A la faveur de propos de Theresa May moins agressifs qu’attendu au sujet du Brexit, La Livre flambe de plus de 3% en quelques heures, offrant aux cambistes l’opportunité de vendre la devise britannique à des prix attractifs.

Laissant habilement filtrer dans la presse les extraits les plus offensifs de son discours prévu à Londres le mardi 17 janvier, le tout alimenté par des menaces de dumping fiscal de son Ministre de l’économie, Theresa May a ainsi positivement surpris les marchés en déclarant vouloir finalement faire voter le Parlement sur l’accord final du Brexit.

Bien que déterminée à reprendre le contrôle de l’immigration européenne, décision allant de pair avec une sortie du marché unique puisque l’UE ne distingue pas la libre circulation des biens et des personnes, la Première ministre britannique anticipe le verdict de la Cour Suprême, chargée de trancher en deuxième instance et d’ici la fin du mois sur la question du vote des députés.

Même si les conséquences d’un rejet du Parlement demeurent floues, le contre-pouvoir législatif garantie quoi qu’il en soit une sortie moins « dure » que précédemment craint.

Aussi, les propos de Donald Trump, qui a rendu hommage au Brexit dans le Times en annonçant vouloir conclure « très rapidement » un accord commercial avec Le Royaume-Uni, puis exprimé ses inquiétudes dans le Wall Street Journal quant à la force du billet vert, ont également contribué à amplifier l’orientation du couple GBP/USD. Une orientation nette et soudaine, mais néanmoins provisoire.

Certes, sur le plan macroéconomique, la dépréciation de la valeur du Sterling depuis le résultat du référendum soutient la compétitivité des entreprises et les indicateurs du mois de décembre. Le secteur manufacturier enregistre sa plus forte expansion en deux ans et demi grâce à une croissance significative de la demande. Même son de cloche dans les services et la construction où les statistiques dépassent les attentes des économistes. Les prix à la consommation bondissent de +1.2 à +1.6% sur un an entre les deux derniers mois de l’année 2016, la hausse des coûts de production se reportant mécaniquement sur les consommateurs, tandis que les chiffres de l’emploi viennent à leur tour de battre leur consensus.

Mais malgré un tableau plutôt flatteur, la Banque d’Angleterre n’est pas dupe mais au contraire bien consciente qu’elle fait face à une image en trompe-l’œil. Le déclenchement du processus de sortie de l’Union européenne, laquelle mettra un terme à l’accès du pays au marché unique, promet en effet un avenir plus sombre aux citoyens de sa Majesté et l’institution britannique s’est logiquement montrée peu encline à envisager un resserrement monétaire à court terme.

Graphiquement, la Livre se reprend donc vigoureusement au sein d’une tendance baissière de long terme, permettant aux investisseurs, qui auraient récemment manqué l’occasion de vendre la monnaie britannique suffisamment tôt, d’initier ou de renforcer une position courte. Parfaitement contenus par leur moyenne mobile à 50 jours, les cours pourraient en effet repartir de plus belle vers leurs récents points bas puis accélérer en direction de 1.15 USD.