La deuxième banque de la zone euro par la capitalisation boursière, après l'espagnole Santander, s'attend désormais pour 2020 à un rendement de ses fonds propres (ROE) de 9,5% contre un objectif initial de 10%.

Son objectif de croissance de ses revenus sur la période allant de 2016 à 2020 est aussi revu à la baisse. BNP Paribas table désormais sur une progression de son produit net bancaire (PNB) de 1,5% par an et non plus de 2,5%, ce qui devrait se traduire par une croissance annuelle des revenus de 4% en 2019 et 2020.

Son coefficient d'exploitation devrait pour sa part atteindre 64,5% l'an prochain au lieu des 63% prévus.

La banque compte désormais accélérer ses économies et va dans le même temps restructurer sa banque de financement et d'investissement (BFI), où ses activités de marché ont souffert tout au long de l'année passée.

A 12h02, le titre cédait -0,1459% à 41,075 euros, en ligne avec l'indice CAC 40 (-0,18%). Depuis le début de l'année, le titre progresse de près de 4%, sous-performant l'indice bancaire européen (+5,85%).

"La performance est décevante au T4 et les réductions de coûts annoncées sont largement en ligne", observent les analystes de J.P.Morgan Cazenove, qui restent à neutre sur le titre avec un objectif de cours de 51 euros.

Dans une note de recherche, les analystes de Jefferies soulignent également la mauvaise qualité des activités de marché de la banque au cours du dernier trimestre de 2018. Toutefois, l'objectif d'économies supplémentaires devrait, selon eux, être bien accueilli.

REVUE D'ACTIVITÉS DANS LA BFI

En 2018, les activités de marché ont vu leurs revenus chuter de 15,4%, avec un plongeon de plus de 39% sur le seul quatrième trimestre avec le retour brutal de la volatilité, ce qui s'est soldé par une perte avant impôts de 225 millions d'euros pour le pôle "global markets".

"L'activité va revenir sur des bases solides", a prédit Yann Gérardin, directeur général adjoint de BNP Paribas chargé de la BFI, lors d'une conférence de presse.

La banque de la rue d'Antin va passer en revue sa BFI pour identifier les activités qui ne sont pas stratégiques, ni rentables ou considérées comme "sous-dimensionnées". Elle en a profité pour confirmer l'arrêt de sa filiale de gestion pour compte propre Opera Trading.

Elle compte aussi redresser la rentabilité de sa BFI en y amplifiant l'industrialisation et la digitalisation de ses activités et en renforçant la coopération entre ses métiers.

Le quatrième trimestre a été particulièrement douloureux pour les activités de trading des banques. En Allemagne, Deutsche Bank a vu ses revenus chuter de 23% dans le trading obligataire, qui a aussi pénalisé les grandes banques de Wall Street.

PAS D'ACQUISITION EN VUE

BNP Paribas a écarté toute nouvelle acquisition sur les deux prochaines années, préférant se concentrer sur l'intégration des acquisitions réalisées en 2017 et 2018, comme le rachat des activités bancaires de Raffeisen Bank International.

Interrogée sur la consolidation bancaire envisagée en Allemagne, où Deutsche Bank est en difficulté, la direction de la banque a aussi exclu tout projet d'acquisitions d'envergure.

"Toute acquisition transformante n'est pas compatible avec notre plan. Nous avons les mains pleines. Nous avons fait le choix de la transformation digitale", a insisté Jean-Laurent Bonnafé, le directeur général de BNP Paribas.

"Sur ces sujets d'acquisitions transformantes, nous ne sommes pas là."

Sur le seul quatrième trimestre 2018, les revenus de BNP Paribas ont globalement reculé de 3,5% à 10.160 millions d'euros. Ses charges ont progressé de 0,7% à 7.678 millions.

Son résultat net affiche quant à lui une progression de 1,1% à 1.442 millions d'euros.

Son coefficient d'exploitation ressort à 71,9% à fin 2018 contre 69,4% à fin 2017 et son ROE s'établit à 8,2%.

D'après le consensus Infront Data réalisé pour Reuters, les analystes attendaient en moyenne un bénéfice net de 1.410 millions d'euros et des revenus de 10.331 millions.

La banque prévoit de verser à ses actionnaires un dividende de 3,02 euros par action au titre de l'exercice 2018, stable par rapport à 2017.

(Avec la contribution de Laetitia Volga, édité par Jean-Michel Bélot et Bertrand Boucey)

par Matthieu Protard et Inti Landauro