le cours de leur collection.
Boursica.com : Peut-on penser à un passage rapide au SRD Long Only ?
Thierry Ehrmann :
Peut-être en Septembre, c'est au comité scientifique
d'Euronext de le décider mais il est clair que nous
dépassons les critères d'entrée.
Boursica.com : Avez-vous backtesté votre système pour les futures enchères en ligne ?
Thierry Ehrmann :
Oui bien entendu, nous avons fait des bêtas tests à
l'étranger et tout est opérationnel. Les Maisons de
Ventes sont déjà reliées à notre Intranet pour les
catalogues. Pour la place de marché je pense qu'il y
aura 80 % de Maisons de Ventes et professionnels et 20 % de
collectionneurs et particuliers. Dès que la loi va passer,
nos meilleurs clients seront les Commissaires Priseurs. Ils
le disent eux-mêmes "on ne peut faire qu'avec
Artprice". Ils ont laissé passer le train
d'Internet à la fin des années 90 puis celui de 2005 et
aujourd'hui c'est trop tard et trop cher. On joue
désormais à guichets fermés.
Boursica.com : Quelle est la pénétration d'Artprice sur le marché chinois ?
Thierry Ehrmann :
Pour réussir nous avons acquis de nombreuses banques de
données chinoises, sinon c'était impossible. Nous avons
eu le concours plein de diplomatie des autorités chinoises,
c'est obligé car les Maisons de Ventes chinoises sont
sous le contrôle partiel du gouvernement. Le département
des affaires culturelles en Chine nous a aidés pour
démontrer que la Chine était n°1 mondial du marché de
l'art. Nous avons un personnel chinois à Lyon, nous
avons mis 4 ans entre le moment où nous avons décidé de
prendre le marché chinois et le moment où nous avons été
opérationnels.
Boursica.com : Avez-vous eu des difficultés pour devenir leader mondial ? On vous reproche parfois votre côté procédurier ?
Thierry Ehrmann :
Oui et je l'assume à 100 %, nous avons eu 126 procès en
14 ans dans plusieurs pays notamment par les distributeurs
de livres de cotes que l'on avait rachetés aux maison
d'éditions et qui voulaient leur part sur Internet
ainsi que de très nombreux contrefacteurs d'Artprice
pour lesquels nous sommes pour la tolérance zéro, nous en
avons gagné 117 dont tous les principaux. Comme ceux contre
les 5 Maisons de Ventes françaises, dont certaines sont
chez Drouot au passage, elles ont toutes renoncé au
bénéfice de la Cour d'Appel sauf Camard que nous
poursuivons au pénal. Ceux qui ont été perdus l'ont été
contre des tiers qui n'ont ni impacté la vie de
l'entreprise, ni ses comptes, ni ses objectifs.
Christie's Monde est une de nos plus belles victoires.
Boursica.com : Peut-on espérer un dividende prochainement ?
Thierry Ehrmann :
Oui je pense en 2013/2014 selon nos prévisions. Avant cela
je pense qu'on aura enrichi de manière très importante
nos actionnaires par le cours de l'action. On se
renforce avant en fonds propres, pour financer les serveurs
et autres équipements très onéreux pour nous permettre de
nous développer dans le monde avec le maximum de sécurité.
Je rappelle que nous sommes les seuls à posséder nos
propres salles machines. On est considéré comme les
pionniers de l'Internet en France, le Groupe Serveur a
été le premier provider français et le second en Europe
comme le précisait Time Magazine. L'enrichissement de
nos actionnaires sera tel au niveau de l'action
qu'on ne pourra pas avoir action et dividende au départ
! D'autant que nous n'avons jamais fait
d'augmentation de capital.
Boursica.com : Quel sera l'impact du changement de statut après la loi sur le chiffre d'affaires annuel ?
Thierry Ehrmann :
Il va mécaniquement exploser ! La croissance sera
colossale.
Boursica.com : Peut-on considérer qu'à 30 € nous ne sommes qu'au début de l'histoire ?
Thierry Ehrmann :
On remarque que le cours revient sur les niveaux atteints
en 2005/2006 quand on a commencé à parler de la
transposition de la Directive Services. 30 € c'est le
tout début, une simple remise à niveau avant que la France
exaspère en 5 ans l'Europe par son coté pathétique. Si
on veut raisonner sérieusement, on ne peut que partir
d'une base de 67 € qui était le plus haut cours de
cotation. On a tenu l'ensemble des engagements de notre
prospectus d'introduction. Nous sommes même très
au-dessus des engagements du prospectus de 1999. 67 € a été
le prix du marché lorsque la place de marché normalisé
n'existait pas. Nous sommes donc en droit
d'attendre le plus logiquement du monde un démarrage de
cours qui se situe mécaniquement au-dessus de 67 euros. Le
dicton « cours vu, cours revu », est une très vielle règle
de la bourse.
