Malgré les anticipations de politiques monétaires accommodantes et des publications de sociétés correctes au second trimestre (plus de 73% des sociétés du S&P500 ont dépassé les attentes, avec des bénéfices en hausse de près de 3%), la volatilité a resurgi sur les places financières cet été.

Dans un contexte de retour de l’aversion au risque, les principaux indices ont ainsi connu des variations de forte amplitude, après avoir inscrit de nouveaux records fin juillet, tourmentés par le regain de tensions commerciales et les craintes de récession à l’échelle mondiale.
Beaucoup d’éléments contribuent à expliquer la récente consolidation des places financières. Les données macroéconomiques mettent en évidence un ralentissement de l’économie mondiale, à l’image de la contraction de l’activité manufacturière en zone euro ou du recul de 1.5% de la production industrielle en Allemagne. Les craintes de récession s’amplifient, comme le suggèrent la baisse de 0.1% du PIB allemand au second trimestre (+0.4% au T1) et la contraction du PIB du Royaume-Uni (-0.2%, une première depuis 2012). La Chine montre également des signaux de ralentissement, la production industrielle ne gagne que 4.8% en juillet, sa plus faible progression en 17 ans. Les ventes au détail ressortent quant à elles en hausse de 7.6% (9.8% le mois dernier).

Aux Etats-Unis, l’économie reste pour le moment robuste mais l’inversion de la courbe des taux (historiquement annonciatrice d’une récession) incite les opérateurs à la prudence. Le taux à 10 ans évolue sous celui à 2 ans, une situation qui n’avait pas été constaté depuis 2007, avant la crise financière. La Réserve Fédérale a récemment abaissé de 25 points de base son taux directeur pour compenser la faible croissance mondiale. Elle a toutefois averti que cette décision constituait un simple ajustement et non pas au début d’un cycle de baisse des taux. Elle ne souhaite ainsi pas s’engager à l’avance afin de garder « ses options ouvertes ».

En Europe, la BCE a d’ores et déjà indiqué qu’elle s’apprêtait à introduire de nouvelles mesures de soutien en septembre, en étendant par exemple son programme de rachats d’actifs ou en réduisant davantage les taux d’intérêts.

A cela s’ajoutent l’instabilité politique (crise du Brexit), avec le scénario du « no deal » qui se renforce, la crise politique italienne ou encore les manifestations à Hong Kong qui pèsent sur les places asiatiques.

Le principal moteur de la volatilité des marchés reste néanmoins la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, qui pèse sur le moral des intervenants et sur la croissance mondiale à moyen terme. Malgré l'entrée en vigueur le 1er septembre de nouveaux droits de douane (la Chine ponctionne 5 à 10% de taxes additionnelles sur 75 Mds$ de produits américains, quand les Etats-Unis surtaxent de 15% une nouvelle série de produits chinois représentant 125 Mds$ de volumes annuels), les places financières viennent de fortement rebondir, avec la reprise des pourparlers et les espoirs d'un prochain accord. Les prochaines annonces seront ainsi suivies avec attention et pourraient engendrer de nouveaux remous sur les places financières.

Graphiquement, l’indice CAC40 a inscrit de nouveaux records annuels fin juillet au-delà des 5670 points, avant d’amorcer un mouvement de consolidation avec le retour des tensions commerciales et les craintes sur la croissance mondiale. En données hebdomadaires, comme cela a déjà été le cas à plusieurs reprises, l’indice a préservé la zone de soutien majeure des 5200 points. La dynamique haussière reste donc intacte sur cette échelle de temps. A plus court terme, l'indice amorce un mouvement de reprise sur le seuil des 5200 points et revient à proximité des 5500 points, borne haute d'un gap ouvert début août. Au-dessus de ce niveau, on pourra tabler sur un retour rapide vers les 5620/5670 points, borne haute du range qui perdure depuis le début de l'année.