Paris (awp/afp) - Le géant chinois des télécoms Huawei a publié lundi un chiffre d'affaires en progression de 13,1% sur un an au premier semestre, alors que le groupe attend une décision cruciale de Londres sur son exclusion éventuelle de la 5G britannique.

Huawei a vu ses revenus atteindre les 454 milliards de yuans (64,88 milliards de dollars) sur les six premiers mois de l'année.

Bien qu'en nette hausse, la performance marque cependant un net ralentissement pour le groupe de Shenzhen (sud de la Chine): au premier semestre 2019, il avait affiché une croissance de 23,2% sur un an. Huawei a en revanche a amélioré sa marge nette, qui gagne 0,5 point par rapport au premier semestre 2019 pour atteindre 9,2%. Son bénéfice net n'a pas été dévoilé.

Mais le géant chinois a principalement profité de la publication de son chiffre d'affaires pour tenter de faire passer un message aux marchés, alors qu'une décision des autorités britanniques est normalement attendue mardi: Londres doit se prononcer quant à une possible exclusion du groupe chinois des réseaux mobiles du pays.

L'équipementier télécoms a ainsi rappelé lundi dans un bref communiqué son "engagement à travailler avec les opérateurs et les partenaires industriels afin d'assurer le bon fonctionnement des réseaux et accélérer la transition numérique" dans un "environnement externe complexe".

"La collaboration ouverte et la confiance dans la chaîne de valeur mondiale sont plus importantes que jamais", a insisté le groupe, qui entend "survivre, aller de l'avant et contribuer à l'économie numérique mondiale, quelles que soient les difficultés que l'entreprise aura à affronter".

Le gouvernement britannique devrait confirmer mardi son intention de bannir le géant chinois de ses futurs réseaux 5G d'ici à 2025, ce qui imposerait aux opérateurs locaux de retirer également les équipements Huawei de leurs réseaux 4G, sur lesquels est actuellement construite la 5G.

Londres s'inquiète du risque sécuritaire que peut représenter une trop forte présence de l'équipementier chinois dans les réseaux mobiles du pays, alors que les Etats-Unis tentent depuis plus d'un an d'alerter leurs alliés sur les risques d'espionnage des communications par les services de renseignement chinois via des équipements Huawei -- une possibilité toujours niée par le groupe.

Le patron de l'opérateur britannique BT a pour sa part estimé lundi qu'il serait "impossible" de retirer tous les équipements Huawei de l'ensemble des réseaux mobiles en moins de 10 ans.

Philip Jansen a également mis en avant le risque de "pannes" et de problèmes de sécurité -- alors même que le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a fait de l'amélioration des réseaux notamment dans les zones rurales une de ses promesses de campagne.

"Si on essaie de ne pas avoir Huawei (dans la 5G), idéalement nous voudrions avoir sept ans devant nous et pourrions probablement le faire en cinq ans", a par ailleurs déclaré M. Jansen.

Mercredi dernier, c'est le groupe chinois lui-même qui appelait le gouvernement britannique à ne pas décider à la hâte de son bannissement des futurs réseaux 5G.

"Cette décision affectera l'avenir de la stratégie numérique et l'économie numérique du Royaume-Uni", avait indiqué Victor Zhang, le vice-président du groupe, estimant qu'un retard de deux ans coûterait à l'économie britannique 29 milliards de livres (soit environ 32 milliards d'euros au cours actuel).

afp/rp