Le vote du géant des médias sur cette résolution, considérée comme clef par Ubisoft pour attirer des talents dans un secteur concurrentiel, était la principale inconnue d'une assemblée générale où Vivendi s'était abstenu de présenter ses propres résolutions.

La résolution, examinée en assemblée générale extraordinaire, n'a pas obtenu les deux tiers des voix nécessaires, Vivendi s'étant abstenu comme sur les autres résolutions.

Les autres dispositions, concernant notamment l'entrée de nouvelles administratrices indépendantes au conseil ou la rémunération du PDG Yves Guillemot, ont en revanche toutes été adoptées.

Vivendi a déclaré dans un communiqué qu'il aurait souhaité voter la résolution sur les actions gratuites aux salariés mais que l'attitude de la famille fondatrice ne l'a pas permis.

"Si on était au conseil, on pourrait participer et avoir plus de nuances dans nos votes", a expliqué à Reuters Stéphane Roussel, directeur des opérations de Vivendi et PDG de Gameloft, société jumelle d'Ubisoft rachetée l'an dernier par Vivendi.

Vivendi a demandé dans une lettre à être représenté au conseil mais a reçu une fin de non-recevoir, a-t-il ajouté, déplorant par ailleurs, sur le cas spécifique de la résolution 31, qu'elle bénéficie à la fois aux dirigeants et aux salariés.

PROCHAINE ÉTAPE CLEF EN NOVEMBRE

"On ne va pas distribuer à des gens qui n'arrêtent pas de nous envoyer balader. Les créatifs, évidemment, on aurait voté pour sans hésiter, même dans les conditions actuelles", a-t-il dit, en rappelant qu'Ubisoft avait d'autres options pour rémunérer ses salariés.

Les frères Guillemot ferraillent depuis deux ans pour préserver l'indépendance de l'éditeur des jeux à succès "Just Dance" et "Lapins Crétins" face à l'irruption au capital du géant des médias, devenu le premier actionnaire avec près de 27% du capital.

"Pour nous, l'AG est une victoire", a déclaré à des journalistes le PDG d'Ubisoft Yves Guillemot, en se félicitant du soutien des autres actionnaires de la société.

Pour être représenté au conseil, encore faut-il le demander à l'assemblée générale, a-t-il estimé, en rappelant que Vivendi s'était abstenu de déposer des résolutions en ce sens.

Le groupe sera confronté à une nouvelle échéance clef le 20 novembre, date à laquelle Vivendi bénéficiera de droits de vote doubles, ce qui pourrait l'amener à dépasser les 30% déclencheurs d'une offre publique d'achat.

Vivendi, qui peut aussi opter pour le statu quo en réduisant ses droits de vote, n'a pas encore tranché, a expliqué Stéphane Roussel.

"Nous, on continue à être très déterminés à accélérer la croissance par la croissance externe. Maintenant, ce n'est pas forcément Ubisoft et nous sommes pas mal sollicités ces derniers temps", a-t-il dit.

"La balle est vraiment dans leur camp", a-t-il ajouté.

(Edité par Dominique Rodriguez)

par Gwénaëlle Barzic et Mathieu Rosemain

Valeurs citées dans l'article : Ubisoft Entertainment, Vivendi, Bolloré