Zurich (awp) - Le boulanger industriel Aryzta n'est pas parvenu à renouer avec le seuil de rentabilité sur son exercice décalé 2018/19, clos fin juillet. La perte nette de 29,2 millions d'euros s'avère néanmoins sensiblement moindre que le déficit de 470,0 millions essuyé un an plus tôt.

L'érosion de 1,5% des recettes à 3,38 milliards n'a pas empêché le groupe helvético-irlandais de dégager un bénéfice opérationnel de 5,1 millions, à comparer avec une perte de 423,3 millions douze mois auparavant. Aryzta revendique une évolution organique plate de ces recettes sur un an, freinée notamment par une contraction de près de 4% en Amérique du Nord, accentuée sur le dernier partiel de l'exercice.

L'excédent d'exploitation (Ebitda) apuré des correctifs de valeurs, ventes de segments d'activité et frais de restructuration s'est enrobé de 1,9% à 307,5 millions d'euros.

La performance s'inscrit peu ou prou dans le cadre des projections des analystes consultés par AWP, qui articulaient en moyenne un chiffre d'affaires de 3,4 milliards d'euros, une croissance organique de 0,8% et un Ebitda ajusté de 307,5 millions.

Régime soutenu, perspectives vagues

Sans avancer de prévisions chiffrées pour l'exercice entamé, la direction assure que celui écoulé a posé les fondations pour un retour de performance.

La cession annoncée la semaine dernière de l'essentiel de la participation dans le spécialiste français des surgelés Picard porte le fruit des cessions d'actifs devenus "non stratégiques" à 380 millions d'euros, sur un total visé de 450 millions.

Le programme d'économies sur trois ans lancé en 2018 doit toujours permettre d'épargner 200 millions d'euros sur trois ans, puis d'abaisser de 90 millions annuellement les frais de fonctionnement à compter de 2021.

Rémunérations étoffées

L'approche du seuil de rentabilité s'est traduite par une hausse sensible des rémunérations des responsables. L'équipe de direction s'est ainsi partagée une enveloppe de 19,1 millions de francs suisses, dont 4,5 millions pour le seul patron Kevin Toland. Le budget dédié à l'exécutif a ainsi été multiplié par plus de deux sur un an.

La progression a été nettement moins marquée pour l'organe de surveillance, dont les rétributions cumulées ont atteint 1,3 million contre encore 1,0 million de francs suisses un an plus tôt. L'évolution s'explique en outre par un nombre plus élevé d'administrateurs.

L'évolution organique est restée inférieure aux attentes, mais l'excédent brut d'exploitation et le résultat net les ont dépassé, résume la Banque cantonale de Zurich dans un commentaire. Les difficultés persistantes aux Etats-Unis se confirment une nouvelle fois. Le programme d'économies commence par contre à porter ses fruits.

Pas d'objectifs, pas de risque

La direction ne s'aventure pas sur le terrain des perspectives chiffrées et élimine ainsi l'éventualité de nouvelles déceptions, analyse l'établissement.

Vontobel relève également que l'érosion tarifaire outre-Atlantique contrebalance la croissance des volumes. Le tassement de ces derniers sur la fin de l'exercice semble confirmer la thèse de pertes de parts de marché.

La banque de gestion zurichoise souligne que si les récentes cessions des parts dans Picard et UK Foodservices offre un certain répit financier, l'absence de perspectives concrètes n'est pas de nature à rassurer les marchés.

A la Bourse, l'action Aryzta a fini en recul de 5,2% à 69 centimes, dans un SPI en baisse de 1,08%.

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