Vivendi, principal actionnaire de TIM avec 24% du capital, a condamné cette soudaine révocation. Un porte-parole a déclaré que le groupe français de médias se réservait la possibilité d'user de tous ses droits pour défendre les intérêts des actionnaires.

Amos Genish avait été nommé à la tête de TIM l'an dernier sous l'impulsion de Vivendi, puis confirmé dans ses fonctions en mai dernier lorsque le fonds activiste américain Elliott avait réussi à mettre le conglomérat français en minorité au conseil.

Vivendi et Elliott ont depuis multiplié les passes d'armes, s'accusant mutuellement des médiocres performances financières de Telecom Italia et de la baisse de sa valeur boursière.

Telecom Italia, dans un communiqué, a annoncé que la décision de démettre Amos Genish de toutes ses fonctions avec effet immédiat avait été prise à la majorité et que le conseil d'administration se réunirait à nouveau dimanche pour nommer un nouvel administrateur délégué.

TIM n'a donné aucune explication au limogeage d'Amos Genish, que Vivendi a jugé "cynique" et "mesquin".

"Cette décision a été délibérément planifiée dans le plus grand secret pour créer la plus grande déstabilisation possible et affecter les résultats de Telecom Italia", a déclaré un porte-parole de Vivendi.

"Nous protestons et condamnons la déstabilisation qui sous-tend cette décision et ces méthodes scandaleuses. Nous nous réservons la possibilité d'user de tous nos droits pour défendre les intérêts de tous les actionnaires."

Le conseil d'administration de TIM s'est réuni mardi alors qu'Amos Genish était en déplacement en Corée du Sud. Celui-ci s'est joint à la réunion par téléphone, selon une source au fait de la situation.

TENSIONS AU SEIN DU CONSEIL

S'exprimant quelques heures après la décision du conseil d'administration, Amos Genish a déclaré à Reuters que l'environnement au sein de TIM était dysfonctionnel et que plusieurs administrateurs faisaient campagne contre lui depuis des mois.

Il a aussi fait part de ses inquiétudes concernant l'avenir de l'opérateur et a exprimé le souhait de continuer à siéger au conseil d'administration.

"Je m'engagerai et suis engagé personnellement à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour me battre et défendre les droits de tous les actionnaires en tant qu'administrateur."

"J'ignore la raison pour laquelle on parle toujours de moi en faisant référence à Vivendi, alors que je veux ce qu'il y a de mieux pour tous les actionnaires", a-t-il ajouté.

L'action Telecom Italia s'est retournée à la hausse, gagnant 0,15% vers 13h50 GMT, à la Bourse de Milan), qui avançait de 0,32% à ce stade. Le titre a perdu 26% de sa valeur depuis le début de l'année.

A Paris, l'action Vivendi reculait au même moment de 0,37%.

A la tête de Telecom Italia, Amos Genish avait engagé un plan sur trois ans centré sur la transformation digitale et l'assainissement des finances du groupe. Selon des sources, les administrateurs partisans du fonds Elliott voulaient qu'il mette davantage l'accent sur une possible scission des réseaux de téléphonie fixe.

Lundi, Amos Genish s'était dit favorable à l'idée de fusionner les actifs de téléphonie fixe de TIM avec le réseau haut débit que développe son concurrent Open Fiber, à condition de garder le contrôle des infrastructures télécoms qui seraient combinées.

Selon des sources proches du dossier, le gouvernement italien préparerait un texte de loi qui pourrait conduire à une telle fusion.

(Avec la contribution de Dominique Rodriguez à Paris, Claude Chendjou pour le service français, édité par Gwénaëlle Barzic)