par Richa Rebello

La Banque centrale européenne (BCE), qui a récemment musclé son programme de rachat de titres, devrait annoncer des mesures de relance supplémentaires en réponse à la récession provoquée par la pandémie de coronavirus, montre vendredi une enquête de Reuters auprès d'économistes.

La BCE a annoncé la semaine dernière une augmentation de 600 milliards d'euros de son programme d'achats d'urgence pandémique (PEPP), ainsi porté à 1.350 milliards.

L'enquête réalisée par Reuters entre le 8 et 11 juin, donc après la levée des mesures de confinement dans la majorité des pays de la zone euro, montre que les trois quarts (31 sur 41) des économistes pensent que la banque centrale ne s'arrêtera pas là.

La BCE devrait encore gonfler son programme de rachats de dette d'ici la fin de l'année, d'après 23 économistes, dont neuf prévoient une telle annonce entre juillet et septembre.

D'autres estiment que la BCE pourrait étendre ses achats à des obligations d'entreprises tombées en catégorie spéculative pendant la pandémie, ajuster les paramètres de la modulation du taux de dépôt négatif ou octroyer des prêts aux banques commerciales à des taux encore plus bas qu'aujourd'hui.

"Nous pensons que le PEPP sera maintenu pendant encore très longtemps, ce qui est crucial car les Etats émettront davantage (de dette) pour soutenir leurs économies. La BCE devra donc en acheter davantage", a déclaré Marco Valli, responsable de la recherche macro chez UniCredit.

"Nous nous attendons à un rebond économique assez fort au second semestre après un très mauvais premier semestre. La plupart des gens sous-estiment probablement l'ampleur de la contraction au deuxième trimestre", a ajouté Marco Valli.

La contraction du produit intérieur brut (PIB) des 19 pays ayant adopté la monnaie unique est attendue à 12,5% au deuxième trimestre selon l'enquête de Reuters, contre une précédente prévision de -11,3%.

Le PIB devrait ensuite rebondir de 7,9% au troisième trimestre puis de 3,1% au quatrième.

Sur l'ensemble de l'année, le PIB de la zone euro devrait ressortir en baisse de 8,1% d'après l'enquête réalisée auprès de 90 économistes, avant un rebond de 5,4% en 2021.

Les prévisions de croissance de la Banque centrale européenne sont plus pessimistes. En prenant compte l'impact de la pandémie, elle s'attend à une contraction de 8,7% du PIB cette année suivie d'une croissance de 5,2% en 2021.

Presque tous les économistes interrogés ont déclaré que la réponse de la BCE à la crise économique due au coronavirus avait été "correcte".

Une courte majorité (20 sur 38) a en revanche jugé le plan de relance de 750 milliards d'euros de la Commission européenne.

(Version française Laetitia Volga, édité par Marc Angrand)