Alors que les marchés boursiers, dont celui de Paris, sont forts bien orientés depuis le début de l'année, l'action Bic est à la peine. Elle a perdu plus du quart de sa valeur et, de ce fait, sous-performe massivement (de 42 points de pourcentage !) l'indice large SBF 120, dont elle est la lanterne rouge sur la période. Vers 66 euros, l'action Bic se traite à son plus bas niveau depuis le début de l'année 2012, sachant qu'elle avait culminé dans la zone des 150 euros durant l'été 2015.

Passons rapidement en revue l'évolution récente des fondamentaux de ce spécialiste du 'jetable', qu'il s'agisse des briquets, son activité la plus profitable, des rasoirs et des instruments d'écriture.

Commençons par la rentabilité du groupe dont la famille Bich reste, de loin, le premier actionnaire avec près de 45% des parts et plus de 60% des voix - et dont Gonzalve Bich est d'ailleurs le directeur général. Elle est historiquement élevée puisqu'en données normalisées, la marge opérationnelle de Bic s'est, ces dernières années, maintenue grosso modo entre 18 et 20%, dont 18,1% en 2018. Mais au 1er trimestre 2019, la voilà tombée à 13,1%, soit - 3,6 points de pourcentage par rapport au T1 2018.

Que s'est-il passé ? La dynamique des ventes peut l'expliquer. Après + 1,5% en 2018, la croissance organique s'est dérobée au 1er trimestre 2019, caractérisé par une contraction de 2% des facturations dans ce mêmes termes. Le groupe évoque sans surprise 'un environnement de marché toujours difficile' ainsi que 'la poursuite de la pression concurrentielle dans les rasoirs aux Etats-Unis'.

A y regarder de plus près, on s'aperçoit que depuis 2014, le chiffre d'affaires publié de Bic se maintient à proximité immédiate des deux milliards d'euros. Si des cessions d'activités périphériques et/ou peu performantes ont accentué la tendance, la stagnation est donc de mise. Et ce ne semble pas fini, le consensus s'attendant à un CA d'environ deux milliards d'euros en 2019 (la direction tablant sur 'une légère croissance du chiffre d'affaires à base comparable') comme en 2020.

Et maintenant ? La direction de Bic n'a évidemment pas pris la situation à la légère et s'est notamment engagée dans un programme d'économies et d'amélioration de l'efficacité du groupe doublé d'investissements destinés à redynamiser ses marques. Soit, mais le contexte ne devrait guère s'améliorer, pas plus que le prix des matières premières ni l'effet des changes. La direction de Bic anticipe donc, en 2019, 'une marge d'exploitation normalisée comprise entre 16,5% et 18%'. Taux qui traduirait certes une amélioration par rapport au T1, mais serait inférieur à la moyenne basse des dernières années.

Notons cependant qu'après 3,80 euros en 2018, le bénéfice par action Bic attendu par le consensus est supérieur à 5 euros de 2019 à 2021, pour un coupon devant grosso modo se maintenir vers 3,3 euros. De ce fait, le PER de Bic, qui a avoisiné les 20 fois ces dernières années, est retombé vers 12/13 fois.

A suivre sur l'agenda du groupe : les comptes semestriels, le 31 juillet.

EG

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