La méthode employée a pu produire des résultats trompeurs concernant certains établissements, notamment dans les pays les plus fragiles sur le plan financier, avertit cette instance chargée de l'évaluation des politiques menées dans l'UE.

L'Autorité bancaire européenne (ABE) a conclu que l'ensemble des 48 banques soumises l'an dernier à ces "stress tests" respectaient l'objectif de ratio minimum de fonds propres retenu dans le scénario le plus défavorable.

Pour la Cour des comptes européenne, ces tests ont été menés à partir de scénarios moins graves que la crise financière de 2008 et étaient en outre plus cléments pour les pays aux économies fragiles.

"Le test de résistance de 2018 imposait des scénarios défavorables moins sévères dans les pays aux économies plus faibles et aux systèmes financiers plus vulnérables", juge la Cour.

"Pour cette raison, le faible impact sur certaines banques pourrait avoir été la conséquence non pas de leur meilleure santé mais plutôt d'un niveau de contrainte plus faible", ajoute-t-elle.

Les auteurs du rapport soulignent en outre que le nombre de banques examinées à l'occasion de ces tests, les quatrièmes menés par l'ABE, était quasiment moitié moindre que lors du premier exercice en 2011, quand 90 établissements avaient été scrutés. Des banques vulnérables pourraient ainsi avoir échappé à la vigilance de l'ABE, disent-ils.

La Cour relève enfin que les banques testées ne provenaient que de 15 pays sur les 28 de l'UE.

Dans sa réponse aux conclusions de la Cour des comptes, l'ABE défend ses méthodes d'évaluation mais indique qu'elle va réfléchir à ses critères de sélection, notamment géographique, pour les prochains tests prévus en 2020.

L'ABE accepte en partie la recommandation de la Cour l'invitant à choisir les banques testées en fonction de leur profil de risques plus qu'en fonction de leur taille.

Elle souligne cependant que ses tests "ne peuvent pas couvrir l'ensemble des risques systémiques mais se concentrent sur les plus importants".

La Cour des comptes met aussi en garde contre une dépendance excessive de l'ABE vis-à-vis des autorités nationales de supervision, ce qui a pu faire prévaloir des perspectives nationales sur les intérêts de niveau européen. Elle reconnaît cependant que cette dépendance est essentiellement due aux effectifs limités de l'ABE.

(Bertrand Boucey pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Francesco Guarascio

Valeurs citées dans l'article : BNP Paribas, Natixis, Société Générale, Crédit Agricole