Les places financières ont fait preuve de beaucoup de nervosité ces dernières semaines, à l’image des fortes amplitudes observées depuis le début du mois de mai. Les indices ont dans un premier temps subi de vifs dégagements, avec l’intensification des tensions commerciales sino-américaines, avant de reprendre vigoureusement leur ascension, soutenus par la perspective de politiques monétaires encore plus accommodantes de la part des banques centrales. L’appétit pour le risque reste donc intact à l’approche de l’été d’autant plus avec la reprise des discussions entre Pékin et Washington en marge le G20. La probable signature d’un accord pourrait constituer un nouveau catalyseur pour les marchés, avant la saison des résultats trimestriels mi-juillet.

Les discours des banquiers centraux ont très nettement évolué. Après quatre resserrements monétaires en 2018, liés à la bonne santé de l’économie américaine (taux de chômage à 3.6%, PIB à +3.1% au T1, dépenses de consommation fortes), Jerome Powell indiquait en fin d’année que la Fed allait probablement relever ses taux en 2019, avant de finalement annoncer la fin du cycle de resserrement monétaire et l’arrêt de la réduction de son bilan en septembre. Le président de la Fed a déclaré que la banque centrale pourrait prochainement baisser les taux (jusqu’à 50 points de base) si le différend commercial entraînait une détérioration des perspectives économiques, évoquant par ailleurs la décélération de la croissance mondiale (notamment en Europe et en Chine), les incertitudes sur le Brexit et la faiblesse persistante de l’inflation, attendue à 1.5% cette année (contre 1.8% précédemment).
De son côté, le président de la BCE, Mario Draghi, a profité du forum annuel à Sintra, pour annoncer que la banque centrale devra encore assouplir sa politique monétaire si l’inflation ne converge par vers son objectif de 2%. Il estime disposer d’une « marge considérable » pour renforcer les rachats d’actifs, évoquant également que "de nouvelles baisses des taux d'intérêt et des mesures pour compenser leurs éventuels effets secondaires" faisaient partie de l'arsenal. De quoi amplement rassurer les opérateurs sur le soutien inconditionnel des banquiers centraux, synonyme de liquidités abondantes, largement bénéfiques aux actifs risqués.

Malgré ces bonnes nouvelles susceptibles de compenser provisoirement les effets du ralentissement économique, les regards devraient rester focalisés sur les tractations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, avec la rencontre programmée à l’occasion du sommet du G20. Une valeur symbolique qui ne devrait pas déboucher sur un accord fin juin mais qui pourrait repousser provisoirement le couperet d'une imposition à 25% sur les 300 milliards de biens d'importation chinois qui échappent encore aux surtaxes. Il conviendra donc de rester prudent sur les niveaux actuels et les moindres soubresauts pourraient de nouveau être sources de turbulences sur les places financières.
L’autre constat à faire sera ensuite l’impact des tensions commerciales sur les résultats et perspectives des sociétés, alors que débutera la saison des trimestriels mi-juillet des deux côtés de l’Atlantique.

Graphiquement, l’indice CAC40 a fortement rebondi depuis son point bas du 3 juin dernier, revenant d’ores et déjà à moins de 2% de ses plus hauts annuels et à moins de 3% de ses records de mai 2018. En données hebdomadaires, la dynamique reste positive au-dessus des 5200 points, zone de convergence avec la moyenne mobile à 50 semaines. Sur un horizon de temps plus court, la tendance est également haussière au-dessus des 5360 points (moyenne mobile à 20 jours qui se retourne à la hausse). Tant que ce niveau est préservé, on pourra tabler sur une poursuite du mouvement en cours en direction des 5590/5640 points. Au-delà, on pourra viser les 5760 points, un niveau inégalé depuis décembre 2007.