Boursica.com : Pour finir une prédiction pour l'avenir d'Artprice ?
Thierry Ehrmann :
Concernant nos engagements qui étaient à l'époque très
ambitieux sur le prospectus d'introduction de 1999,
nous les avons tous remplis, bien au-delà du prospectus en
passant à travers la crise du NASDAQ de 2000, les attentats
du 11 septembre 2001, la guerre en Irak de 2003, la grande
crise financière démarrée en 2007 et qui est loin
d'être finie. Avec cette décennie la plus
catastrophique des deux derniers siècles, je connais très
peu de sociétés cotées sur le marché réglementé qui
s'en sont sorties vivantes sans augmentation de capital
et qui ont acquis durant cette période une position de
leader mondial incontesté. Pour clôturer cette interview,
je pense sincèrement que nous ne sommes qu'à 10% de
l'histoire d'Artprice.
Boursica : Depuis notre interview de début juin, de
nombreux événements ont marqué l'actualité
d'Artprice et les marchés financiers.
Nous avons beaucoup de questions auxquelles nous aimerions
des réponses précises de votre part.
En premier lieu, pourquoi, selon vous, l'interview
exclusif de Boursica en Juin 2011 sur Artprice présenté en
plusieurs langues sur Google, avec plus de 210 000
résultats à ce jour, a fait l'objet d'un tel
intérêt du public ?
(Interview de Juin 2011 :
http://serveur.serveur.com/Press_Release/pressreleaseFR.htm#20110606)
Thierry Ehrmann :
Je pense tout simplement que les actionnaires français sont
exaspérés des communiqués politiquement corrects pour
lesquels il faut une formation bac+9 pour décrypter les
messages des sociétés cotées sur le marché réglementé.
Relisez attentivement le 1er interview et vous verrez,
qu'en racontant simplement, avec un parler vrai,
l'histoire atypique et hors du commun d'Artprice,
de sa création ex-nihilo pour devenir en 14 ans le leader
mondial de l'information sur le marché de l'art,
vous comprendrez ainsi qu'il y a avant tout, une
aventure humaine extraordinaire et une équipe hors du
commun, un projet titanesque considéré presque comme une
utopie, qui est devenu désormais une réalité implacable,
qu'utilise chaque jour les 1,3 million membres
d'Artprice ainsi que des millions d'utilisateurs
gratuits qui tôt ou tard achèteront l'information
payante sur Artprice le moment propice.
Boursica : En relisant le 1er interview, on s'aperçoit que l'histoire d'Artprice est aussi une suite ininterrompue de combats judiciaires hors normes, l'histoire n'est donc pas seulement idyllique ?
Thierry Ehrmann :
Il est vrai que l'histoire d'Artprice est parsemée
de nombreuses guerres judiciaires sur les différents
continents. On n'accède pas au monopole du plus vieux
marché du monde qu'est l'Art sans hélas, des
fleuves de sang. Mais dans cet interview, on met aussi en
lumière qu'on ne peut pas appréhender un groupe
simplement par ses comptes, bilans et annexes, notamment en
2011, où l'immatériel et la propriété intellectuelle
deviennent selon le célèbre Paul Getty, le pétrole du 21ème
siècle. Les normes IFRS n'appréhendent pas encore de
nombreux indicateurs humains, financiers et scientifiques
qui pourtant, sont fondamentaux pour décrypter un groupe
comme Artprice.
Boursica : Ces propos visent uniquement les petits porteurs mais certainement pas les professionnels de la finance !
Thierry Ehrmann :
Détrompez vous ! Vous n'imaginez pas le nombre de
gérants de fonds, banquiers d'affaires et analystes
financiers qui m'ont avoué qu'ils avaient enfin eu,
avec cet interview, la véritable perception qu'ils
n'avaient pas perçu dans son intégralité, dans nos 10
années de document de référence et d'informations
réglementées. Il est possible un jour qu'Artprice soit
l'objet d'une session à la SFAF (Société Française
des Analystes Financiers).
Boursica : Donc selon vous, les sociétés cotées sur le marché réglementé sont victimes de la langue de bois ?
Thierry Ehrmann :
L'information réglementée, contrairement à des idées
reçues, permet de dire beaucoup plus de choses que l'on
imagine. Que certaines sociétés cotées arrêtent de pester
contre l'AMF ou autres Autorités de régulation.
Simplement les sociétés émettrices sont victimes de ce
qu'on appelle en presse écrite l'auto-censure. Qui
peut aujourd'hui acheter des actions sur une
publication trimestrielle dénuée de toute réalité concrète.
Un très bon exemple nous est donné avec les communiqués de
certaines banques, notamment sur leurs stress tests et
leurs expositions aux risques où l'on s'aperçoit,
qu'en moins de trois mois, leurs communiqués disent
tout et son contraire …
Boursica : Alors que doivent faire les dirigeants ?
