La troisième banque française par la capitalisation boursière, dont le quatrième trimestre a également été plombé par les activités de marché, a annoncé vouloir réduire d'environ 500 millions d'euros ses coûts dans la banque de financement et d'investissement (BFI) en 2020.

Au sein de cette BFI, les encours pondérés alloués aux activités de marché seront réduits de quelque huit milliards d'euros et la banque veut désormais se concentrer sur certaines activités comme les dérivés actions en réduisant la voilure sur les taux, les changes, le crédit et les matières premières.

Si la banque conserve son objectif d'un ratio de solvabilité financière "common equity tier one" à 12%, elle a abaissé celui du rendement des fonds propres tangibles (ROTE) à horizon 2020 dans une fourchette de 9% à 10% contre une projection initiale de 11,5%.

En Bourse, les investisseurs continuent de se maintenir à l'écart de l'action SocGen qui reste la lanterne rouge des valeurs bancaires françaises.

Après avoir gagné jusqu'à 5% dans les premiers échanges, le titre s'est retourné à la baisse. Il abandonne désormais 3,66% à 25,53 euros à 13h45 et sous-performe nettement l'indice bancaire européen (-0,71%).

"Les annonces sont meilleures qu'attendu et les plans sur le capital sont intéressants", notent les analystes de Jefferies. "Toutefois, le marché attend uniquement de la Société générale qu'elle soit capable de délivrer."

"La déception provient en revanche de l’abandon des objectifs initiaux du plan Transform to Grow présenté en novembre 2017", souligne de son côté l'intermédiaire Invest Securities.

Lors d'une conférence de presse, Frédéric Oudéa, le directeur général de la SocGen, a lui-même reconnu qu'il appartenait à la banque de "délivrer" sur la solvabilité et la rentabilité pour permettre au cours de Bourse d'être "plus en ligne avec la valeur intrinsèque" de la banque.

LE PATRON DES ACTIVITÉS DE MARCHÉ REMPLACÉ

Alors que les revenus des activités de marché ont chuté de près de 20% sur le seul quatrième trimestre, les premières sanctions sont tombées: la banque a décidé de remplacer Franck Drouet à la tête des activités de trading pour y nommer Jean-François Grégoire.

Lors d'une conférence de presse sur le présentation des résultats 2018, la direction de la banque a estimé qu'il était encore "trop tôt" pour parler de réductions d'effectifs.

"Il y aura des arrêts d'activités", a prévenu Séverin Cabannes, directeur général délégué de la banque en charge de la BFI, se refusant à donner plus de détails.

"Ce ne sera pas la bonne année pour les bonus des traders", a indiqué à Reuters William Kadouch-Chassaing, le directeur financier de la SocGen.

Pour améliorer sa rentabilité et tenir sa trajectoire de solvabilité financière, la banque compte aussi accroître ses cessions d'actifs.

Alors qu'elle entendait initialement céder l'équivalent de 5% de ses encours pondérés, la SocGen porte désormais son objectif de cessions à 6% voire 7% de ses encours pondérés.

Le groupe a d'ores et déjà cédé des filiales en Pologne, en Bulgarie, en Serbie, en Albanie et en Moldavie. Elle a aussi vendu sa banque privée en Belgique.

PAS DE CONSOLIDATION BANCAIRE À ATTENDRE

Le directeur général du groupe a également jugé improbable une consolidation du secteur bancaire européen à court terme.

"Il ne va pas se passer grand chose à court terme en matière de consolidation bancaire. N’attendez rien de spécial. La priorité est d’améliorer la rentabilité structurelle des banques", a souligné Frédéric Oudéa, tout en reconnaissant qu’il y avait trop de banques en Europe.

Les rumeurs sont récurrentes sur un éventuel rapprochement entre SocGen et le groupe italien Unicredit, dirigé par le Français Jean-Pierre Mustier, un ancien de la banque "Rouge et Noire".Au quatrième trimestre de 2018, la SocGen a vu ses revenus se contracter de 5,8% à 5.927 millions d'euros. Son bénéfice net est quant à lui multiplié par 9 à 624 millions d'euros sur le trimestre. D'après le consensus Infront Data pour Reuters, les analystes attendaient en moyenne un résultat net de 608 millions d'euros au quatrième trimestre et un produit net bancaire de 5.922 millions d'euros. Après un quatrième trimestre plombé par la chute de ses revenus dans les activités de marché, BNP Paribas a revu mercredi à la baisse certains de ses objectifs à horizon 2020. La banque a dans le même temps décidé de restructurer sa banque de financement et d'investissement en arrêtant notamment les activités jugées non stratégiques ou non rentables. La SocGen avait averti le marché à la mi-janvier qu'elle s'attendait à une chute de 20% de ses revenus dans les activités de marché et qu'une charge de 240 millions d'euros serait passée dans ses comptes du quatrième trimestre.

(Edité par Benoît Van Overstraeten et Jean-Michel Bélot)

par Matthieu Protard et Inti Landauro