Belvédère cède 0,85% à 34,35 euros après un énième rebondissement. Faute du quorum nécessaire, l'assemblée générale extraordinaire d'hier soir a été ajournée. L'enjeu était pourtant crucial puisqu'il s'agissait de se prononcer sur la restructuration de sa dette. Mais le bureau de l'assemblée générale, entre les mains de la direction, a décidé de ramener les droits de vote détenus par Nicolas Miguet, au titre des procurations reçues, de 23,75% à 2,5%, estimant que le délai de déclaration de 4 jours n'avait pas été respecté. Aucune nouvelle date de convocation n'a été donnée aux actionnaires.

Dirigé par l'ancien international polonais de handball Krzysztof Trylinski, Belvédère, en redressement judiciaire depuis mars 2012, a proposé à la fin de l'été un plan destiné à solder une dette financière nette qui s'élevait à 629 millions d'euros à fin juin 2012 dont l'essentiel a été contracté en 2006 pour financer le rachat de Marie Brizard.

Ce plan de désendettement prévoit différents mécanismes des cessions d'actifs et de conversion des créances en actions. L'ampleur du plan d'apurement de passif dépend du volume de cessions que le groupe parviendra à réaliser. Plus le produit des cessions sera important, moins les actionnaires actuels se trouveront dilués au capital au profit des créanciers, des fonds anglo-saxons.

D'après un document soumis à l'assemblée générale, si aucune cession d'actifs n'est possible, toute la dette de Belvédère sera convertie en actions et les actionnaires actuels de la société verront effectivement leur part au capital chuter de 100% à 13%. En clair, les fonds anglo-saxons prendront le contrôle du groupe. Ils s'empareront de 87% de son capital, l'américain Oaktree s'en arrogeant 38%.

Ce plan suscite donc des critiques parmi certains petits actionnaires. Nicolas Miguet, qui est parvenu à regrouper 24,81% du capital et 23,75% des droits de vote de Belvédère, dénonce le "chantage" que mène le groupe auprès des actionnaires, en leur disant que s'ils ne votent pas le plan, il y aura liquidation de la société.

Dans une déclaration publiée par l'AMF hier, l'homme d'affaires propose le retour de l'ancien patron du groupe, Jacques Rouvroy, comme président du conseil d'administration, et la prolongation de six mois de la période d'observation par le tribunal de commerce de Dijon, afin de renégocier la dette du groupe.

Nicolas Miguet a également proposé la cession du pôle vodka aux créanciers obligataires FRN (floating rate notes : 76% de la dette actuelle) contre 100% des créances. Les autres créanciers auraient le choix entre 33,5% en cash ou 100% sur 10 ans. Les actionnaires recevraient en fin des BSA à courte échéance, permettant de lever un minimum de 100 millions d'euros.

Un plan qui ne devrait pas séduire l'acteur américain Bruce Willis, actionnaire de Belvédère à hauteur de 3%. Le héros "Die Hard 5 : belle journée pour mourir" est en effet favorable au plan de restructuration de la dette proposé par la société.