Alors que les places financières évoluaient à proximité de leurs records annuels ou historiques mi-février, portées par les publications d’entreprises globalement meilleures que prévu, l’aversion au risque a brusquement ressurgi, engendrant une brutale correction des marchés actions. Les grands indices ont, en effet, connu leur pire semaine depuis fin 2008, rattrapés par la propagation du coronavirus chinois à travers le globe, les opérateurs redoutant un impact économique bien plus important que pour le SRAS en 2003 et une nette dégradation des perspectives des sociétés dans les mois à venir. Les actions ont ainsi été délaissées au profit des valeurs refuge, telles l’or ou les obligations d’Etat, à l’image du T-Bond qui a touché un nouveau point bas historique.

Toujours au niveau de la microéconomie, la saison des résultats arrive presque à son terme. Environ 95% des sociétés du S&P500 ont dévoilé leurs comptes trimestriels et plus de 71% d’entre elles ont fait mieux que prévu concernant les bénéfices, un chiffre qui reste supérieur à la moyenne historique (65%). Pour l’ensemble des entreprises, les bénéfices par action devraient en moyenne s’inscrire en hausse de 1% au T4 2019, alors qu’ils étaient initialement attendus en repli de 2%. Les valeurs technologiques restent les grandes gagnantes, avec l’immobilier et la consommation, tandis que les valeurs liées à l’énergie et les valeurs industrielles restent clairement à la traine, avec les signaux de ralentissement économique qui pourraient notamment peser sur la demande.

Ces éléments sont toutefois à prendre avec précaution, compte tenu des nombreuses incertitudes persistantes. A cette heure, le bilan du virus continue de s’alourdir, avec plus de 3000 décès et plus de 86000 cas d’infections dans une soixantaine de pays, ce qui devrait se répercuter de manière plus durable sur la croissance chinoise, et mondiale.
Plus de 20% des sociétés du S&P500 ont d’ores et déjà déclaré que le coronavirus aurait un impact sur les bénéfices ce trimestre, à l’image d’Apple qui a annoncé ne pas être en mesure d’atteindre ses objectifs. Signe que les grands groupes devraient être les plus affectés, les technologiques, le luxe et les transports notamment.
Il semble pour le moment difficile de mesurer l’impact réel de l’épidémie, mais les prochaines publications pourraient inciter les analystes à revoir drastiquement à la baisse leurs prévisions de bénéfices, ces derniers anticipant pour le moment une hausse moyenne de 8% des bénéfices des sociétés du S&P500 pour 2020.

Même si l’économie américaine continue de croitre à un rythme modéré, avec une forte consommation des ménages et une situation de plein emploi, les autres zones géographiques, n’ont pas les mêmes atouts. Le Japon vient de connaitre en 5 ans, la plus grosse chute de son PIB (-1.6% au T4 2019), en raison de la baisse de la consommation des ménages. La croissance chinoise devrait être largement impactée et peser sur l’économie mondiale, à l’image des indices PMI manufacturier et services, ressortis à leur plus bas niveau historique (respectivement à 35.7 et 29.6). En Europe, la situation économique reste fragile, comme l’attestent les mauvaises données de l’économie allemande ou la poursuite de la dégradation des indicateurs d’activité.
Il convient donc de rester prudents sur les niveaux actuels, après le récent accès de stress et la dégringolade des indices. La volatilité pourrait demeurer élevée, dans un dans un sens comme dans l’autre, les opérateurs pariant désormais sur de nouvelles baisses de taux des banquiers centraux pour soutenir la croissance mondiale.

Graphiquement, après 12% de perdu en l’espace d’une semaine, l’indice CAC40 s’inscrit désormais en baisse de près de 10% depuis le 1er janvier.
Parmi ses composantes, Veolia Environnement performe encore de 10%, suivie par Engie et Carrefour, qui s’adjugent 6%, les opérateurs se tournant vers les titres à caractère défensif. A l’opposé, Renault cède plus de 36% et TechnipFMC 29%.
En données hebdomadaires, la dynamique haussière s’est neutralisée, l’indice CAC40 revenant à proximité de la zone de soutien charnière des 5200 points, plus bas de 2019 en clôture.
Sur un horizon de temps plus court, on pourra surveiller la sortie des 5200/5500 points pour agir. L’enfoncement des 5200 points militerait pour une poursuite de la correction en cours en direction des 5080 points voire 4960 points par extension. A contrario, le débordement des 5500 points suggérerait un rebond technique plus durable avec les 5730 points comme principal objectif.
Dans une optique moyen terme, un retour dans la zone basse des 5000 points constituerait une opportunité pour revenir à l’achat à moindre risque.