Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel, a-t-on coutume de dire en bourse. Cet adage semble trouver ses limites cette année, avec les performances exceptionnelles de bon nombre d’indices. Certains d’entre eux dépassent allègrement les 30% de gains, du jamais vu sur les 20 dernières années, et évoluent ainsi sur des niveaux historiques.

L’annonce d’un accord préliminaire entre Pékin et Washington et la victoire des conservateurs aux élections britanniques ont permis d’entretenir l’appétit pour le risque des opérateurs ces dernières semaines. L’horizon semble désormais s’éclaircir sur tous les fronts alors que les principales sources d’incertitudes qui empoisonnaient depuis des mois l’économie mondiale ont a priori trouvé une réponse. Le chemin est encore long mais ces deux événements marquent une avancée décisive.

Après plus d’un an de tractations, sources de turbulences sur les marchés, la Chine et les Etats-Unis ont annoncé un accord de « phase 1 », lequel devrait être signé en janvier. D. Trump a d’ores et déjà renoncé à une nouvelle salve de tarifs douaniers sur quelque 160 milliards de dollars de biens chinois qui devait entrer en vigueur le 15 décembre. De son côté, la Chine devrait acheter davantage de produits agricoles aux Etats-Unis, tout en planchant sur une réforme de la protection de la propriété intellectuelle. Les autres barrières tarifaires actuellement en place pourraient par ailleurs être réduites « par étapes ». Bien que les modalités définitives de l’accord ne soient pour le moment pas connues, ce dernier constitue un tournant majeur dans la mesure où il s’apparente à la promesse d’une embellie de la croissance mondiale, en cette période où des signes de ralentissement se font sentir, notamment en Chine et en Europe.

Les opérateurs ont également réagi positivement à la victoire retentissante de Boris Johnson aux élections législatives britanniques, ouvrant ainsi la voie à une sortie ordonnée du Royaume-Uni de l’Union européenne le 31 janvier prochain, dans le cadre de l’accord négocié avec Bruxelles.

La perspective d’une poursuite des politiques monétaires très accommodantes des banques centrales a également soutenu le courant acheteur, alors que la Fed, qui avait procédé à trois baisses de taux consécutives ces derniers mois, entend désormais maintenir un statu quo au moins jusqu’en 2021. La croissance américaine reste, en effet, robuste (PIB à +2.1% au troisième trimestre), le marché du travail solide (taux de chômage à 3.5%, un plus bas de 50 ans) et l’inflation est proche de l’objectif des 2%. Les risques de récession, matérialisés par l’inversion passagère de la courbe des taux, tendent donc à se dissiper pour l’économie américaine.

En Europe, la nouvelle présidente de la BCE, Christine Lagarde, a également confirmé le maintien de la politique monétaire accommodante, après la récente baisse du taux de dépôt à -0.5% et la reprise du programme de quantitative easing (20 milliards d'euros par mois). Les taux devraient donc demeurer à leurs niveaux actuels ou à des niveaux plus bas jusqu’à ce que les objectifs d’inflation soient atteints, scénario conforté par les prévisions prudentes en matière de croissance en zone euro (ramenée à +1.1% pour 2020).

Dans l’attente de nouvelles avancées en début d’année, les opérateurs pourraient ainsi limiter les initiatives et opter pour quelques prises de bénéfices.

Graphiquement, le CAC40 évolue sur des niveaux inédits depuis 2007 et conserve ainsi une dynamique positive sur les différentes échelles de temps. Parmi ses composantes, certaines performances s’avèrent exceptionnelles, à l’image de STMicroelectronics (semi-conducteurs) qui s’adjuge plus de 97% depuis le 1er janvier. On retrouve ensuite au coude à coude Schneider Electric à +59% puis LVMH et Airbus à +58%. Seuls trois se distinguent à la baisse (ArcelorMittal -10%, Renault et Publicis à -16%).
En données hebdomadaires, l’indice parisien suit une tendance haussière au-dessus des 5690 points, niveau correspondant à la moyenne mobile à 20 semaines. Sur une échelle de temps plus courte, l’indice évolue à proximité du seuil symbolique des 6000 points. Cette zone pourrait susciter quelques prises de bénéfices, après une performance annuelle de plus de 26% et plus de 10% de repris depuis début octobre. On suivra donc de près la réaction de l’indice dans cette zone, pour mettre à profit une poursuite du mouvement en direction des 6170 points, ou au contraire, l’amorce d’une consolidation en direction des 5690/5700 points. Un retour sur ce niveau constituerait une opportunité pour revenir à l’achat avec un meilleur timing.