La première "major" européenne, dont les actionnaires ont approuvé la semaine dernière le rachat de BG pour 49 milliards de dollars (44 milliards d'euros), a précisé que son bénéfice net avait fondu de 87% en 2015, à 1,94 milliard de dollars, ce qui est conforme aux anticipations des analystes financiers.

Ce solde est le plus faible depuis au moins 2002 et résulte d'un segment production qui supporte mal la conjoncture déprimée du moment, avec des cours du brut qui ont perdu environ 70% depuis leur dernier pic de juin 2014.

Le résultat ajusté du seul quatrième trimestre a reculé de 44%, à 1,83 milliard de dollars. Le 20 janvier, Shell avait dit anticiper pour les trois derniers mois de l'année dernière un bénéfice divisé par près de deux.

"Shell prendra à nouveau des décisions de poids pour traverser cette période de déclin des prix pétroliers, pour autant que cela s'impose", déclare dans un communiqué le directeur général, Ben van Beurden, qui s'attend à ce que le marché pétrolier se rééquilibre dans le courant de l'année, ou au début de 2017.

Ben Ven Beurden estime que le marché se trouve au creux du cycle des prix, ou en tout cas non loin, et que les fondamentaux pétroliers plaident pour une remontée des cours.

FORTE HAUSSE DE L'ACTION SHELL

Dans l'intervalle, la chute des prix pétroliers prélève un lourd tribut sur les producteurs. Exxon Mobil, premier pétrolier mondial, a annoncé cette semaine son plus faible profit trimestriel depuis plus de dix ans, tandis que BP a subi l'an dernier la plus forte perte de son histoire.

Shell a renoncé à de gros projets durant l'année écoulée, en particulier à un programme de prospection très critiqué en Alaska, au gisement gazier Bab à Abou Dhabi et aux sables bitumineux du site Carmon Creek au Canada.

Le norvégien Statoil a dit jeudi aussi qu'il réduirait cette année ses dépenses d'investissement de 1,7 milliard de dollars.

Les investissements de Shell sur l'ensemble de 2015 sont ressortis à 28,9 milliards de dollars, soit 8,4 milliards de moins qu'en 2014. Pour 2016, les investissements du nouvel ensemble Shell-BG sont prévus à 33 milliards de dollars

Shell a enfin vendu pour 5,5 milliards de dollars d'actifs l'an dernier.

L'action gagnait 6,1% en Bourse de Londres en matinée, le marché saluant un bénéfice trimestriel conforme au consensus. L'indice européen des valeurs de l'énergie gagnait 3,53% dans le même temps, deuxième hausse de la matinée derrière celui des ressources naturelles (+4,90%).

La pétrolière Tullow Oil, en progressanbt de 10,3%, réalisait à ce moment-là la plus forte progression de l'indice Stoxx 600.

(Wilfrid Exbrayat et Benoît Van Overstraeten pour le service français)

par Ron Bousso et Karolin Schaps