par Gwénaëlle Barzic

La capitale française, où JPMorgan emploie aujourd'hui 260 personnes, est appelée à devenir la deuxième place forte de la banque d'investissement en Europe derrière Londres.

La banque, qui fut l'un des premiers établissements étrangers à prendre pied à Paris en 1868, prévoit d'y implanter dans un premier temps une partie de ses forces de ventes qui s'occupent de la zone euro.

Par la suite, JPMorgan dit vouloir relocaliser à Paris des activités de marché selon un calendrier qui dépendra de la durée des négociations entre Londres et Bruxelles sur leur future relation, notamment commerciale.

"Le second centre de gravité de nos activités de marché en Europe ce sera Paris", a expliqué à Reuters Kyril Courboin, directeur général de JPMorgan France.

"En premier, ce sera toujours Londres car on ne déplace que nos activités euros", a-t-il précisé dans un entretien.

Londres, où JPMorgan emploie autour de 10.000 personnes, restera de loin le principal hub européen de l'établissement américain même lorsque le deuxième immeuble parisien se sera rempli, ce qui pourrait se concrétiser dans les trois ou quatre prochaines années, estime le dirigeant.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson veut conclure les négociations avec Bruxelles d'ici le 31 décembre 2020, date de la fin de la période de transition pendant laquelle les règles de l'UE continueront de s'appliquer outre-Manche. Les dirigeants européens jugent toutefois ce délai impossible à tenir.

La banque américaine, dont le siège parisien est situé sur la prestigieuse place Vendôme, n'a pas chiffré le montant de l'acquisition de ses nouveaux bureaux, répartis sur 7 étages pour une surface de 6.600 mètres carrés. Ses traders auront pour voisins les Français de BNP Paribas, également implantés place du Marché Saint-Honoré.

PARIS POURSUIT SON OPÉRATION DE CHARME AVEC "CHOOSE FRANCE"

JPMorgan prévoit aussi de renforcer ses équipes dans d'autres villes européennes comme Amsterdam, Dublin ou Francfort, aujourd'hui plus importante en termes d'effectifs que Paris, mais les réformes récentes en France ont fait pencher la balance en faveur de la capitale de l'Hexagone.

"Je pense que si on avait pris notre décision au moment du référendum (sur le Brexit en 2016), il n’y aurait probablement pas une personne qui aurait été transférée à Paris", explique Kyril Courboin.

"Mais depuis, il y a un certain nombre de mesures qui ont été prises par le gouvernement pour changer le droit du travail, l’environnement fiscal, les infrastructures", ajoute-t-il, soulignant la coopération des différents acteurs publics impliqués. "La France a une vraie équipe de combat."

La perspective du divorce entre le Royaume-Uni et l'Union européenne a fait miroiter aux principales capitales européennes l'espoir d'un rééquilibrage par rapport à Londres, de très loin la première place financière européenne.

L'enthousiasme initial est depuis légèrement retombé. Alors que les rebondissements dans la saga du Brexit se sont multipliés, plusieurs grandes banques internationales basées à Londres, qui avaient un temps envisagé de transférer une partie de leurs activités internationales, ont pour l'heure renoncé ou revu leurs projets de délocalisation à la baisse.

L'annonce de JPMorgan coïncide avec la tenue, lundi, d'un nouveau sommet "Choose France" où 180 dirigeants d'entreprise seront reçus à Versailles par Emmanuel Macron.

A cette occasion, une série d'investissements dans l'Hexagone seront annoncés, notamment par le croisiériste MSC pour deux bateaux qui seront construits par les Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire garantissant 2.400 emplois pendant 3 ans et demi.

Le groupe pharmaceutique AstraZeneca prévoit, lui, d'investir 500 millions de dollars et de créer 150 emplois, notamment via de nouvelles lignes de montage sur son site de production de Dunkerque, tandis que l'équipementier télécoms suédois Ericsson va ouvrir un centre de R&D avec à la clef 300 emplois.

(avec Maya Nikolaeva, édité par Jean-Stéphane Brosse)

par Gwénaëlle Barzic