Thierry Ehrmann :
Il appartient aux dirigeants d'avoir une relation
intègre et presque charnelle avec le marché et les
actionnaires. Bien sûr, cela implique du temps, de
l'endurance et la gestion des retours parfois
passionnels, mais c'est la règle du jeu. Toute
communication franche, passionnée et entière entraîne
mécaniquement des désinhibitions d'actionnaires ou de
gérants de fonds qui subissent le diktat des communiqués
stériles et qui de facto, se lâchent parfois avec Artprice.
Boursica : Revenons à la loi du 20 juillet 2011 qui adopte la Directive Services européenne en droit interne, et notamment sur les enchères électroniques en ligne. Où en êtes vous ?
Thierry Ehrmann :
Elle représente pour nous une immense victoire après onze
années de chemin de croix législatif, de lobbying Européen
et une guerre sans pitié contre un tout petit nombre
d'individus d'une caste qui était persuadé de
perpétuer ce monopole, né en 1556, au 21ème siècle. Tous
les coups les plus tordus nous ont certes fatigués, mais
ont renforcé notre certitude que nous détenions, avec la
place de marché normalisée d'Artprice et les logs de
comportement de nos 1,3 million membres dans le respect des
lois européennes sur les données personnelles, une part
très importante du marché de l'art mondial. La plainte
diligentée par Artprice pour entente illicite devant
l'Autorité de la Concurrence est en cours
d'instruction avec des pièces confondantes pour les
adversaires. Des rebonds sont à attendre prochainement.
Boursica : Cet acharnement d'un petit nombre des membres de cette caste, selon vos propos, naît-il d'un raisonnement économique ou de la perte d'un rang social ?
Thierry Ehrmann :
Une vieille règle édicte que le degré d'agressivité de
l'adversaire vous donne, en temps réel, la distance à
parcourir pour rentrer dans la salle des coffres où il
règne en maître. De ce point de vue, avec 126 procès dont
117 gagnés sur différents continents (voir le 1er
interview), notre religion a été faite sans l'ombre
d'un doute que nous étions extrêmement proches de
détenir, en toute légalité, ce monopole, sans pour autant
constituer un abus de position dominante. Pour résumer les
guerres contre la vieille garde de la caste, le roman
"Le Guépard" de Tomasi de Lampedusa est la
parfaite adaptation de ce que nous avons vécu.
Boursica : Cette loi est donc applicable depuis le 1er septembre 2011. Pourquoi attendre ?
Thierry Ehrmann :
Effectivement, le 1er septembre 2011 est la date
d'application de la loi mais je vous invite à lire
l'article 5, où nous sommes dans l'attente,
d'un arrêté conjoint du Ministère de la Justice et du
Ministère de la Culture, relative à la circulation des
biens culturels. Cet arrêté arrivera prochainement. Il est
bon de préciser qu'un arrêté ne fait l'objet
d'aucun débat législatif et comme son nom
l'indique, permet juste de définir des modalités. Il
n'existe donc aucun risque qu'un tiers puisse
ralentir de quelques manières que ce soit ce communiqué
unilatéral.
Boursica : Certains de nos membres nous ont parlé du Figaro qui partait dans les ventes aux enchères.
Thierry Ehrmann :
Rien de neuf, je vous rappelle que la famille Dassault est
à la fois propriétaire du Figaro et d'une des
principales Maisons de Vente françaises, Artcurial. Depuis
des années, le Figaro a des pleines pages de promotion pour
Artcurial. Il était donc normal que le Figaro, sous sa
propre marque, pousse les enchères vers entre autres les
maisons de vente du Groupe mais le Figaro, en tant que
personne morale, n'est pas opérateur au sens de la loi
du 20 juillet 2011. Je vous rappelle qu'Artprice dans
le cadre d'un partenariat, fournit la quasi intégralité
des données et textes depuis plusieurs années pour le hors
série Figaro Beaux Art - Guide du marché de l'art.
Boursica : Concrètement, les enchères sur Artprice vont se dérouler comme par exemple sur eBay ?
Thierry Ehrmann :
Absolument pas ! Et ce, pour une multitude de raisons :
l'enchère moyenne se situant, selon nos études, autour
de 12 000 euros, ceci implique une approche juridique et
commerciale fondamentalement différentes. Notre principe
réside avant tout sur des membres parfaitement identifiés,
avec des œuvres où les acheteurs peuvent utiliser à tout
moment, sur l'ensemble de nos pages, grâce à notre
accord , INTERPOL's Stolen Works of Art database,
permettant à la clientèle d'Artprice de vérifier si
l'oeuvre présentée fait l'objet d'une poursuite
judiciaire.
