"Nous avons perdu deux procès en première instance. C'est pourquoi l'entreprise est lourdement touchée. On le voit dans le cours de notre action", a déclaré Werner Baumann lors d'une table ronde organisée dans une université à Cologne.

"On l'observe de manière différente, principalement ici en Allemagne et en France - dans une moindre mesure aux Etats-Unis - en ce qui concerne notre réputation", a-t-il ajouté.

L'action Bayer a perdu plus d'un tiers de sa valeur, faisant chuter la capitalisation boursière du groupe d'environ 30 milliards d'euros, depuis qu'un jury aux Etats-Unis a décidé en août dernier que le chimiste allemand pouvait être tenu responsable du manque d'informations fournies par Monsanto au sujet des risques présumés de cancer liés au Roundup. Un autre jugement similaire, défavorable à Bayer, a encore été rendu le mois dernier.

Plus de 11.000 plaignants réclament des indemnités à Bayer pour leur exposition au Roundup de Monsanto.

"Il y a beaucoup de politisation, de campagne et de propagande qui vont totalement à l'encontre du statut réglementaire actuel de nos produits. Cela a poussé les avocats américains à lancer des actions en justice, une grande activité aux Etats-Unis", a dit Werner Baumann.

L'Agence américaine de protection de l'environnement, l'Agence européenne des produits chimiques et d'autres organismes de régulation à travers le monde ont déclaré que le glyphosate, le composant actif du Roundup, n'était probablement pas cancérigène pour l'homme.

Le groupe de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est toutefois parvenu en 2015 à une conclusion différente et a classé le glyphosate dans les substances "probablement cancérigènes pour l'homme".

Bayer, qui a racheté Monsanto l'an dernier pour 63 milliards de dollars (56 milliards d'euros), conteste les jugements rendus et note aussi que les régulateurs à travers le monde ont autorisé le produit.

Mercredi, Deka Investment, l'un des principaux actionnaires de Bayer, s'en est pris à la direction du groupe allemand en l'accusant d'avoir sous-estimé les risques juridiques liés à cette acquisition, ce qui pourrait annoncer une assemblée générale particulièrement tendue le 26 avril.

Le titre Bayer perdait 0,88% à 60,93 euros vers 09h45 GMT à la Bourse de Francfort, dont l'indice Dax était stable au même moment.

(Ludwig Burger; Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

Valeurs citées dans l'article : DAX, Bayer AG