Zurich (awp) - Le boulanger industriel Aryzta, en proie à de nombreuses difficultés, a annoncé lundi son intention de procéder à une augmentation de capital de 800 millions d'euros (908,4 millions de francs suisses). La décision, attendue depuis des mois mais prise sous pression, devrait donner les coudées franches à l'entreprise pour poursuivre son recentrage stratégique. L'action a été sanctionnée en Bourse.

L'opération, dont le produit est destiné avant tout à la réduction de l'endettement, est destinée "assurer la flexibilité stratégique et financière nécessaire à la mise en oeuvre de son modèle d'affaires", a indiqué le groupe dans un communiqué. Elle sera réalisée principalement moyennant l'émission de droits de souscription, avec droits préférentiels aux actionnaires existants.

"Une structure de capital considérablement améliorée fournira à Aryzta les moyens de continuer à prendre les mesures nécessaires pour se repositionner et appliquer sa stratégie", a assuré le directeur général Kevin Toland, cité dans le communiqué. Il anticipe une "génération considérable de liquidités" qui sera destinée à la "réduction continue de l'endettement" ainsi qu'au "financement d'opportunités de croissance ciblées".

Cap de désendettement maintenu

Dans la foulée, le groupe zurichois affirme qu'il entend se tenir à son plan de désendettement de 1 milliard d'euros sur quatre ans, dont "au moins 450 millions issus de cession d'actifs et de l'excédent de liquidités générées".

Revenant sur son intention de se défaire de plusieurs actifs, notamment sa participation dans Picard, Aryzta a souligné la bonne performance du producteur français de surgelés, qui a permis au groupe d'empocher 91 millions d'euros de dividendes.

L'entreprise entend également réaliser des économies de coûts annuelles de 90 millions d'euros à l'horizon 2021, en réduisant ses dépenses opérationnelles et en optimisant ses achats, l'approvisionnement et l'automation. Les coûts non-récurrents liés à ce programme, baptisé "Renew", sont devisés à 150 millions, répartis sur les trois prochains exercices.

Aryzta confirme par ailleurs que les ventes au 4e trimestre de son exercice 2017/18 ont été conformes aux expectatives et que l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) annuel devrait se situer, comme annoncé fin mai, entre 296 et 304 millions d'euros.

Pas le "premier choix"

L'augmentation de capital "n'était pas notre premier choix", s'est expliqué en téléconférence Kevin Toland. Le volume de l'opération devrait donner au groupe "plus de temps, de marge de manoeuvre et de flexibilité financière pour mettre en oeuvre les réductions de coûts et les mesures opérationnelles visées", a-t-il ajouté.

Interrogé sur le désengagement dans Picard, le patron d'Aryzta s'est refusé à fournir plus de détail, se contentant de rappeler qu'Aryzta se trouve actuellement "dans une phase de redressement de plusieurs années" et entend poursuivre son recentrage autour de son coeur d'activité.

L'entreprise fournira de plus amples détails sur le relèvement du capital ainsi que sur sa situation financière lors de la publication de sa performance annuelle 2017/18 le 1er octobre.

Depuis début août, le cours de l'action Aryzta s'est considérablement effrité. Vendredi dernier, il était passé sous la barre symbolique de 10 francs suisses, perdant en une seule séance près de 15% de sa valeur suite aux craintes concernant une possible augmentation de capital, rendue nécessaire par la difficulté de vendre sa participation dans Picard et le renchérissement des matières premières.

Pour la communauté financière, l'annonce ne constitue pas en soi une surprise. Vontobel rappelle avoir longtemps préconisé l'opération. Même son de cloche du côté de la Banque cantonale de Zurich (ZKB), pour qui le fait d'y avoir renoncé au printemps 2017 à des conditions particulièrement favorables a été une "erreur fatale".

Même attendue, l'opération annoncée a déçu les investisseurs. A la clôture de la Bourse suisse, la nominative Aryzta s'est érodée de 6,0% à 8,24 francs suisses dans des volumes importants, après avoir plongé à 8,10 francs suisses dans la matinée. Son indice de référence SLI a reculé de 0,38%.

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