A contrario de services de ventes aux enchères grand public
et notoirement connus, Artprice impose à sa clientèle une
présence judiciaire permanente qui donne, selon moi, la
confiance nécessaire au bon déroulement de sa Place de
Marché Normalisée en tant qu'opérateur de courtage aux
enchères réalisées à distance par voie électronique. Je
précise qu'Artprice travaille depuis 5 ans avec près de
70 polices judiciaires de différentes nationalités, ce qui
a permis à Artprice d'établir un niveau de confiance
rarement égalé sur l'Internet, renforcé par la
collaboration constante avec les Artistes, les Ayants
droits et les Experts.
Notre vraie force est la notion de compte séquestre et
mainlevée dans lequel Artprice a conceptualisé tous les
scénarios juridiques possibles pour que l'enchère
réalisée soit incontestable dans un niveau de confiance
rarement égalé sur Internet. Ce séquestre est le même
principe qu'utilisent les notaires ou les avocats lors
de transactions.
Boursica : Pouvez vous être plus clair dans la notion de compte séquestre ?
Thierry Ehrmann :
Je vais donc vous décrire brièvement le process : lorsque
le vendeur, à travers une série de procédures, valide le
meilleur acheteur de l'enchère, l'acheteur doit
consigner physiquement par tout moyen de paiement à sa
convenance la somme sur un compte séquestre de banque, avec
un identifiant et compte unique. Il existe une règle
intangible: un escroc par nature, n'avance jamais le
premier euro. Dans notre cadre, le vendeur détient un gage
fort avec la somme consignée par un tiers de confiance .
Puis, après toute une série de procédures extrêmement
codifiées, l'acheteur valide définitivement la vente et
donne mainlevée pour que le vendeur puisse percevoir le
produit de son enchère et qu'Artprice, de son côté,
perçoive sa commission entre 4,5 % et 9 %, selon les
produits et services proposés pour cette enchère. Notre
grande force est que nous partons avec une base de données
où chacun de nos 1,3 million de membres sont scorés en
indice de confiance dans le respect des directives
européennes sur les données personnelles.
Boursica : A vous entendre, la sécurité sur Artprice serait presque supérieure à une maison de vente traditionnelle.
Thierry Ehrmann :
Effectivement, si on a une bonne connaissance de
l'économie numérique, je persiste à dire que le niveau
de sécurité sur les enchères et l'ensemble de nos
services, compte tenu de nos développements informatiques
et process juridique sont supérieurs à l'ancienne
économie. Nous avons toujours eu, depuis plus de 10 ans, un
des taux les plus bas de répudiation sur les cartes de
crédit selon le GIE carte bancaire.
Boursica : Dans notre 1er interview vous décrivez précisément comment Artprice peut, sur sa place de marché, répondre à la demande d'un client désirant vendre, par exemple, une sculpture d'Armand : Les Poubelles Organiques où Artprice est capable d'extraire de ses milliards de logs les clients qui sont à la fois amateurs d'Armand, de ses sculptures et plus précisément de la période relative à ses Poubelles Organiques mais vous avez fait état depuis de nouvelles avancées, quelles sont-elles ?
Thierry Ehrmann :
Une fois de plus, le marché de l'art a toujours un
retard chronique. Il faut rappeler que nous sommes passés
de 50 millions d'internautes en 2000 à plus de 2,5
milliards de connectés à l'Internet en 2011. En 2013,
les 3 milliards seront très largement franchis. C'est
pourquoi, nous avons reçu du monde entier, après la loi
adoptée le 20 juillet 2011, des propositions
intellectuellement très construites de groupes opérant sur
le marché de l'art, ainsi que des groupes financiers
qui considèrent, à l'instar des bourses avec la
corbeille que les bourses électroniques ont tuées, que
notre place de marché normalisée n'est pas une option
mais une obligation. Je vous rappelle que notre maison mère
le Groupe Serveur, dont je suis le fondateur, est sur
Internet depuis 1985.
Boursica : En clair, cela représente quoi ? Des clients ou des concurrents potentiels contre Artprice ?
Thierry Ehrmann :
Dans le 1er interview, je vous ai clairement expliqué que
la place de marché normalisée d'Artprice faisait
l'objet d'une multitude de protections au titre de
la propriété intellectuelle et ce, sur les différents
continents. Nous parlons donc bien de clients et grands
comptes potentiels.
Boursica : Qu'entendez vous par clients potentiels ? Vu que vous avez selon vos communiqués près de 83 % des Maisons de Vente et des experts qui travaillent avec vous.
