Les poursuites intentées par Edwin Hardeman, un habitant de Californie, contre le groupe allemand seront examinées à partir de lundi devant un tribunal fédéral de San Francisco.

Ce procès aura également valeur de test pour une procédure qui pourrait prendre de plus larges dimensions: plus de 760 des 9.300 dossiers impliquant le Roundup sont en effet en train d'être regroupés dans ce tribunal fédéral de San Francisco.

Bayer conteste toutes les allégations selon lesquelles le Roundup ou le glyphosate pourraient causer le cancer, affirmant que pendant des décennies, des études indépendantes ont montré que le désherbant le plus largement utilisé au monde était sans danger pour l'homme.

Le groupe allemand, qui a racheté Monsanto pour 62,5 milliards de dollars, note aussi que les régulateurs à travers le monde avaient autorisé le produit.

En vertu d'une décision rendue début janvier, Vince Chhabria, le juge fédéral américain chargé des actions en justice visant le Roundup, a interdit aux avocats d'Edwin Hardeman de présenter des preuves montrant que l'entreprise aurait tenté d'influencer les autorités de régulation et de manipuler l'opinion publique.

Selon cette décision, ces preuves ne seront autorisées que s'il était établi que le glyphosate est effectivement la cause du cancer d'Edwin Hardeman.

En août dernier, un jury californien a considéré que le Roundup était à l'origine du cancer qu'a développé Dewayne Johnson et a condamné la filiale de l'allemand Bayer à lui verser 289 millions de dollars (253 millions d'euros).

Les preuves d'un comportement inapproprié de Monsanto ont été considérées comme ayant joué un rôle déterminant dans la condamnation d'août dernier. Depuis, les dommages-intérêts ont été réduits à 78 millions de dollars.

Après ce verdict, le cours de l'action Bayer avait chuté de 10%; le titre reste depuis très volatile.

Edwin Hardeman a commencé à utiliser l'herbicide Roundup dans les années 1980 dans sa propriété et a pulvérisé de "grandes quantités" de ce produit pendant de nombreuses années, selon des documents judiciaires.

On lui a diagnostiqué un lymphome non hodgkinien, un cancer du système lymphatique, en février 2015 et il a engagé une action en justice un an plus tard.

Mais Edwin Hardeman a des antécédents d’hépatite C, un facteur de risque de développer un lymphome. Bayer a également déclaré que la majorité des incidents de lymphome non hodgkinien avait un "caractère idiopathique" ou que cette maladie n'avait aucune cause connue.

(Matthieu Protard pour la version française, édité par Henri-Pierre André)

par Tina Bellon