(Actualisé avec annonce officielle du décret)

par Stefano Bernabei et Valentina Za

ROME/MILAN, 7 janvier (Reuters) - Le gouvernement italien a approuvé lundi un décret permettant à la banque en difficulté Banca Carige de bénéficier de la garantie de l'Etat pour émettre de nouvelles obligations et d'accéder à des financements de la Banque d'Italie.

Carige, incapable le mois dernier de boucler une augmentation de capital pour renforcer ses fonds propres, pourra aussi solliciter l'accès à un dispositif de recapitalisation soutenu par l'Etat en cas de besoin, a précisé le gouvernement dans un communiqué publié après un conseil des ministres extraordinaire réuni dans la soirée.

Selon une source financière proche du dossier, la banque ne solliciterait toutefois le déclenchement de ce dispositif qu'en cas de difficultés supplémentaires imprévues.

La Banque centrale européenne (BCE) a nommé la semaine dernière trois administrateurs extraordinaires chargés de tenter de trouver une solution pour recapitaliser la banque génoise, dont le premier actionnaire, la famille Malacalza, a empêché une augmentation de capital de 400 millions d'euros.

Le fonds italien de garantie des dépôts (FITD), alimenté par d'autres banques du pays, a acquis fin 2018 pour 320 millions d'euros d'obligations hybrides émises par Carige pour l'aider à atteindre le ratio de fonds propres fixé par les autorités.

Une rencontre entre les administrateurs nommés par la BCE et des représentants du FITD devait avoir lieu lundi. Une personne proche du dossier a dit que la possibilité de réduire le montant des intérêts de l'emprunt convertible serait évoquée lors de cette réunion.

UNE FUSION OU UNE VENTE ÉVOQUÉES

L'échec du projet d'augmentation de capital a fait grimper le coupon de cet emprunt, passé de 13% à 16%. Pour Carige, cela représente 51 millions d'euros d'intérêts annuels, ce qui risque de fragiliser davantage sa situation financière.

Salvatore Maccarone, président du FITD, a déclaré à Reuters qu'une réduction du coupon nécessitait une procédure complexe et que cette solution était peu probable.

Raffaele Lener, l'un des trois administrateurs spéciaux de Carige, a déclaré dans une interview publiée lundi que la banque génoise devait négocier une "solution différente" avec le FITD pour tenir compte de l'évolution de la situation en ce qui concerne ses obligations convertibles.

Interrogé dans le supplément Affari&Finanza du quotidien La Repubblica, Raffaele Lener a ajouté qu'une augmentation de capital pourrait ne pas être nécessaire si Carige concluait rapidement un accord de fusion ou si elle restructurait ses activités.

Des banquiers soulignent cependant que Carige s'est séparée de ses meilleurs actifs ces dernières années, ce qui a accru son exposition à une économie italienne sans dynamisme et l'a rendue moins attractive pour d'éventuels acquéreurs.

Elément susceptible de favoriser une vente, le gouvernement italien a eu des contacts préliminaires avec Carige pour lui reprendre éventuellement des créances douteuses, a dit à Reuters une source proche du dossier.

(Avec Giulio Piovaccari, Giuseppe Fonte et Valentina Za; Bertrand Boucey pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot et Marc Angrand)