Thierry Ehrmann :
Effectivement, ce chiffre est exact et acquis. Je vous
parle de nouveaux clients et groupes principalement
asiatiques, relativement jeunes et très fortunés qui ne
peuvent conceptualiser le marché de l'art du 21ème
siècle, selon eux, qu'avec une alliance commerciale ou
capitalistique avec la place de marché normalisée
d'Artprice. Ils nous amènent des réseaux
communautaires, des centaines de milliers d'acheteurs
ou vendeurs car ils considèrent à juste titre que le marché
de l'art va exploser quand on va effondrer la marge
d'intermédiation, qui rappelons-le, est, selon le
Conseil des Ventes Volontaires, à environ 37,5 %.
Boursica : Quel est donc leur modèle économique et où se situe votre avantage ?
Thierry Ehrmann :
Malgré une position dominante, il y a toujours, et
notamment dans les pays asiatiques, comme bien sûr la
Chine, le numéro 1 mondial du marché de l'Art mais
aussi Singapour, Hong Kong … etc., des réseaux capillaires
que vous ne pouvez pas appréhender. Nos interlocuteurs ont
parfaitement compris la valeur ajoutée qu'ils nous
amènent et ils ont intégré, contrairement aux idées reçues,
la barrière infranchissable de la propriété intellectuelle
qui est une terrible barrière d'entrée (cf. Apple c/
Samsung). Ils ont donc modélisé, avec des fonds très
importants ce qu'aucun Européen n'est capable
d'engager, une machine de guerre se greffant par un
marketing affinitaire sur notre place de marché normalisée.
Pour faire simple nous mettons en place des marques
blanches et/ou franches. Pour eux, la messe est dite, et
ils prévoient déjà pour certains leur introduction en
bourse. Ce n'est pas pour rien que nous préparons
patiemment l'ouverture d'une filiale et des salles
machines à Hong Kong qui est le laboratoire d'essai de
la République Populaire de Chine et la porte d'entrée
de toute l'Asie. Hong Kong est déjà dans les cinq
premières places du marché de l'art mondial.
Boursica : Concrètement, Artprice va donc participer à des introductions ?
Thierry Ehrmann :
Il faut comprendre que la crise qui a démarrée en 2007 est
selon moi, le signe d'un déclin de l'Occident et
certainement pas une énième récession. Je n'ai pas de
temps à perdre. Quand en Europe, je mets trois mois pour
faire aboutir un rendez vous avec un acteur clé, en Asie,
nous sommes déjà en train de rédiger des protocoles
d'accord. A ce titre, il est évident qu'Artprice
utilisera pour son propre compte tout l'intérêt des
futures introductions de ces acteurs majeurs dont les
projections de capitalisation seraient, pour quelques uns,
supérieures à Sotheby's qui est cotée au NYSE.
Boursica : Qui peut en capitalisation dépasser Sotheby's ?
Thierry Ehrmann :
Je pense par exemple Poly International Auction, une des
principales maisons de vente chinoises que nous connaissons
physiquement depuis un temps certain et qui est en train de
préparer son IPO sans se soucier une seconde de
l'effondrement des marchés financiers occidentaux. Il y
a par ailleurs une multitude d'acteurs qui ont compris
le mécanisme sociologique des Foires d'art contemporain
et des Biennales et qui retrouvent dans le réseau social
Artprice Insider, que nous développons depuis près de deux
ans, avec des sociologues, des acteurs du marché et ses
membres, une manière révolutionnaire de faire perdurer une
foire qui, par nature, est un phénomène éphémère mais pour
autant nécessaire.
Boursica : C'est donc la fin des Foires d'art contemporain ?
Thierry Ehrmann :
Dans l'absolu oui, dans la pratique bien sûr que non,
elles vont encore perdurer et se situeront comme des
moments forts de l'actualité artistique, dont la
continuité dans l'année sera, entre autre, sur Artprice
Insider. Là aussi, il fallait démonter patiemment le
mécanisme sociologique et économique des foires
internationales. Pour comprendre cette révolution, les
marchands et galeries, dans les années 90, considéraient
les foires internationales comme un moyen de booster leur
chiffre d'affaires. Aujourd'hui, leur préoccupation
essentielle est d'échanger de l'information avec
leur clients et confrères et, de manière subsidiaire, de
pouvoir a minima payer leur stand. Une fois de plus, on
substitue au réseau physique, onéreux et éphémère par
nature un réseau numérique peu coûteux et permanent. Il ne
faut pas oublier que nous sommes à plus de 300 foires
internationales par an, ce qui est une hérésie d'un
point de vue économique. Seules des Foires historiques et
puissantes comme par exemple la Fiac, avec laquelle nous
éditons en commun depuis 5 ans le rapport annuel bilingue
sur le marché de l'Art contemporain, survivront.
Boursica : Dans la crise économique actuelle qui est sans précédent, l'art est-il vraiment une valeur refuge ?
