Alors qu’une nouvelle hausse de taux depuis novembre dernier était attendue à 7 voix contre 2 outre-Manche, la Banque d’Angleterre (BoE) a finalement voté à l’unanimité un nouveau tour de vis qu’un quart de point (à 0.75%), accompagnant toutefois sa décision d’un maintien du QE et d'une rhétorique particulièrement prudente.

Si l’institution britannique a donc profité de cette échéance pour affirmer l’unité de son comité de politique monétaire, les argentiers britanniques semblent parfaitement conscients du défi historique auquel ils doivent faire face. Tiraillés entre le risque de pressions inflationnistes et celui d’une sortie de l’UE sans accord, la banque centrale estime néanmoins être « bien préparée » aux « différentes issues possibles du Brexit ».

S’il est clair qu’un tel processus de normalisation sera immédiatement suspendu dans le scénario d’une impasse entre Londres et Bruxelles, la BoE s’offre, en réhaussant le coût du crédit, une meilleure marge de manœuvre pour soutenir l’économie à l’avenir tout en bloquant l’hypothèse d’un recul brutal de sa devise. Pour rappel, les prix à la consommation culminent à +2.4% sur un an (contre un objectif de 2%), principalement en raison de la chute de la Livre depuis le référendum de juin 2016.

L’autorité monétaire justifie par ailleurs sa décision par une croissance « proche de sa vitesse maximale » au regard de l’état du marché du travail (plein emploi, absence de capacités disponibles) qui font craindre de nouvelles tensions sur les prix et les salaires au Royaume-Uni, malgré les chiffres décevants du PIB au premier trimestre.

Le comité confirme toutefois que les futurs resserrements monétaires seront « limités » et menés à un « rythme graduel » tandis que les perspectives économiques pourraient être influencés par la réaction des ménages, des entreprises et des marchés aux évolutions au sujet du Brexit.

Les banquiers centraux s’inquiètent enfin des potentielles conséquences de la guerre commerciale actuelle sur l’ensemble du commerce international et les investisseurs n’anticipent plus de hausse de taux avant au moins l’année prochaine.

Graphiquement, malgré une brève réaction positive au moment de l’annonce, la Livre confirme sa tendance baissière alors que les perspectives de nouvelles hausses de taux s’amoindrissent à moyen terme. Déjà installée sous 1.30 USD, la devise britannique pourrait ainsi rapidement tester 1.2922 avant d’accélérer en direction de 1.2557 USD.