Francfort (awp/afp) - La Banque centrale européenne (BCE) a indiqué mardi que six banques sous sa surveillance présentaient en 2019 un niveau de fonds propres inférieur aux recommandations, et s'est inquiétée de la faible rentabilité du secteur.

Six des 109 banques en zone euro passées sous le scanner du superviseur logé au sein de la BCE affichaient l'an dernier un matelas de fonds propres "inférieur à la recommandation" dite du "pilier 2", fixée par le superviseur pour chaque banque, selon un communiqué.

"Quatre d'entre elles avaient résorbé ce déficit dès la fin 2019. Les deux banques restantes doivent adopter des mesures correctrices selon un calendrier précis", a déclaré Andrea Enria, président du superviseur des banques pour la zone euro, lors d'une conférence de presse.

Après avoir été relevées plusieurs années d'affilée, les exigences totales de fonds propres rapportés aux actifs à risques, vont elles rester stables à 10,6% en 2019, par rapport à 2018, a précisé la BCE.

Pour la première fois, le superviseur a publié pour chaque banque sa demande en capital relevant seulement du "pilier 2", qui est un élément constitutif des fonds propres globaux permettant de faire face aux risques.

L'éventail se situe entre la plus basse valeur de 0,75% pour la CHR (Caisse de refinancement de l'habitat), détenue par les grandes banques françaises, et la plus haute à 3,5% pour l'Ulster Bank et jusqu'à 3,3% pour la filiale irlandaise de Barclays Bank, sans que ces cas "soient liés au Brexit", a précisé M. Enria.

BNP Paribas se voit exiger un matelas de 1,25% par la BCE, contre 2,5% pour sa rivale allemande Deutsche Bank. Plusieurs banques grecques encore convalescentes après la crise de la dette doivent elles constituer 3% ou plus de fonds propres au titre du seul "Pilier 2".

Le superviseur a par ailleurs déploré que les bénéfices des banques demeurent "inférieurs au coût de leur capital" pour la majorité des établissements importants. L'environnement de taux historiquement faibles les oblige à revoir leur modèle d'activité voire à se restructurer comme Deutsche Bank, ce qui suscite un dialogue permanent avec le superviseur.

S'ajoutent des lacunes dans la gouvernance, à cause desquelles "les organes de direction manquent d'efficacité et les contrôles internes sont insuffisants".

Enfin, les banques semblent plus exposées à divers risques opérationnels, la BCE citant ceux liés à l'informatique et à la cybercriminalité.

Un point de satisfaction concerne la baisse continue du volume des prêts en souffrance, qui ont représenté 543 milliards d'euros à fin septembre 2019 au sein de l'échantillon, soit un ratio de 3,4%, contre environ 1.000 milliards d'euros et un ratio de 8% en 2014, quand la BCE a commencé à assumer ses missions de surveillance des banques.

afp/ck