Zurich (awp) - La voie de la rémission s'annonce encore longue pour le boulanger industriel Aryzta, qui a vécu une période mouvementée ces derniers mois. Doté d'une nouvelle direction, le groupe zurichois a plongé au premier semestre 2017/18, conformément a l'avertissement sur résultat de janvier. La performance s'avère à certains égards même meilleure que les prévisions des analystes.

Entré en fonction en septembre, le directeur général (CEO) Kevin Toland a annoncé la couleur dans le communiqué des résultats intermédiaires publié lundi. Aryzta mène un programme de réhabilitation qui durera plusieurs années, a-t-il souligné.

"Nous restons concentrés sur les mesures à court terme visant à stabiliser et améliorer les activités actuelles", a lancé le CEO lors d'une conférence téléphonique. Dans ce contexte, le groupe helvético-irlandais se refuse à fixer des objectifs financiers ou à communiquer des indicateurs de performance.

Le nouvelle direction d'Aryzta, qui a remplacé les responsables ayant démissionné en bloc en mai 2017, a déjà appliqué de nombreuses mesures et a progressé dans son travail, selon le patron. "Avant de publier des objectifs de marge, nous souhaitons regagner la confiance des investisseurs."

M. Toland n'est guère satisfait par la performance dévoilée lundi au premier semestre 2017/18. Il a plaidé pour une amélioration des marges mais expliqué qu'un tel objectif prendrait du temps.

Les chiffres publiés lors du premier partiel 2017/18, de juillet à janvier, indiquent un fort recul de la rentabilité. Le résultat avant intérêts, impôts et amortissements (Ebita) a plongé de 41% sur un an à 93,3 mio EUR, plombé par les deux principaux marchés que sont les Etats-Unis et l'Europe.

DÉSINVESTISSEMENTS DANS LES CLOUS

Le bénéfice par action a été divisé par plus que deux à 0,57 EUR, tout comme le bénéfice net à 50,9 mio EUR. Ces deux indicateurs sont toutefois ajustés de différents éléments, notamment les coûts liés à la restructuration et aux désinvestissements.

Les désinvestissements auxquels s'est engagé Aryzta suivent leur cours, conformément aux attentes. Leur montant s'élève actuellement à 140 mio EUR et devrait dépasser 450 mio.

La vente de Cloverhill et de La Rousse Foods a été finalisée en début d'année. Le groupe a par ailleurs signé un accord pour la cession de la coentreprise Signature Foods en mars.

De nouveaux désinvestissements - comme la vente du spécialiste français des surgelés Picard - sont envisagés mais il n'existe actuellement aucune urgence en la matière. Le directeur général a exclu toute cession de la société californienne La Brea Bakery.

Le chiffre d'affaires a reculé suite à ces opérations, plus particulièrement celle de Cloverhill. Les fluctuations des devises ont également pesé sur les recettes.

Le chiffre d'affaires s'est inscrit à 1,79 mrd EUR, en recul de 6,2%. Le boulanger industriel a accusé une décroissance organique de 2,2%, contre -1,6% douze mois auparavant.

Les deux principales régions d'activité du groupe ont évolué très différemment. L'Europe affiche un chiffre d'affaires de 868,3 mio EUR, en hausse de 0,7%, pour une croissance organique de 1,7%.

La véritable contreperformance est enregistrée en Amérique du Nord, où le boulanger industriel a pâti de la vente de Cloverhill mais également d'effets de change (-6,6%). Le chiffre d'affaires a chuté de 14,1% à 786,4 mio CHF ou 7,4% sans Cloverhill. La décroissance organique s'élève en tout à 7,5%.

ENDETTEMENT À SURVEILLER

Dans le reste du monde, les revenus ont augmenté de 2,2% à 131,9 mio EUR, malgré un impact négatif des devises. Au cours de la période sous revue, les effets de change ont privé le groupe de 77,5 mio EUR, représentant un recul de 4,1% du chiffre d'affaires global.

Au-delà de son activité, Aryzta doit surveiller son endettement comme le lait sur le feu. Le ratio entre la dette nette et le résultat brut d'exploitation (Ebitda) a atteint 4,21x à fin janvier 2018. Les conditions nécessaires au maintien des crédits stipulent que cet indicateur ne doit pas dépasser 4,75x, a rappelé le CEO. D'ici la fin de l'exercice décalé, la valeur devrait avoisiner 4x, a-t-il promis.

En l'absence de prévisions, la direction a fait le point sur les économies. "Nous avons lancé début mars un programme de réduction de coûts en Amérique du Nord", a noté le directeur financier (CFO) Frederic Pflanz, entré en fonction il y a six semaines. Le refinancement est assuré.

Ces nouvelles mesures sont au centre des préoccupations des analystes, qui craignent l'apparition de des nouveaux coûts.

Le titre Aryzta continuait son évolution en dents de scie. Après une ouverture nettement positive, le titre perdait à 11h30 6,1% à 22,45 CHF, dans un SLI en hausse de 0,49%.

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