* La Bourse et le réal ont fini en nette hausse

* Le second tour le 26 octobre s'annonce serré

* Suspense sur une consigne de vote du PSB au second tour

RIO DE JANEIRO/SAO PAULO, 7 octobre (Reuters) - Les marchés financiers brésiliens ont fini en forte hausse lundi, saluant la présence au second tour de l'élection présidentielle de leur candidat favori, le centriste Aecio Neves, face à la présidente sortante de gauche Dilma Rousseff.

L'indice Bovespa de la Bourse de Sao Paulo a fini en hausse de 4,7%, sa plus forte hausse journalière depuis plus de trois ans, après avoir un moment gagné 8% séance. Le réal a gagné 1,46% face au dollar.

Avec 33,6% des suffrages dimanche, Aecio Neves, candidat du Parti social-démocrate du Brésil (PSDB), a obtenu huit points de moins que la présidente sortante, candidate du Parti des travailleurs (PT) (41,6%). Le sénateur centriste, longtemps donné troisième par les sondages pour le premier tour, a fait une remontée fulgurante, éliminant la candidate du Parti socialiste brésilien (PSB), Marina Silva, donné un temps favorite. Le second tour, le 26 octobre, s'annonce serré.

Le second tour sera une bataille entre deux visions opposées du Brésil : un capitalisme dirigé par l'Etat pour la représentante du Parti des travailleurs et une politique favorable aux marchés promise par le PSDB. Les deux partis à eux deux sont au pouvoir depuis 20 ans.

Dilma Rousseff et le PT accusent le PSDB de favoriser les ménages les plus aisés, une accusation qui porte dans un pays où plus de la moitié des électeurs vivent au sein de foyers dont le revenu est inférieur à 1.000 dollars (800 euros) par mois.

Les investisseurs accusent Dilma Rousseff de mener une politique inflationniste et de n'avoir pas soutenu la croissance. Après une croissance supérieure à 4% par an durant le boom des matières premières de la dernière décennie, l'économie brésilienne n'a plus affiché qu'une croissance moyenne de 2% sous le mandat de Dilma Rousseff.

"FANTÔMES DU PASSE"

Dilma Rousseff reste légèrement favorite en raison de son ancrage chez les pauvres, mais Aecio Neves devrait récupérer une grande partie des 21% d'électeurs qui ont voté pour Marina Silva, estiment les observateurs.

Marina Silva a appelé Dilma Rousseff et Aecio Neves lundi mais ils disent ne pas avoir soulevé la question de son soutien. Le PSB se réunit mercredi. La décision de soutenir ou pas un candidat au second tour devrait être rendue publique jeudi.

Aecio Neves a tendu la main à Marina Silva lundi, en soulignant la similitude de leurs propositions pour réduire la taille du secteur public et promouvoir l'entreprise privée.

Il a affirmé qu'il était le candidat du changement et a aussi contre-attaqué face à Dilma Rousseff qui avait dit qu'il représentait les "fantômes du passé", référence à la politique d'austérité, aux licenciements et aux privatisations menées par le PSBD quand il était au pouvoir entre 1995 et 2002.

"La vérité est que les Brésiliens sont nettement plus préoccupés par les monstres du présent: forte inflation, récession et corruption", a lancé Aecio Neves.

"Ce ne sont pas les investisseurs qui gagnent pas les élections au Brésil. Elles sont gagnées avec les voix du peuple brésilien", a rétorqué la présidente.

Elle s'en est également prise au principal conseiller économique de son challenger, l'ancien président de la banque centrale Arminio Fraga, en disant que l'inflation avait dépassé l'objectif officiel sous son mandat et que les taux d'intérêt avaient atteint 45%.

A PERTE

Les sondages montrant que Dilma Rousseff regagnait du terrain avant le premier tour avait fait chuter les marchés d'actions et le réal brésiliens.

A la clôture des marchés vendredi dernier, la plupart des investisseurs pensaient que Dilma Rousseff obtiendrait deux fois plus de suffrages que le candidat qui arriverait second.

La hausse de la Bourse lundi, explique Siobhan Morden, responsable de l'Amérique latine chez Jefferies à New York, "reflète une compétition bien plus serrée et (la possibilité) à qu'une victoire de l'opposition soit plus favorables aux marchés avec Aecio Neves qu'avec Marina Silva."

Les investisseurs se disent aussi que si Dilma Rousseff remporte un nouveau mandat de quatre ans, son gouvernement mènera une politique plus favorable aux marchés pour tenir compte de la percée récente d'Aecio Neves, interprété comme un signe que de nombreux Brésiliens souhaitent un changement de politique économique.

Le réal s'est raffermi lundi pour se traiter à 2,4259 pour un dollar.

Du côté des valeurs boursières, la compagnie pétrolière publique Petroleo Brasileiro (Petrobras), forcée par le gouvernement sortant à vendre son carburant à perte sur le marché domestique, a bondi de plus de 11%, son gain le plus élevé depuis près de six ans.

La banque publique Banco do Brasil SA, qui a été obligée d'abaisser ses taux d'intérêt pour soutenir la consommation, a gagné 11,9%, là encore son gain le plus élevé depuis la fin 2008.

Les analystes disent s'attendre à une instabilité des marchés ces prochains jours dans l'attente de nouveaux sondages et d'un éventuel soutien du PSB à l'un des deux candidats. (Walter Brandimarte and Asher Levine; Danielle Rouquié pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Petroleo Brasileiro Petrobras SA, Banco do Brasil SA