Thierry Ehrmann :
Beaucoup d'études d'économistes, de sociologues et
de chercheurs ont été éditées au cours du 20ème sur la
rentabilité des œuvres d'art, mais ces chercheurs ne
possédaient pas les bons outils économétriques. Ils
utilisaient, en règle générale, des moyennes arithmétiques,
usaient de la méthode des comparables, mais cela induisait
des erreurs car leurs études portaient sur un marché de
type hétérogène comme je vous ai expliqué dans le 1er
interview. Pour rappel, une oeuvre qui a été identifiée et
normée par nous sur un catalogue de vente de 1908 et qui
passe encore régulièrement, de maisons de vente en maisons
de vente au travers des décennies, nous permet
d'affirmer qu'il s'agit de la même oeuvre. On
en connaît donc la cote et le rendement année par année, et
c'est pour cela, qu'on est la seule société au
monde à pouvoir avoir une méthode économétrique
irréprochable (les ventes répétées) portant sur
l'ensemble des œuvres homogènes.
C'est la raison pour laquelle nous avons mis en place
des indices et des outils issus des milieux financiers pour
mesurer les performances, des anciens, modernes et
contemporains. Il est incontestable, chiffres à
l'appui, que sur certaines fourchettes de prix, avec
une typologie d'artistes ou d'œuvres précises, on
passe à travers les crises et la performance est quasiment
constante, quels que soient les éléments exogènes et
notamment l'effondrement des marchés financiers.
Boursica : On peut donc imaginer une bourse avec des produits dérivés ?
Thierry Ehrmann :
Effectivement, nous avons différents partenaires
internationaux issus du private banking et de la finance
qui, avec nos données, préparent la titrisation sur des
œuvres d'art dont nous maîtrisons tout l'historique
des prix et indices. Il ne faut pas oublier, que les œuvres
d'art ont été au démarrage des premières banques en
Europe, et durant de nombreux siècles, objets de
nantissements et gages et donc de valeurs fiduciaires.
Boursica : Quels seront donc ces acheteurs professionnels et leurs clients finaux ?
Thierry Ehrmann :
Essentiellement des financiers qui, par ailleurs, possèdent
généralement une très bonne culture du marché de l'art
et qui considèrent que ces produits dérivés, adossés à des
indices incontestables que nous produisons, leur donneront
un peu de répit face aux marchés boursiers.
Les premiers tests marketing ont donné des résultats très
positifs. La clientèle du private banking ou family office
(plus de 30 millions de clients très haut de gamme dans le
monde) a fait un très bon accueil à ce type d'actifs
financiers.
Boursica : Comment expliquez-vous que devant de telles révolutions, la chaîne des acteurs du marché de l'art, en occident reste aussi conservatrice ?
Thierry Ehrmann :
Je mettrais une nuance. L'ancienne génération, il est
vrai, a plus de 30 ans de retard car elle ne négociait
majoritairement que des œuvres d'artistes décédés pour
avoir la certitude de ne pas connaître d'émissions
d'œuvres nouvelles de cet artiste. Aujourd'hui,
principalement en Asie mais aussi en Amérique du Nord et en
Europe, les artistes vivants et contemporains dépassent
souvent en rendement les modernes qui, selon les critères
de l'histoire de l'art, sont tous décédés. Nous
sommes donc en présence de près d'un million
d'artistes plasticiens reconnus, vivant exclusivement
de leurs œuvres, avec un prix moyen de cession au premier
marché de 8000 à 15 000 euros (galeries) et au second
marché (ventes aux enchères) de 30 000 à 70 000 euros.
Artprice est la seule société au monde qui possède
l'intégralité des biographies et données indicielles de
ces artistes. D'où le fait que le premier et second
marché sont constamment sur Artprice en mode gratuit ou
payant. Pour comprendre le retard de l'ancienne
génération, je vous livre une anecdote très révélatrice: le
Président d'une des plus grandes Maisons de Vente
françaises m'a avoué cet été qu'il réfléchissait à
Internet, "compte tenu que nous venions de dépasser
dans le monde les 200 millions de connectés".
C'est terrorisant d'entendre de la part de ce
Président par ailleurs très érudit une telle ineptie, alors
que nous sommes plus de 2,5 milliards d'internautes
dans le monde. Cela vous permet de comprendre le retard
abyssal pris par la vieille garde.
Boursica : Votre connaissance intime des artistes vient du fait que vous êtes vous-même sculpteur-plasticien, depuis 30 ans, si on lit votre document de référence en chapitre "facteurs risques" le paragraphe "personne clé" ?
Thierry Ehrmann :
Oui effectivement, mon statut de sculpteur-plasticien me
permet d'être au cœur de la communauté artistique pour
comprendre sa mutation, ses besoins, ses interrogations, et
ses désirs.
Boursica : Vous trouvez encore le temps de produire vos œuvres ?
