Le marché de la mesure du trafic mobile est dopé par l'arrivée de la 4G...

... mais aussi par l'explosion de l'Internet mobile et la pression concurrentielle.

Pendant la ruée vers l'or mobile, ce sont les vendeurs de pelles virtuelles qui s'enrichissent. L'arrivée de la 4G devrait ainsi logiquement profiter à Astellia, une petite société de services aux opérateurs créée en 2003 à Rennes, dans le sillage de la R&D de France Télécom(CNET). Avec 34 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2011, ce spécialiste de la mesure du trafic mobile, grâce à des sondes positionnées en divers points du réseau, enregistre une croissance de 20 % par an en moyenne pour 300 salariés. Contrôlé par ses fondateurs et des fonds, Astellia réalise 80 % de son chiffre d'affaires à l'étranger, où ses concurrents sont de grands groupes, tels JDS Uniphase ou Tectronics.

Si les opérateurs ont besoin d'indicateurs de performance du trafic mobile à très haut débit, c'est bien sûr pour éviter les pannes et les ennuis. « Quand les technologies sont très jeunes, on découvre des problèmes techniques au fil de l'eau. Nous n'y couperons pas avec la 4G », explique Christian Queffélec, le fondateur et patron d'Astellia. A ses débuts, l'iPhone posait par exemple de vrais problèmes de gestion de réseau, car il envoyait des signaux toutes les trente secondes : cela créait des embouteillages inutiles que les opérateurs ont pu régler en partie après avoir mesuré l'impact de cette « signalisation » abusive.« La technologie s'invente au jour le jour, elle ne dort pas dans les tiroirs », rappelle Christian Queffélec. Il se réjouit au passage des perspectives de croissance ultrarapide de la 4G :« Les études de marché sous-estiment son potentiel. Nous n'avons jamais eu d'histoire industrielle comme celle du mobile, avec 6 milliards de clients en vingt ans », souligne-t-il.

Au-delà de la 4G, trois tendances de fond poussent les opérateurs à faire appel aux services d'Astellia. Il y a d'abord la concurrence accrue dans le mobile, qui tire les prix vers le bas. « Quand le revenu par utilisateur est faible, il faut se battre sur la qualité de service pour retenir les clients », précise Christian Queffélec. En Inde, où la concurrence est à couteaux tirés, la gestion fine du trafic est aussi un moyen de tirer le maximum de l'infrastructure existante plutôt que d'investir sans espoir de retour immédiat. Astellia, qui est présent dans 23 pays africains, constate que les revenus par utilisateur sont souvent d'à peine 1 dollar par mois.

Un besoin de mesures

Deuxième facteur de croissance, les données, avec des applications de plus en plus variées. « Si, en France, le forfait à 3 gigaoctets nous paraît être un "illimité" raisonnable, rajoutez-y des usages "peer to peer" et cela ne sera plus le cas », avance le patron d'Astellia. Ainsi, au Moyen-Orient, où les clients mobiles n'ont souvent pas de ligne fixe mais font grand usage du partage de fichiers, les plafonds de consommation sont vite dépassés. D'autres surprises sont à attendre avec des applications comme Facetime (communication en vidéo) ou la télévision HD en live.

Enfin, la mobilité elle-même est une nouveauté à jauger. Car, avec leurs smartphones et leurs tablettes, les clients provoquent des pics de consommation imprévus qui peuvent déstabiliser un réseau. D'où une demande croissante de mesures et de statistiques décentralisées. Les vendeurs de pelles virtuelles ont de beaux jours devant eux.

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