sa concurrente Banco Popular, que les autorités européennes jugeaient au bord de la faillite.

Santander lancera par ailleurs une augmentation de capital de l'ordre de sept milliards d'euros afin de couvrir les provisions et le capital nécessaires au redressement de Popular.

Cette initiative, qui fait suite à une déclaration de la Banque centrale européenne (BCE) selon laquelle Popular risquait la liquidation, est la première mise en pratique d'une nouvelle méthode de traitement des banques en grande difficulté adoptée à la suite de la crise financière.

Banco Popular avait subi des retraits de dépôts qui n'avaient fait qu'aggraver ses difficultés financières pour déboucher finalement sur sa vente, une opération qui ne se fera pas sans pertes pour ses actionnaires et certains de ses créanciers.

"La décision prise aujourd'hui préserve les déposants et les fonctions essentielles de Banco Popular", a dit dans un communiqué Elke König, la présidente du Conseil de résolution unique (CRU), un organisme de l'Union européenne chargé de la liquidation des banques défaillantes.

La BCE a conclu de la dégradation significative de la situation de liquidité de la banque ces derniers jours que celle-ci aurait été incapable, dans un proche avenir, de payer ses dettes ou tout autre passif à échéance.

PROVISIONS DE 7,9 MILLIARDS D'EUROS

Le ministre espagnol de l'Economie, Luis de Guindos, a jugé que la reprise de Popular par Santander était une bonne chose, qu'elle n'aurait aucun impact sur les finances publiques et il a laissé entendre que le cas Popular resterait isolé.

Ana Botin, présidente de Santander, a dit que l'opération étendrait le rayon d'action du groupe bancaire qui profiterait de l'amélioration de la situation économique de l'Espagne mais aussi du Portugal.

Ployant sous 37 milliards d'euros de créances immobilières douteuses et irrécouvrables, héritage de la crise financière qui avait touché l'Espagne, Banco Popular a vu son action chuter de plus de moitié après que le CRU a fait savoir que la banque risquait la liquidation si elle ne trouvait pas un repreneur.

Le ratio des créances douteuses de Popular représente le triple environ de la moyenne de ses concurrentes.

Santander, qui n'avait jusque là repris aucun canard boiteux durant la crise bancaire espagnole, a dit que l'acquisition de Popular accélérerait la croissance et la génération de bénéfices à partir de 2019.

Elle a ajouté qu'elle constituerait pour 7,9 milliards d'euros de provisions destinées à couvrir le passif douteux ou irrécouvrable et qu'elle confirmait ses objectifs financiers de 2017 et de 2018.

Santander ajoute que l'opération, qui devrait être neutre sur son ratio de fonds propres CET1, devrait produire des synergies annuelles de l'ordre de 500 millions d'euros à partir de 2020.

Popular avait constitué l'un des portefeuilles de crédits aux PME les plus étoffés d'Espagne et Santander a fait savoir qu'elle serait dorénavant leader de ce segment avec une part du marché local de 25%.

L'action Santander a ouvert en baisse de 3% en Bourse de Madrid, où les transactions sur Popular sont suspendues, avant de remonter et de gagner 0,3% vers 08h15 GMT.

(Avec Andrez Gonzalez, Jose Elias Rodriguez et Angus Berwick à Madrid et Jan Strupczewski à Bruxelles; Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Patrick Vignal)

par Sonya Dowsett et Francesco Canepa

Valeurs citées dans l'article : Banco Santander, Banco Popular Espanol