* Une autre valeur historique du CAC 40 quitte le principal indice parisien

* Une valeur plus américaine qu'européenne -gérant

* Une capitalisation boursière tombée à E2 mds

par Alexandre Boksenbaum-Granier

PARIS, 6 décembre (Reuters) - Nouvelle déconvenue pour Alcatel-Lucent, tombé à son plus bas historique en Bourse en octobre: NYSE Euronext a confirmé la sortie pour la veille de Noël de l'équipementier télécoms du CAC 40, le principal indice de la Bourse de Paris.

En décidant de remplacer le groupe franco-américain par Gemalto, spécialiste de la carte à puce, le conseil scientifique des indices de NYSE Euronext, dont les décisions seront effectives à partir de la séance boursière du 24 décembre, a mis fin à un feuilleton de près de six mois. Le nom d'Alcatel-Lucent a déjà circulé cet été parmi les possibles sortants du CAC 40 aux côtés de PSA Peugeot Citroën. (voir )

L'équipementier télécoms, dont la consommation de trésorerie inquiète le marché, a enregistré une nouvelle perte d'exploitation au troisième trimestre et annoncé cet été la suppression de près de 5.500 postes.

"PSA a été sorti sur des critères de liquidités et de capitalisation, il est normal qu'Alcatel sorte pour les mêmes raisons", commente Frédéric Jamet, directeur de la gestion chez State Street Global Advisors France.

Alcatel-Lucent, qui connaît le même sort que le premier constructeur automobile français, exclu du CAC 40 en septembre au profit du chimiste Solvay, a été présent sous différents noms au sein de l'indice depuis la création de celui-ci en 1987.

"Par ailleurs, Alcatel a pris un virage important lors de sa fusion avec Lucent, qui en a fait une valeur plus américaine qu'européenne (...) Dans la réalité, Alcatel-Lucent est une valeur américaine de part son activité, même si elle a encore son siège en France pour des aspects légaux", souligne Frédéric Jamet.

PLUS FAIBLE CAPITALISATION DU CAC 40

A l'inverse, l'entrée de Gemalto est saluée par les analystes. Le groupe, né en 2006, s'est imposé comme un leader mondial des solutions de sécurité numérique. Spécialisé dans les cartes à puces, il a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de plus de 2 milliards d'euros et emploie 10.000 personnes dans une quarantaine de pays.

"L'entée de Gemalto est la plus logique pour remplacer Alcatel car c'est une valeur technologique. Le groupe opère sur un segment porteur et occupe une position de leader dans plusieurs domaines, à la différence d'Alcatel", commente Max Kamir, vendeur actions chez Louis Capital Markets.

Pour les investisseurs, avec une capitalisation boursière tombée à 2,0 milliards d'euros, la plus faible du CAC 40, Alcatel-Lucent est sans doute passé sous le radar des sociétés de gestion. Le titre Gemalto a pour sa part flambé de plus de 92% depuis le début de l'année.

Graphique de la capitalisation boursière d'Alcatel :

http://r.reuters.com/guf54t

"La mission du conseil scientifique des indices, c'est d'avoir un indice CAC 40 qui intègre les valeurs les plus représentatives du marché boursier, les 'blue chips', en fonction de critères de capitalisation boursière flottante, la part qui n'est pas détenue par des actionnaires stratégiques", relève Max Kamir, vendeur actions chez Louis Capital Markets.

Depuis le début de l'année, Alcatel-Lucent a fondu d'environ 30% en Bourse, ramenant son capital flottant - partie du capital d'une société pouvant être effectivement échangé en Bourse et pris en compte par NYSE Euronext - à 1,98 milliard d'euros, soit le 69e rang du SBF 120 en la matière.

Selon des données Reuters, Alcatel-Lucent, qui doit faire face au remboursement d'environ 2,7 milliards d'euros de dette au cours des cinq prochaines années, affiche un ratio de dette à long terme sur ses fonds propres de 111%, contre 59% en moyenne pour le CAC 40.

Pour renforcer son bilan, le groupe réfléchit à plusieurs options, comme des ventes d'actifs ou le recours à des instruments financiers adossés à des actifs.

Le titre est également victime d'un niveau important de ventes à découvert - titres qu'un investisseur ne détient pas encore mais dont il anticipe la baisse - avec un ratio de 11,5%, le plus élevé du CAC 40, dont le taux moyen est à 3,3%, selon des données Markit.

La situation ne devrait pas s'arranger alors que la sortie d'un indice réduit la liquidité du titre concerné, les fonds indiciels et semi-indiciels cherchant à répliquer au plus juste un indice.

Le conseil scientifique des indices a également décidé d'introduire AB Science, laboratoire de biotechnologies axé sur la lutte contre le cancer et Artprice.com, spécialiste de la de cotation du marché de l'art sur internet, au sein du SBF 120, et de sortir la banque Dexia de l'indice.

Les experts composant le conseil scientifique des indices, qui se réunit au moins quatre fois par an à des dates tenues secrètes, sont chargés pour le CAC 40 de sélectionner les 40 valeurs cotées sur NYSE Euronext Paris les plus représentatives, à l'aide de classements des capitalisations flottantes et des volumes échangés.

Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès de Gemalto.

Chez Alcatel-Lucent, une porte-parole a indiqué que le groupe se concentrait sur son plan de performance afin de restaurer sa profitabilité sur le long terme.

"Alcatel-Lucent continue d'être coté à la Bourse de Paris et de New York, et cette décision n'a pas d'impact sur cela", a-t-elle ajouté dans une déclaration transmise par e-mail. (Avec Gilles Guillaume, édité par Dominique Rodriguez)

Valeurs citées dans l'article : GEMALTO, ALCATEL-LUCENT, ARTPRICE COM, AB SCIENCE