* Les pilotes ont suivi correctement la procédure-enquêteurs

* Boeing doit revoir le système de contrôle de vol-enquêteurs

* L'avionneur américain annonce une mise à jour de son logiciel (Actualisé avec détails du rapport préliminaire et contexte)

par Jason Neely

ADDIS ABEBA, 4 avril (Reuters) - Les pilotes du Boeing 737 MAX qui s'est écrasé le mois dernier en Ethiopie ont bataillé pour tenter de stabiliser manuellement l'appareil, qui a plongé vers le sol lorsqu'ils ont rebranché le logiciel ordonnant à l'avion de piquer en raison de capteurs défectueux, montre un rapport préliminaire d'enquête publié jeudi.

L'avion de la compagnie Ethiopian Airlines a atteint une vitesse de 500 noeuds (926 km/h), nettement supérieure à ses limites, avant l'arrêt de l'enregistrement des données du cockpit lorsqu'il a percuté le sol, provoquant la mort des 157 personnes à bord.

"La majeure partie de l'épave a été retrouvée enfouie dans le sol", indique le rapport du Bureau éthiopien d'enquête sur les accidents d'aviation.

L'appareil s'est écrasé six minutes après son décollage d'Addis Abeba par temps clair.

Les 737 MAX, dernière version de l'avion le plus vendu au monde, ont été interdits de vol dans le monde entier à la suite de cette catastrophe survenue le 10 mars, moins de cinq mois après la chute d'un appareil identique de la compagnie Lion Air en Indonésie, qui a fait 189 morts.

Les premiers éléments de l'enquête sur l'accident du Boeing d'Ethiopian Airlines ont suscité des interrogations sur le logiciel anti-décrochage MCAS de l'avion, ainsi que sur la formation des pilotes et l'entretien de l'appareil.

"L'équipage a effectué de manière répétée toutes les procédures indiquées par le constructeur mais n'a pas été en mesure de contrôler l'avion", a déclaré Dagmawit Moges, la ministre éthiopienne des Transports, lors d'une conférence de presse au cours de laquelle elle a présenté les grandes lignes du rapport préliminaire.

DES RECOMMANDATIONS POUR BOEING

Conformément aux règles aériennes internationales, qui invitent les enquêtes civiles à se concentrer sur des recommandations pour l'amélioration de la sécurité des vols, ce rapport préliminaire ne désigne aucun responsable pour cette catastrophe aérienne. Un rapport final devrait être publié dans un délai d'un an.

Ce rapport préliminaire établit cependant que les pilotes n'ont pas effectué de procédures incorrectes et émet deux recommandations à l'intention de Boeing et des autorités réglementaires.

Il suggère que le constructeur américain revoie son système de contrôle de vol et que les autorités de l'aviation confirment que le problème a bien été résolu avant d'autoriser à nouveau ce type d'appareil à voler.

"Etant donné que des conditions de piqué du nez répétitives et non voulues sont observées (...), il est recommandé que le constructeur examine le système de contrôle de vol", a déclaré Dagmawit Moges.

Un rapport préliminaire sur l'accident du Boeing de Lion Air a aussi indiqué que les pilotes avaient perdu le contrôle de l'avion après avoir rencontré des difficultés avec le logiciel anti-décrochage.

Ethiopian Airlines a déclaré que son équipage avait suivi toutes les instructions pour faire face à une situation d'urgence difficile.

Boeing a annoncé jeudi qu'il allait modifier son logiciel anti-décrochage de telle sorte que les manoeuvres des pilotes l'emporteront systématiquement sur les initiatives du système MCAS si ce dernier s'active à partir de données erronées.

L'avionneur américain juge que cette mise à jour et une formation des pilotes permettront d'accroître la sécurité de ses appareils.

Boeing va examiner attentivement le rapport préliminaire sur la catastrophe en Ethiopie et prendra toutes les mesures supplémentaires nécessaires pour renforcer la sécurité de ses appareils, a déclaré Kevin McAllister, patron de la division d'aviation commerciale de l'avionneur. (avec Tim Hepher et Eric M. Johnson Catherine Mallebay-Vacqueur et Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)