par Patrick Vignal

PARIS, 20 mars (Reuters) - La crise économique résultant de l'épidémie de coronavirus devrait être moins longue et moins profonde que celle de 2008-2009, dit-on chez BNP Paribas Asset Management.

Les comparaisons entre les deux crises se multiplient mais il y a une différence de taille, selon Daniel Morris, stratégiste senior pour la branche de gestion d'actifs de la banque française.

"Si la crise de 2008-2009 a été si profonde et si longue, c'est parce qu'il s'agissait avant tout d'une crise bancaire, ce qui n'est pas du tout le cas cette fois-ci", dit-il à Reuters.

"Les banques sont plutôt solides. Il s'agit plutôt d'un choc de demande qui devrait durer peut-être quelques mois mais une fois que les mesures de restriction seront levées, la demande reviendra tout de suite, ce qui commence déjà à se manifester en Chine."

Le recul de 25% à 35% des indices boursiers a certes été spectaculaire par sa rapidité mais cela s'explique notamment par le fait que les niveaux de valorisation étaient élevés, ajoute-t-il.

Selon lui, le point bas est proche, ce qui se traduit dans la stratégie de BNPP AM en termes d'allocation.

"RISK ON"

"Nous sommes en ce moment plutôt positifs sur le risque et moins positifs sur les obligations", dit-il. "L'allocation de notre fonds multi-actifs est 'risk on', ce qui signifie que nous privilégions les actions parce que nous pensons que nous sommes arrivés à proximité du point bas, bien que nous nous attendions encore à de la volatilité.

"Si l'on a en effet touché le fond, cela suggère une contraction de l'économie américaine de 1,5% sur l'année, soit moitié moins que ce que l'on a eu en 2008-2009. Cette crise devrait donc être non seulement moins longue mais également moins profonde que celle de 2008-2009."

Pour Daniel Morris, les banques centrales et les gouvernements prennent les mesures suffisantes pour faire face à la crise actuelle mais risquent de manquer de munitions si le scénario d'une récession, quasi certain en Europe et possible aux Etats-Unis, se matérialise.

"Si les prévisions les plus pessimistes se vérifient, avec des taux d'intérêt très bas, voire négatifs, y compris aux Etats-Unis, il faudra certainement s'en remettre davantage à la stimulation budgétaire", dit-il.

En Europe, les efforts budgétaires ne sont pas suffisamment coordonnés, un problème déjà observé pendant la crise de la dette en zone euro, en raison de l'absence d'une politique et d'un budget communs, ajoute-t-il.

"Les banques centrales peuvent en revanche agir sur le financement des petites et moyennes entreprises, qui seront en première ligne dans cette crise, notamment si elle devait durer. Les banques centrales pourraient garantir, en imprimant de l'argent, les prêts que les banques accordent à ces PME."

(édité par Marc Angrand)