Le groupe de Xavier Niel a mis un terme à deux mois et demi de suspense en annonçant qu'il renonçait à acheter l'opérateur T-Mobile US après avoir essuyé un nouveau refus de sa maison mère, Deutsche Telekom.

Cette annonce a été saluée mardi matin par des marchés sceptiques sur le pari américain de l'opérateur télécoms dont le titre accusait jusqu'à lundi soir une baisse de 24% depuis l'officialisation fin juillet de son intérêt pour le numéro quatre du mobile Outre-Atlantique.

A 12h15, l'action d'Iliad reprenait 11,11% à 173,50 euros, affichant de loin la plus forte hausse du SBF 120 (-0,8%), dans des volumes nourris représentant 3,6 fois leur moyenne quotidienne des trois derniers mois sur Euronext.

Kepler Cheuvreux, RBC Capital Markets et UBS ont relevé leur conseil sur la valeur, de même pour Natixis qui également revu en hausse son objectif de cours de 161 à 215 euros.

"Nous considérions le projet de racheter T-Mobile comme un élément de risque pesant sur le dossier Iliad sur fond de visibilité insuffisante sur le potentiel de création de valeur aux Etats-Unis, d'effort financier excessif et de distraction de ressources critiques en termes de fonds et d'hommes par rapport au marché français", résument les analystes d'UBS dans une note.

Iliad emmène dans son sillage les autres opérateurs français Orange et Bouygues Telecom, filiale de Bouygues, qui gagnent respectivement 0,78% et 3,04%, le marché se reprenant à espérer une consolidation du marché des télécoms.

TABOU BRISÉ

Gelées depuis l'échec de discussions impliquant les trois opérateurs au premier semestre, les perspectives d'une restructuration du marché français apparaissaient compromises depuis l'officialisation des vélléités américaines d'Iliad.

"Le potentiel de consolidation française grimpe. Nous estimons à 60% la probabilité d'une consolidation en France compte tenu de son attractivité auprès de tous les opérateurs français et des pouvoirs publics", estiment les analystes de Goldman Sachs dans une note.

Ils ajoutent qu'Iliad pourrait désormais avoir les mains libres pour conduire seul cette consolidation ou en association avec un autre opérateur dans le cadre d'un rachat de l'opérateur en difficultés Bouygues Telecom dont Free pourrait reprendre le réseau.

Econduit dans ses espoirs d'expansion à l'international et en attendant une possible consolidation, Iliad va dans l'immédiat se recentrer sur son marché français où il devra faire face à une vive concurrence notamment dans le fixe.

Le groupe doit par ailleurs mettre les bouchées doubles pour poursuivre le déploiement de son réseau mobile avant une échéance réglementaire début janvier lui imposant de couvrir 75% de la population.

"La performance opérationnelle ne sera sans doute pas exceptionnelle mais elle ne sera pas catastrophique non plus", estiment les analystes d'Exane BNP Paribas, qui jugent peu probable une contraction des revenus ou de la base d'abonnés d'Iliad dans le fixe en dépit de l'offensive low cost menée par Bouygues Telecom depuis le printemps.

Bien que le marché salue la discipline financière dont a fait preuve Iliad en écartant une nouvelle surenchère sur T-Mobile, certains investisseurs continuent cependant de s'interroger sur la stratégie du groupe à moyen terme maintenant que le tabou de ses ambitions à l'international est levé.

"Nous appliquons une décote relativement limitée de 10% traduisant une légère inquiétude de notre part", soulignent les analystes d'Exane.

"Iliad ne devrait pas être pressé de trouver une nouvelle acquisition car nous prévoyons quelques années de bonne croissance en France."

(Avec Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Jean-Michel Bélot)

par Gwénaëlle Barzic et Leila Abboud

Valeurs citées dans l'article : BOUYGUES, ORANGE SA, VIVENDI, ILIAD, Deutsche Telekom AG, T-Mobile Us Inc