Le constructeur allemand va porter de 50% à 75% sa part dans sa coentreprise avec Brilliance China Automotive. L'opération devrait être finalisée en 2022 lorsque le plafonnement des participations étrangères dans toutes les coentreprises du secteur automobile sera supprimé.

Cette initiative va probablement amener BMW à transférer une plus grande partie de sa production vers la Chine, ce qui pourrait gonfler son bénéfice alors que le conflit commercial entre Washington et Pékin a renchéri le coût de ses véhicules destinés au marché chinois et assemblés dans son usine de Caroline du Sud.

Cette annonce marque aussi une étape importante pour les constructeurs étrangers, contraints jusqu'à présent de partager les bénéfices réalisés en Chine avec leurs partenaires locaux.

"Nous entrons aujourd'hui dans une nouvelle ère", a dit le président du directoire de BMW, Harald Kruger, dans un discours à Shenyang, ville du nord-est de la Chine où est basée la coentreprise.

Il a remercié le Premier ministre chinois, Li Keqiang, pour avoir "personnellement appuyé" ce projet.

Pékin cherche à inciter les constructeurs étrangers à investir davantage en Chine.

La règle limitant à 50% les participations étrangères dans le secteur des voitures électriques a ainsi été assouplie dès cette année. L'américain Tesla en a déjà profité en obtenant l'autorisation de contrôler entièrement une entreprise basée à Shanghaï chargée de l'assemblage et de la commercialisation de ses véhicules en Chine.

UN EXEMPLE POUR D'AUTRES CONSTRUCTEURS ?

"Etant donné le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine, il y a une puissante incitation pour les constructeurs à construire les véhicules là où ils les vendent", dit James Chao, analyste du secteur automobile.

Selon lui, la prise de contrôle de sa coentreprise pourrait conduire BMW à transférer la fabrication de modèles comme les SUV X4, X5 et X6, actuellement assemblés aux Etats-Unis, vers la Chine.

La coentreprise BMW Brilliance Automotive prévoit d'investir plus de 3 milliards d'euros dans l'extension de son site de production, a dit Harald Kruger. L'accord de coentreprise a en outre été prolongé jusqu'à 2040, contre 2028 jusqu'à présent, a ajouté le constructeur allemand.

Le titre coté à Hong Kong de Brilliance China, qui tire l'essentiel de ses revenus des ventes de véhicules de la marque BMW, a chuté de près de 50% cette année dans l'anticipation de la baisse de sa participation dans la coentreprise.

L'initiative de BMW va probablement servir d'exemple à d'autres grands constructeurs automobiles, prédit Yale Zhang, patron du cabinet spécialisé Automotive Foresight.

"D'autres suivront avec le temps mais les modalités du divorce dépendent de la force et des capacités du partenaire local", dit-il.

Certains constructeurs comme Daimler ou Honda ont déclaré cette année ne pas prévoir dans l'immédiat une modification de la structure de leurs coentreprises en Chine malgré les assouplissements réglementaires.

(Avec Gaurika Juneja à Bangalore; Bertrand Boucey pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)

par Norihiko Shirouzu