New York (awp/afp) - Delta Air Lines a préparé les esprits jeudi à des suppressions massives d'emplois à venir, y compris de milliers de postes de pilotes. La compagnie aérienne américaine entend retirer l'emblématique Boeing 777 de sa flotte pour survivre au désastre causé par la pandémie de coronavirus.

Dans un document interne adressé jeudi aux pilotes et consulté par l'AFP, le groupe d'Atlanta affirme avoir plus de pilotes que de besoin puisque 85% de ses vols ont été supprimés et la reprise du trafic aérien prendra du temps. A l'automne, Delta, qui compte 14'000 pilotes dans ses effectifs, indique que plus de 7000 d'entre eux seront désoeuvrés en raison d'un maigre programme de vols.

"J'admets que c'est un chiffre alarmant mais il est important de souligner que notre intention est d'aligner les effectifs à nos besoins sur le long terme", justifie John Laughter, responsable des opérations de vols, dans le document. Même avec une reprise progressive du transport en fin d'année, la compagnie aérienne affirme qu'elle aura encore de 2500 à 3500 pilotes sans mission au troisième trimestre 2021.

Pour autant, Delta se garde d'indiquer expressément qu'elle va procéder à des suppressions d'emplois. La compagnie a accepté une aide financière de plusieurs milliards de dollars du gouvernement fédéral contre l'engagement de préserver les emplois jusqu'au 30 septembre.

Plan social pas exclu

Il n'est pas exclu qu'un plan social soit annoncé dès le 1er octobre, comme c'est déjà prévu chez sa compatriote United Airlines et probablement chez American Airlines. "Nous explorons des options pour avoir le moins possible recours au chômage technique tout en limitant les conséquences pour nos pilotes", s'est défendu John Laughter, ajoutant que des plans de départs supplémentaires allaient être proposés lors des discussions avec les syndicats.

Le transport aérien a été réduit comme peau de chagrin par les mesures de confinement et les restrictions aux voyages destinées à contenir la propagation du Covid-19, maladie causée par le nouveau coronavirus. Delta, comme les autres compagnies aériennes, a déjà annoncé une série de mesures pour faire des économies et renforcer sa trésorerie.

L'entreprise continue néanmoins de brûler 50 millions de dollars par jour, a affirmé jeudi le directeur général Ed Bastian, dans un courrier à l'autorité des marchés boursiers américains, la SEC, et aux salariés. Pour arrêter l'hémorragie, Delta va retirer de sa flotte le long-courrier 777, produit par Boeing, d'ici à la fin de l'année afin de "mieux aligner notre réseau avec la baisse de la demande résultant de la pandémie de Covid-19, rendre notre flotte plus efficace et plus moderne et faire des économies".

L'entreprise dispose de 18 modèles de 777, un gros porteur pouvant transporter plus de 300 passagers. Delta a aussi confirmé que le retrait de ses modèles de MD-90, un monocouloir, serait effectif à partir de juin. Elle devrait inscrire dans ses comptes des charges de dépréciation d'actifs de 1,4 à 1,7 milliard de dollars liées à ces décisions.

Ménager la trésorerie

"Notre principal objectif financier pour 2020 est d'éliminer nos dépenses de trésorerie d'ici à la fin de l'année, ce qui veut dire que nous aurons, pendant les deux à trois prochaines années, un rétrécissement de notre réseau, de notre flotte et de nos activités en réponse à la baisse considérable de la demande", a insisté jeudi M. Bastian.

Il a précisé que les vols long-courriers seraient assurés par les Airbus A330 et A350-900, "plus économes en carburants et plus rentables" lorsque la demande pour les trajets internationaux aura redémarré. Les autres grandes compagnies aériennes américaines subissent également de plein fouet l'impact de la pandémie.

Mardi, le directeur général de Boeing, David Calhoun, a jeté un pavé dans la mare en avertissant qu'une de ces entreprises risquait d'être emportée par la crise actuelle et de faire faillite. A Wall Street, la perspective de cures d'austérité drastiques a donné un peu d'air au secteur jeudi: le titre de Delta n'a perdu que 0,15%, celui d'United Airlines 1,98%. A l'inverse, American Airlines a gagné 0,44% et Southwest 3,25%.

afp/vj