Thierry Ehrmann :
Tout à fait ! Je viens par exemple de finir cet été une
installation monumentale de 99 sculptures d'acier brut
de 50 tonnes dénommée " Les Sentinelles
Alchimiques", sur 9000 m2 qui enveloppent comme un
infra mince, décrit par Marcel Duchamp, mes 3600 œuvres
constituant le corpus de la Demeure du Chaos / Abode of
Chaos dixit le New York Times, qui est aussi le siège
social d'Artprice et de Groupe Serveur. C'est à ce
jour une des installations statuaires les plus importantes
d'Europe.
Boursica : Le marché s'est donc décuplé en combien de temps ?
Thierry Ehrmann :
En moins de 20 ans, nous sommes passés de la peinture
traditionnelle à l'huile où le temps de séchage de la
toile se chiffrait en mois alors que désormais, les jeunes
artistes utilisent l'acrylique en peinture et les
innovations technologiques et industrielles pour produire
leurs sculptures et installations et l'on considère
désormais qu'une production d'œuvre se mesure en
semaines. D'où une production d'œuvres dans le
monde qui a été multipliée par 20 en moins de 25 ans.
L'explosion de ce marché, qui touche désormais une
multitude de générations et de statuts sociaux avec près de
300 millions d'amateurs, collectionneurs et de
professionnels de l'Art, provient du coût unitaire des
oeuvres qui baisse, les rendant accessibles à un très grand
nombre.
Boursica : On a quand même sur les jeunes artistes des variations de prix très importantes ?
Thierry Ehrmann :
Je ne dis pas le contraire mais ces jeunes artistes, grâce
à l'Internet et notamment notre place de marché
normalisée où ils ont un espace dédié, savent très vite
s'adapter à la correction du marché, en diminuant leur
production ou en changeant de continents au profit des
zones de croissance. En face, nous avons les vieux acteurs
qui sont parfois obligés d'arrêter des ventes, voire
bloquer des catalogues déjà imprimés car la correction des
prix est beaucoup plus rapide qu'une vente aux enchères
classique, qui demande un minimum de 4 à 9 mois de
préparation. Dans l'absolu, ils ont acquis, de manière
intuitive, une réaction au marché proche des meilleurs
marchands. Le mythe de l'artiste maudit est
définitivement révolu.
Boursica : Est-ce une des raisons qui vous amène la majeure partie des Maisons de Vente du monde entier sur Artprice ?
Thierry Ehrmann :
Evidemment, les Maisons de Vente, avec la place de marché
normalisée d'Artprice, vont pouvoir construire ou
modifier au fil des jours leurs ventes aux enchères par
notre intranet sécurisé, en collant littéralement au marché
avec la certitude de pousser leurs ventes sur notre fichier
client ultra qualifié qui est le plus important au monde à
ce jour. On passe donc d'une fourchette d'un
semestre à quelques jours pour faire aboutir la vente aux
enchères dans de bonnes conditions, tant pour
l'acheteur que pour le vendeur et de plus avec la
certitude de déboucler la vente et la trésorerie en
quelques jours.
Boursica : Jusqu'où Artprice compte aller diffuser ses informations, gratuites ou payantes ?
Thierry Ehrmann :
Disposant de ressources serveurs et de bandes passantes en
surcapacité, car nous sommes, à travers Groupe Serveur,
notre propre opérateur, nous diffusons nos données
gratuites ou dans de rares cas, à très faible prix dans les
milieux universitaires, les écoles d'art dans le monde,
les associations d'artistes, les sociétés de droits
d'auteur, les historiens d'art, les chercheurs
etc... J'assume de dire que nous avons la volonté de
créer une véritable addiction à toute personne dans le
monde qui a une quelconque relation avec le marché ou
l'histoire de l'art. Artprice pour 2010 a fourni en
données gratuites près de 54 millions de visiteurs. Dans la
mesure où nous ne perdons pas d'argent, cette addiction
a pénétré pratiquement tous les organismes institutionnels
ou privés qui s'intéressent à l'art dans le monde.
Il faut savoir être très patient mais avec la croissance de
l'Internet, nous sommes bien dans la loi de Robert
Metcalfe qui dit que "l'utilité d'un réseau
est proportionnelle au carré du nombre de ses
utilisateurs."
Boursica : Suite au 1er interview, vous avez eu un conflit avec Artnet, qu'en est-il ?
Thierry Ehrmann :
La société Artnet qui n'a pas le même métier que nous,
a du baisser la garde sur les propos de l'interview que
nous maintenons en tous points alors que nous avons mis en
place les procédures à son encontre pour violation de nos
droits de propriété intellectuelle. Au passage, je modifie
mes propos du 1er interview en indiquant qu'une simple
journée de bourse d'Artprice correspond désormais pour
l'année 2011, en volume financier, à environ 3 mois de
bourse d'Artnet. De plus, on peut constater
qu'Artnet est sorti en septembre du marché officiel
pour aller au marché libre allemand. Ce qui correspond a
une régression terrible pour les actionnaires comme pour la
société.
