Paris (awp/afp) - L'urgence climatique et les questions de sécurité, avec la crise de l'avion vedette de Boeing, le 737 MAX, vont occuper les esprits des professionnels de l'aéronautique lors de la 53ème édition du salon du Bourget qui s'ouvre lundi.

Emmanuel Macron visitera le salon dans la matinée pour y rencontrer les acteurs de l'aéronautique, un secteur qui emploie 350.000 personnes en France, et assister à la signature du contrat-cadre du futur avion de combat franco-allemand.

Il arrivera à bord de l'Airbus de transport militaire A330 MRTT et assistera à un défilé aérien auquel participe la Patrouille de France.

Il sera accompagné de la ministre des Armées Florence Parly et de ses homologues allemande Ursula von der Leyen et espagnole Margarita Robles qui signeront à cette occasion l'accord-cadre sur le développement du "système de combat aérien du futur" (SCAF), ambitieux projet mené par Paris et Berlin auquel s'est récemment joint Madrid.

L'objectif de l'accord-cadre est de lancer les études de développement en vue de réaliser un prototype de l'avion de chasse en 2026 pour une entrée en service du SCAF à l'horizon 2040. Elles sont menées par Dassault Aviation et Airbus, avec notamment Thales, l'Allemand Hensold et l'Espagnol Indra.

Ce 53e rendez-vous du secteur de l'aéronautique mondial se tient sous des auspices plutôt favorables en terme de croissance du trafic aérien, avec un doublement prévu d'ici 20 ans de la flotte d'avions dans le monde qui devrait atteindre, selon Boeing, 44.000 appareils en service.

Mais la pression environnementale placera les avancées technologiques, en termes de systèmes de propulsion, de carburants alternatifs au kérosène, de matériaux de construction ou de formes d'avions futuristes, au coeur du rendez-vous mondial des industriels du secteur.

Ces derniers sont appelés à redoubler d'efforts pour construire des avions moins polluants et atteindre l'objectif de réduire de moitié les émissions de dioxyde de carbone (CO2) en 2050 par rapport au niveau de 2005, sous l'exigence environnementale croissante de jeunes générations déterminées à boycotter l'avion au profit d'autres modes de transports moins polluants.

Le transport aérien contribue à hauteur d'au moins 2% aux émissions mondiales de CO2. Selon des chiffres de l'Agence européenne de l'environnement, ses émissions de dioxyde de carbone dépassent largement, avec 285 grammes par passager-kilomètre, celles des autres modes de transport.

"Regagner la confiance"

Côté constructeurs, le salon, habituellement l'occasion pour Airbus et Boeing de rivaliser en terme de nombre de commandes, sera un exercice compliqué pour l'avionneur américain après deux accidents qui ont impliqué le dernier né de ses moyen-courriers le Boeing 737 MAX. Sa principale préoccupation sera de regagner la confiance des clients.

Tous les exemplaires de cet avion en service sont cloués au sol depuis mars sans date de retour en vol pour l'heure.

"Nous avons du travail pour gagner et regagner la confiance du public", a déclaré devant quelques journalistes Dennis Muilenburg, le PDG de Boeing, à la veille du salon, en reconnaissant que "cette confiance a été affectée par les accidents récents" d'appareils de Lion Air et d'Ethiopian Airlines, qui ont fait 346 morts.

Aussi, ce salon pour Boeing ne sera pas placé sous le signe des commandes d'avions, même s'il devrait en annoncer quelques-unes pour des long-courriers.

"Nous venons à ce salon concentrés sur la sécurité", a-t-il ajouté, insistant sur l'importance pour le constructeur "d'être ici pour parler à nos clients".

Le géant de Seattle travaille d'arrache-pied pour corriger le MCAS, le système anti-décrochage mis en cause dans les deux accidents, mais il n'a toujours pas soumis les modifications qu'il compte apporter au 737 MAX pour certification.

L'agence fédérale de l'aviation américaine (FAA) a organisé en mai une réunion consacrée au MAX avec des autorités de l'aviation civile de 33 pays, mais faute de consensus, elles se sont quittées sans date de retour en service de l'avion.

A court terme, cette crise pourrait avoir des conséquences sur la filière de sous-traitance de Boeing si l'avionneur venait à prolonger la baisse de production de l'appareil, à 42 par mois contre 52 jusque-là.

Son rival européen produit actuellement 60 exemplaires de ses moyen-courriers A320 et s'est fixé un objectif de 63 par mois mi-2021.

afp/al