Boeing, Caterpillar et United Technologies ont fini en tête des baisses de l'indice Dow Jones avec des replis de respectivement 2,91%, 2,37% et 1,92%, les investisseurs craignant qu'un renchérissement de leurs coûts d'approvisionnement ne pénalise leurs ventes à l'international.

Donald Trump a certes annoncé des exemptions pour le Canada et le Mexique la semaine dernière mais les négociations sont encore en cours avec l'Union européenne et le Japon.

"Les grandes entreprises industrielles multinationales encaissent toutes le coup en raison des craintes qu'elles soient la cible de mesures de rétorsion", a dit Robert Phipps, directeur chez Per Stirling Capital Management.

Wall Street avait enregistré une forte progression vendredi en réaction aux chiffres mensuels du marché américain du travail, qui ont redonné le goût du risque aux investisseurs en conjuguant dynamisme des créations d'emplois et faible hausse des salaires.

La perspective de la publication mardi de la hausse des prix à la consommation aux Etats-Unis pour le mois de février a toutefois pu inciter les investisseurs à la prudence.

"Nous avons vu une croissance stable, modeste des salaires, rien qui puisse être considéré comme néfaste pour les marchés d'actions", a toutefois souligné Anwiti Bahuguna, gérante de portefeuille chez Columbia Threadneedle.

"Les valeurs de croissance se comportent bien. C'est dans l'ensemble la continuation du rallye de l'année dernière alors que le Dow est composé de toutes sortes d'autres entreprises qui ne sont pas forcément axées sur la croissance."

L'indice Dow Jones a cédé 0,62%, soit 157,13 points à 25.178,61. Le S&P-500, plus large, a reculé de 3,55 points, soit de 0,13%, à 2.783,02. Le Nasdaq Composite a avancé de son côté de 27,51 points (+0,36%) à 7.588,32 points.

LE DOLLAR À LA PEINE

Le Nasdaq a bénéficié notamment de la bonne orientation de Broadcom.

Le département américain du Trésor reproche au fabricant de semi-conducteurs d'avoir enfreint ses instructions en ne l'informant pas suffisamment à l'avance de l'avancement de son projet de redomiciliation aux Etats-Unis, ce qui pourrait compliquer davantage ses efforts pour acheter le spécialiste américain des puces pour smartphones Qualcomm.

"Le gouvernement sort du bois et envoie le message qu'il n'est pas prêt à autoriser cette fusion", a dit Kim Forrest, analyste chez Fort Pitt Capital Group.

Broadcom a terminé en hausse de 3,6% et Qualcom a terminé en très léger repli (-0,35%). Micron Technology a bondi de près de 9%, en tête des hausses du S&P 500, après que Nomura a relevé son objectif de cours à 100 dollars, 41 dollars au-dessus de sa cible actuelle.

Oclaro, spécialiste des composants optiques, s'est adjugé 27,5% après l'annonce de son rachat par Lumentum (+4,4%) pour 1,7 milliard de dollars.

Quelque 6,5 milliards de titres ont changé de mains, un peu moins que la moyenne de 7,2 milliards sur les 20 dernières séances.

Sur les autres marchés financiers, le dollar a pâti des incertitudes liées à la politique commerciale des Etats-Unis et du manque de dynamisme des salaires qui éloigne la perspective d'une quatrième hausse de taux directeurs par la Réserve fédérale cette année.

L'indice du dollar face à un panier de devises internationales recule de 0,21%. L'euro est quasi stable à 1,2337 dollar.

"Des chiffres de l'inflation nettement inférieurs aux attentes cette semaine donneraient un coup de fouet aux actions mais accentueraient la pression sur le dollar déjà à la peine", a prévenu James Chen, responsable de la recherche de Forex.com en référence aux données sur la hausse des prix à la consommation qui seront publiées mardi mais aussi à celles des prix à la production et à l'importation attendues respectivement mercredi et jeudi.

La dissipation des craintes de remontée de l'inflation avec la modération des hausses salariales s'est traduite par une baisse des rendements sur le marché obligataire.

Le rendement des Treasuries à dix ans a reculé à 2,8663 contre 2,8940 vendredi en clôture. Sur les échéances à deux ans, il revient à 2,2620 contre 2,2660.

(Avec Sruthi Shankar à Bangalore, Marc Joanny pour le service français)

par April Joyner