Zurich (awp) - Le boulanger industriel Aryzta a connu une croissance plus importante qu'anticipé par le marché au troisième trimestre de son exercice décalé 2018/19. En proie aux difficultés depuis quelque temps, l'entreprise helvético-irlandaise s'estime en bonne voie pour réaliser les économies visées, mais revoit ses objectifs annuels à la baisse, ce qui n'a visiblement pas été du goût des investisseurs.

Les ventes réalisées entre février et avril ont crû de 4,5% en rythme annuel à 847,9 millions d'euros (près de 950 millions de francs suisses). Exprimée en termes organiques, la croissance est ramenée à 1,3%, précise le groupe mardi dans un communiqué.

Si la croissance organique a été au rendez-vous dans la région Europe (+4,4%), où le groupe réalise plus de la moitié de ses recettes, l'évolution en Amérique du Nord a été décevante (-3,8%), même si elle a pu être plus que compensée par un effet de change favorable (+7,9%).

La copie rendue par Aryzta dépasse les prévisions les plus optimistes des analystes sondés par AWP en ce qui concerne l'évolution des ventes, alors que la croissance organique se situe dans le haut de la fourchette des projections.

Pour la suite de l'exercice, la direction se dit en bonne voie pour réaliser les 40 millions d'euros d'économies visées, mais signale que leur plein effet sur l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) sous-jacent ne sera déployé qu'en 2020/21.

Ambitions revues à la baisse

Pour l'exercice en cours, les ambitions au niveau de l'Ebitda sous-jacent ont été rabotées à 1-4%, alors que l'entreprise avait laissé entendre qu'elle visait une croissance de cet indicateur supérieure à 5% lors de la présentation des résultats semestriel à la mi-mars.

Le programme "Renew" a démarré avec un léger retard qui devrait être comblé d'ici la fin de l'année, a affirmé le directeur général (CEO) d'Aryzta, Kevin Toland.

Revenant sur la situation difficile en Amérique du Nord, il estime faire "tout juste pour parvenir à des améliorations, mais cela requiert du temps". Au niveau de la profitabilité, des progrès ont déjà été réalisés, grâce notamment à la réorganisation du réseau de vente et à des hausses de prix.

Le dirigeant n'a pas fourni de nouvelle indication concernant la vente projetée du producteur français de surgelés Picard, se contentant de qualifier l'activité de "bonne". Toujours au chapitre des désinvestissements, M. Toland a indiqué que le groupe envisage de se défaire de plusieurs petites unités dans le domaine du B2B, sans toutefois entrer dans les détails.

Dans la foulée de son troisième partiel, Aryzta a annoncé la nomination de Luisa Delgado comme membre indépendant non-exécutif de son conseil d'administration. Sa candidature sera soumise à l'approbation des actionnaires lors de la prochaine assemblée des actionnaires qui se tiendra le 14 novembre prochain.

Analystes partagés

Dans leurs commentaires, les analystes saluent une croissance plus forte que prévu, mais les opinions divergent quant à la teneur des résultats.

Pour Vontobel, la faible évolution des ventes corrobore l'hypothèse qu'Aryzta perd d'importants contrats au profit de ses concurrents. Sévère, la banque de gestion zurichoise estime par ailleurs que les économies du programme "Renew" ne suffiront pas à compenser l'inflation des coûts, et campe sur sa recommandation de se défaire du titre.

Baader Helvea au contraire estime qu'au vu du déclin du prix de l'action qui a précédé la publication des résultats et des risques désormais plus sous contrôle, l'action Aryzta représente une opportunité intéressante. La recommandation d'achat (buy) est confirmée, assortie d'un objectif de cours à 1,60 franc.

A la Bourse, l'action Aryzta a fini en chute de 13,02% à 1,12 francs suisses, dans un SPI en recul de 0,27%.

buc/al/fr