Après une forte poussée des places financières, le mois boursier de décembre débute sur quelques prises de bénéfices, avec le retour des inquiétudes sur les relations commerciales entre Pékin et Washington.
Les grands indices avaient, en effet, poursuivi leur course aux records ces dernières semaines, soutenus par les politiques monétaires accommodantes des banques centrales, une saison des résultats meilleure que prévu et surtout par les espoirs d’un accord commercial sino-américain. L’appétit pour le risque tend ainsi à se réduire légèrement, avec de nombreux signaux contradictoires et l’absence d’avancées sur le commerce. Le bras de fer continue entre les 2 super puissances, la Chine cherchant à obtenir la levée de certains droits de douane en vigueur en amont de la signature d’un compromis, alors que Washington menace toujours de relever à nouveau les barrières douanières, faute d’avancées significatives dans les discussions.

Sur les derniers mois, les grands indices ont effectué une remontée spectaculaire, sans la moindre consolidation, à l’image du S&P500 qui engrange 23% depuis le 1er janvier (+30% pour le Nasdaq100). L’Europe n’est pas en reste, avec le CAC40 et le DAX30 à +24%.
Début leur point bas de début octobre, ces mêmes indices ont repris en moyenne plus de 10%, la palme revenant à l’indice allemand, avec 12.6%, frôlant in extremis ses records historiques.

La tendance a été soutenue par la poursuite des politiques de taux bas, la Fed ayant procédé à trois baisses consécutives de taux depuis le 31 juillet (fourchette comprise entre 1.5 et 1.75%). Elle a par ailleurs repris les injections de liquidités, en achetant 60 milliards de dollars par mois d’obligation court terme, et ce au moins jusqu’en janvier 2020. Elle devrait désormais adopter une attitude attentiste, le consensus anticipant un statu quo pour 2020, compte tenu de la croissance solide de l’économie américaine (PIB à 1.9% au T3 et 2% au T2), de la robustesse du marché de l’emploi (taux de chômage à 3.5%), avec une inflation proche de l’objectif.
Quant à la BCE, elle avait baissé son taux de dépôt en septembre (de -0.4% à -0.5%) et a adopté un nouveau plan de rachats d’actifs depuis le 1er novembre, pour un montant de 20 milliards par mois, à durée indéterminée.
Les banques centrales devraient donc maintenir leur politique monétaire accommodante, soutenant ainsi les marchés actions, pour pallier au ralentissement économique mondial. L’optimisme est néanmoins préservé, les opérateurs estimant que la croissance reste faible mais probablement stabilisée, à l’image de l’Allemagne qui a échappé de justesse à la récession (PIB à +0.1% au T3).

Le marché a également bénéficié d’une saison des résultats moins mauvaise que prévu. Aux Etats-Unis, 75% des sociétés ont dépassé les attentes, contre une moyenne de 72% sur les 5 dernières années. Les bénéfices ressortent néanmoins en repli de 2.2% sur un an et bon nombre de sociétés ont revu à la baisse leurs prévisions pour 2020.

L’attention devrait restée focalisée sur les tractations commerciales dans les semaines à venir, et les discours discordants de Pékin et Washington, qui pourraient engendrer un retour de la volatilité. A l’heure actuelle, un accord commercial semble peu probable d’ici la fin de l’année. Une nouvelle escalade des barrières douanières serait de mauvais augure pour les places financières.

Graphiquement, le CAC40 évolue à quelques encablures de ses records annuels, niveaux inégalés depuis 2007.
En données hebdomadaires, l’indice conserve ainsi une dynamique positive au-dessus des 5690 points (convergence de la moyenne mobile à 20 semaines et ancien plus haut en clôture de septembre). A court terme, la tendance est également haussière au-dessus des 5840 points. On suivra donc de près la sortie des 5840/6000 points pour mettre à profit une poursuite du mouvement en direction des 6170 points, résistance majeure de 2007 ou au contraire, l’amorce d’une consolidation en direction des 5700 points voire 5600 points par extension.
Un retour dans ces zones de cours ne dégraderait toutefois par la dynamique de fond et serait l’occasion de revenir à l’achat à moindre risque.