(Actualisé avec précisions, contexte)

par Foo Yun Chee

BRUXELLES, 18 janvier (Reuters) - La Commission européenne va bloquer le projet de rapprochement entre Alstom et Siemens censé créer un champion franco-allemand du ferroviaire car elle juge insuffisantes les propositions des deux groupes censées assurer le maintien d'une concurrence suffisante, a-t-on appris vendredi de sources proches du dossier.

Ce veto est en particulier motivé par le refus de Siemens de proposer des concessions supplémentaires concernant sa technologie de train à grande vitesse, selon ces sources.

Le projet de Siemens et Alstom est censé donner naissance au numéro deux mondial de la construction ferroviaire avec un chiffre d'affaires cumulé d'environ 15 milliards d'euros, deux fois moins que le groupe public chinois CRRC mais deux fois plus que le canadien Bombardier.

Ce dossier comporte aussi un volet politique, la France et l'Allemagne soutenant l'idée de créer un champion européen capable d'exister sur le marché mondial.

Margrethe Vestager, la commissaire européenne à la Concurrence, a cependant prévenu que cette volonté de politique industrielle ne devait pas se concrétiser au détriment de la concurrence.

Face aux inquiétudes exprimées par l'exécutif européen, Siemens a déjà proposé de céder des licences d'exploitation de sa technologie de train à grande vitesse ainsi qu'une partie de son activité de signalisation.

Siemens a notamment proposé de partager pendant cinq ans avec d'autres entreprises sa technologie permettant aux trains de circuler à plus de 250 km/h. Mais la Commission européenne réclame une durée plus longue, ce que le groupe allemand refuse.

Des sources ont déclaré à Reuters que Siemens n'entendait pas faire de concessions supplémentaires et que le groupe allemand disposait de pistes alternatives au mariage avec Alstom pour développer sa division ferroviaire.

Les remèdes proposés par les deux groupes pour répondre aux inquiétudes de la Commission en termes de concurrence ne sont pas non plus suffisants en matière de signalisation et de matériel roulant, selon les sources.

La Commission européenne, Siemens et Alstom ont refusé de s'exprimer sur le sujet.

L'exécutif européen devrait rendre sa décision dès le 6 février alors que la date butoir est fixée au 18 février, a dit l'une des sources. (Foo Yun Chee, avec Inti Landauro à Paris et Caroline Copley à Francfort Bertrand Boucey pour le service français, édité par Marc Angrand)

Valeurs citées dans l'article : CRRC Corp Ltd, Alstom, Bombardier, Inc., Siemens