La banque centrale britannique a ramené son taux d'intérêt de 0,75% à 0,25%, son plus bas niveau historique. Il s'agit de la première baisse décidée depuis 2016 et de la première depuis 2008 annoncée sans attendre une réunion du Comité de politique monétaire, la prochaine étant prévue dans deux semaines.

"Le rôle de la Banque d'Angleterre est d'aider les entreprises et les ménages britanniques à traverser un choc économique qui pourrait se révéler important et brutal mais qui devrait être temporaire", a déclaré le gouverneur de la BoE, Mark Carney, à la presse.

Il a ajouté que la BoE coordonnait ses décisions avec le gouvernement afin d'assurer "un impact maximal" et qu'elle avait décidé d'agir après avoir constaté une "chute brutale" de l'activité ces dernières semaines dans certains secteurs de l'économie, citant la distribution et les dépenses non-contraintes.

Mark Carney, qui quittera ses fonctions dimanche et qui s'exprimait au côté de son successeur, Andrew Bailey, a estimé que rien ne permettait de conclure que les perturbations liées au coronavirus seraient comparables à celles liées à la crise financière de 2008.

"La baisse des taux d'intérêt peut favoriser une reprise quand elle se produira et elle peut aider un peu à court terme", commentent les analystes de BofA Global Research dans une note tout en soulignant que "la politique monétaire n'est qu'une pièce du puzzle: une politique budgétaire ciblée est plus importante".

DES CAPITAUX LIBÉRÉS POUR DOPER LE CRÉDIT BANCAIRE

La baisse de taux annoncée mercredi intervient huit jours après celle, de même ampleur, décidée par la Réserve fédérale américaine et à la veille de la réunion du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE).

Les marchés s'attendent à ce que cette dernière réduise le taux de sa facilité de dépôt, fixé pour l'instant à -0,5%, une mesure qui pourrait s'accompagner de nouveaux financements très bon marché pour les banques afin de soutenir le crédit.

La BoE, elle, n'a pas annoncé de nouveaux achats d'obligations sur les marchés mais elle a ramené à zéro le "coussin de capitaux contracyclique" que doivent constituer les banques britanniques pour renforcer leur solvabilité et lancé un nouveau dispositif de soutien au crédit aux petites et moyennes entreprises (PME).

La première de ces mesures devrait permettre selon elle de dégager quelque 190 milliards de livres sterling (217 milliards d'euros environ), l'équivalent de 13 fois les crédits nets accordés par les banques l'an dernier.

A la Bourse de Londres, les valeurs bancaires étaient en hausse en matinée, de 1,4% pour Barclays, 1,59% pour HSBC et 1,93% pour Lloyds Banking Group.

L'indice londonien FTSE 100 progressait alors de 0,55%.

Sur le marché des changes, la livre sterling a brièvement cédé du terrain face au dollar mais elle a vite effacé ses pertes et vers 10h40 GMT, elle s'appréciait de 0,2% à 1,2934 dollar.

Le ministre des Finances britannique, Rishi Sunak, nommé le mois dernier, présentera le projet de budget du gouvernement de Boris Johnson peu après 12h30 GMT. Il devrait entre autres annoncer des financements supplémentaires pour le secteur de la santé face à l'épidémie de coronavirus, ainsi que des mesures de soutien à l'activité.

Selon des statistiques officielles publiées en début de journée, le produit intérieur brut (PIB) britannique a stagné en janvier, une mauvaise surprise après plusieurs indicateurs qui laissaient entrevoir un rebond lié à la victoire des conservateurs aux élections législatives de décembre.

(Version française Myriam Rivet, Patrick Vignal et Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)

par David Milliken et Paul Sandle