Londres (awp/afp) - Le groupe pharmaceutique britannique AstraZeneca a approché l'américain Gilead en vue d'une méga-fusion qui leur permettrait notamment d'unir leurs forces dans la lutte contre le Covid-19, a révélé l'agence Bloomberg.

Ce mariage donnerait naissance à un mastodonte valorisé plus de 200 milliards de dollars, ce qui en ferait la fusion la plus importante de l'histoire du secteur pharmaceutique, indiquait l'agence financière dimanche soir.

AstraZeneca a fait une première approche auprès de Gilead mais les deux sociétés ne sont pas encore en discussions formelles, selon des sources proches du dossier citées par Bloomberg.

Interrogé par l'AFP, le groupe britannique n'avait pas encore réagi lundi.

A la Bourse de Londres, le titre d'AstraZeneca était en baisse de 2,48% à 8.218,00 pence vers 13H30 GMT.

Le groupe britannique et l'américain sont en pointe dans la recherche d'un vaccin et d'un traitement contre le nouveau coronavirus.

AstraZeneca travaille sur un vaccin avec l'université d'Oxford dont il saura en septembre s'il est efficace ou non.

Les essais sur l'homme ont commencé fin avril au Royaume-Uni, ainsi qu'au Brésil. Mais pour ne pas perdre de temps en cas de succès, AstraZeneca a déjà lancé la production de ce vaccin.

De son côté, Gilead est connu pour son antiviral expérimental remdesivir qui a été approuvé dans l'urgence début mai par l'agence américaine des médicaments (FDA) et peu après au Japon.

Initialement développé en vain contre la fièvre hémorragique Ebola, le remdesivir est la première thérapie à avoir démontré une certaine efficacité chez les patients hospitalisés pour le Covid-19 dans un essai clinique de taille significative, même si l'effet est considéré comme modeste.

Les analystes remarquent que ce rapprochement serait la première grande fusion déclenchée par la crise sanitaire, même si de nombreux obstacles resteront à franchir pour qu'elle voie le jour.

"Quoi de plus normal que d'avoir l'opération la plus importante de l'histoire de la santé pendant une crise sanitaire mondiale", remarque Jasper Lawler, analyse chez London Capital Group.

Mais "il y a des contraintes pratiques comme les restrictions de déplacements" et "cela suggère qu'un accord est loin d'être acquis et devra peut-être attendre que la pandémie soit passée", estime-t-il.

De grandes entreprises dans de nombreux secteurs pourraient être tentées par des rapprochements, qui seront plus faciles à financer compte tenu de la faiblesse des taux d'intérêt dans le monde, et permettront de se renforcer face à des perspectives économiques très sombres.

"Qu'il y ait un accord entre AstraZeneca et Gilead ou pas - et il semble qu'on n'en soit qu'aux prémices -, cette histoire pourrait être le début d'une consolidation dans le secteur", estime Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

Pour lui, il y a des obstacles notables à relever, notamment "la dette élevée d'AstraZeneca" et le fait que le groupe "ait déjà du mal à payer son dividende avec sa trésorerie, ce qui rend toute nouvelle acquisition risquée même avec les taux d'intérêts à de faibles niveaux".

afp/rp