Société générale chute lundi en Bourse après avoir fait état d'une nouvelle perte surprise au deuxième trimestre à cause de dépréciations dans ses activités de marché et d'un bond des provisions pour risque de crédit du fait de la récession économique liée à la pandémie du nouveau coronavirus.

La troisième banque française par la capitalisation boursière, après BNP Paribas et Crédit agricole SA, indique avoir enregistré sur le trimestre une dépréciation d'écart d'acquisition de 684 millions d'euros.

Une seconde charge de 650 millions d'euros a également été passée pour dépréciation d'impôts différés.

Au deuxième trimestre, la perte nette s'élève de ce fait à 1.264 millions d'euros après une précédente perte de 326 millions au premier trimestre.

Hors dépréciations, le résultat net ressort à 70 millions d'euros contre un bénéfice de 1.054 millions un an auparavant.

"On a mis beaucoup de mauvaises nouvelles derrière nous, a déclaré Frédéric Oudéa, le directeur général de la banque, lors d'une conférence téléphonique, misant sur un rebond de l'activité au second semestre.

A 11h23, le titre cédait 2,93% à 12,604 euros, accusant la deuxième plus forte baisse de l'indice CAC 40 (+0,19%).

Pour les analystes de Crédit suisse, la rentabilité reste un défi pour la banque.

PAS DE DÉFAUTS CONSTATÉS DANS LES CRÉANCES

Dans le contexte de la crise économique, qui fait craindre des défauts de paiements et des reports d'échéance de remboursement, les provisions pour mauvaises créances ont aussi grimpé à 1.279 millions d'euros sur le trimestre écoulé contre 314 millions un an plus tôt et 820 millions au premier trimestre.

Frédéric Oudéa a souligné qu'il n'y avait pour le moment aucune défaut constaté dans le portefeuille de crédits du groupe.

La banque britannique HSBC a elle prévenu lundi que ses provisions pour créances douteuses pourraient atteindre 13 milliards de dollars (11 milliards d'euros) cette année.

Dans la banque de financement et d'investissement (BFI), les produits structurés ont continué de souffrir de l'annulation des paiements de dividendes, la banque soulignant toutefois une reprise progressive de l'activité à la mi-mai.

Les produits structurés ont dans ce contexte plombé une nouvelle fois le trading actions où les revenus ont reculé de 79,5% après un plongeon de 99% entre janvier et mars.

La SocGen, qui s'efforce de renforcer sa rentabilité, a indiqué avoir finalisé la revue stratégique de ces activités de produits structurés pour en réduire le profil de risque. Cela se traduira par un manque à gagner de 200 à 250 millions d'euros en termes de revenus.

"Nous voyons positivement la décision (de la banque, ndlr) de remédier aux vulnérabilités de sa profitabilité, qui passera notamment par la restructuration de ses activités de produits structurés", souligne Olivier Panis, analyste crédit senior chez Moody's.

Séverin Cabannes, le directeur général délégué de la SocGen en charge de la BFI, a indiqué qu'il était trop tôt pour dire s'il y aurait des réductions d'effectifs cette année.

"Cette question se posera peut-être plus tard, mais pas aujourd'hui", a-t-il déclaré.

A l'instar des banques américaines et de son concurrent BNP Paribas, le trimestre a en revanche été meilleur sur les activités taux, crédit et change avec une hausse de 38,1% des revenus.

(Edité par Jean-Michel Bélot et Henri-Pierre André)

par Maya Nikolaeva et Matthieu Protard