Boursica : Puisque vous parlez de bourse, Artprice en est où ?
Thierry Ehrmann :
Au 5 Octobre 2011, Artprice connaît la meilleure
performance boursière française sur le marché réglementé
avec +158% de variation et un volume traité sur le titre de
plus de 702 millions d'euros depuis le 1er janvier
2011. Une fois de plus, le marché est animal et instinctif.
De tels chiffres indiquent clairement que le marché a fait
ses propres investigations, diligenté ses propres études et
enquêtes au cœur du marché de l'Art. On ne traite pas
une somme de 700 millions d'euros en neuf mois de
transactions par hasard, surtout dans le pire krach
boursier de l'histoire. En vieux boursier, je dirais
qu'on a parlé vrai au marché, et que le marché a
parfaitement entendu et répondu par les volumes et le cours
d'Artprice.
Boursica : Puisqu'on parle toujours de bourse, avez-vous malgré le krach de cet été les mêmes objectifs que lors de notre 1er interview de juin 2011 ?
Thierry Ehrmann :
Absolument ! Je maintiens rigoureusement nos objectifs de
juin 2011, à savoir, que le cours est d'abord revenu
sur les niveaux atteints en 2005/2006, soit 30 euros quand
on a commencé à parler de la transposition de la Directive
Services. Ce cours a été une simple remise à niveau avant
que la France n'exaspère pendant 5 ans l'Europe par
son coté pathétique en refusant la réforme des enchères
notamment par voie électronique. Je maintiens sérieusement
qu'on ne peut que partir d'une base de 67 euros qui
était notre plus haut cours de cotation avant la création
de la place de marche normalisée en 2005. On a tenu
l'ensemble des engagements de notre prospectus
d'introduction. Nous sommes même très au-dessus des
engagements du prospectus de 1999. Je vous rappelle que
nous avons atteint, il y a encore 3 mois, 58 euros, dans
des volumes très conséquents.
Je réitère donc que le dicton "cours vu, cours
revu" est une très vieille règle de la bourse.
Artprice qui a démontré que cet adage s'appliquait à
elle de manière incontestable même en pleine crise.
Boursica : Au fond de vous, quelle est votre vision de l'économie actuelle en occident ?
Thierry Ehrmann :
Je vous répondrai simplement avec ce propos du théoricien
Antonio Gramsci " il y a crise quand l'ancien
monde ne veut pas mourir et que le nouveau monde ne peut
pas naître". En restant dans la métaphore, "le
monde est une grande famille où quand je vais en Europe, je
trouve un vieil ami rongé par une longue maladie incurable.
Puis quant je vais en Asie, je suis confronté à un
adolescent plein d'énergie et d'insolence et quant
je reviens aux USA, je vois un homme obèse qui refuse de
constater son état et continue sa boulimie
frénétique". Ces propos doivent nous faire comprendre
que la crise est désormais existentielle et qu'elle
demande un supplément d'âme et d'histoire sans quoi
nous allons droit dans le mur.
Boursica : L'actualité étant ce qu'elle est, que pensez vous de Steve Jobs qui vient de décéder ?
Thierry Ehrmann :
Il était tout simplement iconoclaste et avait cette
capacité d'accomplir ses rêves en les incarnant dans
l'industrie de l'informatique qui est sans pitié.
Sa passion lui a permis d'imaginer et conceptualiser le
21 ème siècle. Je le décrirais à mes yeux, plus comme un
philosophe de l'ère numérique et du nomadisme qu'un
chef d'entreprise. Je pense que là où il est
aujourd'hui, il est déjà en train de nous préparer la
version 9.0 de l'iPad tridimensionnelle 7G !
Boursica : Je vous repose donc à nouveau la question du 1er interview : avez-vous une prédiction pour l'avenir d'Artprice ?
Thierry Ehrmann :
Je réitère que nous avons tenu tous nos engagements bien
au-delà du prospectus d'introduction de 1999, en
passant à travers la crise du NASDAQ de 2000, les attentats
du 11 septembre 2001, la guerre en Irak de 2003, la grande
crise financière démarrée en 2007 et qui est loin
d'être finie avec la pire débâcle que constituent les
dettes étatiques. Je connais très peu de sociétés cotées
sur le marché réglementé qui en sont sorties vivantes sans
jamais avoir procédé à des augmentations de capital et qui
ont acquis durant cette période une position de leader
mondial incontesté. Par rapport à l'interview de juin
2011, je modifie par contre ma position pour l'avenir
d'Artprice car je pense que nous sommes désormais
qu'à 5 % de l'histoire d'Artprice compte tenu
des accords et contacts que nous avons bâtis depuis trois
mois après l'adoption de la loi du 20 juillet 2011 et
que désormais, une grande partie de notre histoire future
se situe en Asie.
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