Cette acquisition permettra à LSE de concurrencer le groupe américain Bloomberg sur le marché très compétitif des données et de l'expertise financière.

Elle intervient seulement 10 mois après le rachat à Thomson Reuters de ces activités par un consortium dirigé par le fonds Blackstone, qui réalise ainsi une opération financière éclair et très lucrative en doublant quasiment la valeur de son investissement initial, selon une source proche du dossier.

Cet accord permettra notamment d'étoffer l'offre de LSE sur les transactions OTC grâce à la plate-forme FXALL de Refinitiv, dont les actionnaires contrôleraient environ 37% de la nouvelle entité mais moins de 30% des droits de vote.

La nouvelle entité restera dirigée par le président actuel de LSE, Don Robert, et son directeur général, David Schwimmer.

David Craig, qui rejoindra le comité exécutif de LSE, restera pour sa part directeur général de Refinitiv.

"Nos clients souhaitent de plus en plus réaliser des transactions entre les différentes parties du globe et sur toutes les devises", a souligné David Schwimmer lors d'une conférence de presse téléphonique.

A 09h45, le titre LSE gagnait 6,9% à la Bourse de Londres.

L'opération devrait passer sous les fourches caudines des autorités de la concurrence américaine et européenne, qui devraient l'examiner scrupuleusement, avaient dit quatre sources à Reuters, avant l'annonce officielle du projet.

En 2017, elles avaient décidé de bloquer le projet de fusion de LSE avec sa rivale Deutsche Börse, qui constituait la cinquième tentative de fusion entre les deux opérateurs boursiers.

ACCORD PRÉSERVÉ SUR LES INFORMATIONS DE REUTERS

Les responsables de LSE ont manifesté leur confiance sur une issue favorable de leur dossier.

"Nos activités sont très complémentaires, il y a plus de complémentarités que de doublons", a estime David Schwimmer, refusant de s'avancer sur de potentielles suppressions de postes.

Aux incertitudes concurrentielles s'ajoutent celles liées à la perspective d'une éventuelle sortie sans accord du Royaume-Uni de l'Union européenne, qui risque de peser sur la valeur de LSE.

Le nouveau Premier ministre Boris Johnson s'est en effet engagé à ce que le Royaume-Uni sorte coûte que coûte de l'UE d'ici le 31 octobre prochain, ce qui s'est traduit par une chute cette semaine de la livre sterling, qui a touché son plus bas niveau depuis plus de deux ans.

Sur un plan opérationnel, LSE a réorganisé certaines de ses activités exposées à l’UE, en créant un hub à Amsterdam pour sa plate-forme boursière paneuropéenne Turquoise et en transférant ses activités de négociations de la dette souveraine européenne dans la succursale milanaise de sa plate-forme MTS.

Le consortium Blackstone - qui comprend également l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada et le fonds souverain singapourien GIC Special Investments Pte Ltd, détient une participation de 55% dans Refinitiv.

Thomson Reuters, qui détient encore 45% de Refinitiv et contrôle l'agence de presse Reuters, détiendra in fine 15% de LSE, a annoncé le groupe canadien dans un communiqué.

L'accord signé lors de la cession à Blackstone portant sur la fourniture exclusive des informations de l'agence Reuters à Refinitif reste valable, a ajouté le groupe.

LSE a précisé que cette opération serait soumise à ses actionnaires au quatrième trimestre de 2019.

(Noor Hussain, Huw Jones et Rachel Armstrong, Jean-Michel Bélot pour le service français, édité par Gwénaëlle Barzic et Catherine Mallebay-Vacqueur)

par Noor Zainab Hussain et Huw Jones